La notion
de conciliation du travail et de la famille est devenue
une des questions de l'heure et sera aussi un des enjeux
de la campagne électorale qui samorce.
Enjeux a décidé d'aller voir de plus près
comment la conciliation travail-famille se vit, plus
précisément auprès de gens qui
sont en politique.
La
petite famille de...
Benoît Pelletier, député
libéral à l'Assemblée nationale.
Auteur de la position constitutionnelle de son parti.
Ministrable. Père de quatre enfants.
C'est sa femme, Danièle Goulet, qui gère
la maisonnée. Il y a Jean-Christophe, 7 ans,
Françoise, 9 ans, Florence, 11 ans, et la dernière,
mais non la moindre : Mathilde, trois mois et demi.
La famille vit à Gatineau, à 500 kilomètres
du parlement.
Danièle
Goulet est chargée de projet dans un musée.
Pour l'instant, son congé de maternité
lui permet de souffler. Un peu.
« Le partage des tâches, dans la maisonnée,
c'est moi qui le fais : je fais les deux parts.
Oui, parfois je sens que c'est dur. Quand j'en ai trop,
je le lui dis. Il réagit tout le temps tout de
suite puis on essaie de se réorganiser. »
Une vie exigeante, mais choisie de plein
gré, et qui n'a pas empêché le couple
d'avoir un quatrième enfant, une décision
bien mûrie. Parce que la politique est une passion
que Benoît Pelletier se dit prêt à
mettre de côté, si elle devenait trop dévorante.
Quand
le Parlement siège, Benoît Pelletier vit
dans ses valises. En campagne électorale, c'est
carrément le sprint. Pour les enfants, c'est une
vie avec, parfois, des notes discordantes.
« C'est quand même difficile. Surtout
au début, pour nous, c'était assez difficile.
Moi, j'étais en première année, et
je n'étais pas habituée à ce qu'il
parte. Mais avec le temps, ça va mieux. »
- Florence,
11 ans
Le couple
a décidé d'y aller pour un second mandat.
En sachant que les choses seront plus compliquées
si Benoît Pelletier accède un jour au cabinet.
La
petite famille de...
Nicole Léger, 50e femme de l'histoire
de l'Assemblée nationale. Ex-ministre de la famille,
ministre déléguée à la Lutte
contre la pauvreté et l'Exclusion sociale. Mère
par alliance de deux enfants. Nicole Léger partage
son temps entre Québec et Pointe-aux-Trembles,
où elle vit dans l'ancienne maison familiale.
« On se parle par mots, par téléavertisseur,
par téléphone cellulaire. Effectivement,
les gens vont dire que ce n'est pas extraordinaire! Mais
je pense qu'on réussit à avoir de beaux
moments quand même ensemble. »
- Nicole Léger,
ministre
La ministre a un double défi : concilier politique
et famille recomposée. Tous les dimanches, même
en pleine campagne électorale, elle prépare
le brunch familial. Sa mère vit avec eux. Son conjoint
est père d'un garçon de huit ans, puis il
y a Audrey, qui est la fille de son ex-conjoint. Le mot
clé : organisation. Deuxième condition :
l'appui indéfectible de la famille, sinon ça
ne marche pas!
Audrey
a choisi de vivre avec sa belle-mère très
occupée. Elle trouve l'expérience enrichissante :
« Des fois,
tu te remets en question, elle n'est pas souvent là.
Est-ce qu'elle voit que je continue à vivre? Mais
oui, car ses priorités restent toujours à
la bonne place. Elle lâcherait tout pour nous s'il
y avait quelque chose ».
Mère, conjointe, députée,
ministre, Nicole Léger assume chacun de ses rôles.
« Quand j'arrive le
jeudi soir, je dis : je viens mettre de l'ordre!
Ça les fait rire! Je suis bien et j'ai réussi
à avoir une sérénité dans
tout ça », affirme Mme Léger.
La
petite famille de...
Bernard Lord. C'est le plus jeune premier
ministre du Nouveau-Brunswick. Convoité sur la
scène fédérale. Père de deux
enfants. Il a refusé la direction du Parti
conservateur du Canada, offerte sur un plateau d'argent,
pour l'amour de ses enfants. « L'avantage
d'être premier ministre : habituellement, je
fixe les rendez-vous [...] lorsqu'il y a des activités
précises pour les enfants, j'organise l'horaire
en conséquence. » - Bernard
Lord, premier ministre du Nouveau-Brunswick
20 h 30.
Les enfants couchés, le premier ministre revient
au bureau. Pour passer du temps avec son fils, il avait
retardé deux réunions, et même fait
patienter un visiteur : le député fédéral
André Bachand.
Les Néo-Brunswickois
se sont habitués à ce premier ministre qui
cède souvent la place au père de famille.
Bernard Lord est d'ailleurs venu à la politique
avec cette seule condition. Pour
Sébastien, 9 ans, et Jasmine, 7 ans, il refuse
même de travailler le dimanche.
L'équilibre familial repose sur
les épaules de Diane Lord, la femme du premier
ministre.
« Je
m'étais préparée, je ne suis pas
rentrée là-dedans aveuglément. Je
m'étais préparée à une vie
extrêmement exigeante, à beaucoup de sacrifices
et à un rythme très, très élevé,
et maintenant, c'est moins pire que ce que j'avais pensé. »
- Diane Lord
À 37
ans, Diane Lord, d'origine acadienne, est presque aussi
populaire que son mari. Pour que les enfants aient une
vie à peu près normale, elle a mis en veilleuse
une carrière qu'elle adorait. Son quotidien est
fait maintenant de protocole et de fonctions officielles.
Elle consacre aussi beaucoup d'énergie à
la cause de l'alphabétisation.
Les murs politiques sont-elles en train de changer?
Bernard Lord, Nicole Léger et Benoît Pelletier
font partie d'une minorité d'élus avec de
jeunes enfants. Ils sont unanimes : leur passion
commune exige le soutien total du conjoint. Et personne
ne peut prévoir combien de temps cette passion
durera.
« Il
y a des titres dans la vie qui sont très, très
importants : se faire appeler premier ministre d'une
province ou premier ministre du Canada, ça sonne
bien aux oreilles de plusieurs. Mais rien n'est plus important
pour moi que de me faire appeler papa. » -
Bernard Lord, premier ministre du Nouveau-Brunswick
Journaliste : Sylvie
Fournier
Réalisateur : Pier Gagné