L'âme
du Déclic, c'est Céline Gosselin,
la directrice. Ses deux grands défis : bien
sûr, apprendre à ses élèves
à compter, à lire et à écrire,
mais aussi leur montrer comment vivre avec les autres.
C'est une course contre la montre
car elle veut à tout prix les réintégrer
dans le système régulier avant le secondaire.
« On
ne les laisse pas respirer pour ne pas qu'ils se placent
dans des situations qui pourraient entraîner des
débordements. »
- Céline Gosselin,
directrice, Le Déclic
Au
Déclic, les jeunes vivent en vase clos, soumis
à une discipline digne des religieuses à
la poigne de fer des collèges privés :
tenue vestimentaire et couleur des cheveux encadrées,
rang et silence obligatoires. Même les toilettes
sont sous haute surveillance.
Dans chaque
classe, des cloisons pour les isoler les uns des autres.
Il ne faut surtout pas tenter le diable : un simple
regard peut les faire sauter. Il y a toujours une enseignante
pour scolariser et une éducatrice pour encadrer.
Deux adultes et un maximum de sept élèves
par classe.
Un lundi comme
les autres
Il n'est pas
encore 9 h et déjà Thomas, 11
ans, fait courir son éducatrice, Marie-Josée.
Il est reconnu pour faire les 400 coups et s'énerver
pour un rien. Thomas est dans
une mauvaise période : sa mère menace
continuellement de l'envoyer en foyer d'accueil, ce qui
le rend très anxieux.
« Souvent, les
enfants peuvent être déçus de leur
fin de semaine [car] ils ont vécu des situations
désagréables. Le lundi matin, ils viennent
le cur un peu gros, et on a souvent à le
ramasser. »
Marie-Josée
en a plein les bras : elle doit aussi régler
le cas d'Alexis, 11 ans, qui vient d'apprendre
qu'il est suspendu pour avoir frappé un autre élève
le vendredi précédent. Il doit retourner
passer la journée à son centre d'accueil
et il le prend très mal. La violence physique est
la seule offense qui pousse la directrice à renvoyer
un élève.
Dans le local de retrait, Alexis doit réfléchir
sur sa conduite et indiquer ce qu'il fera la prochaine
fois pour éviter la violence. Même s'il refuse
catégoriquement de se plier aux exigences de Céline
et de Marie-Josée, au fond, il sait que la bataille
est perdue d'avance. Ici, on ne cède jamais. Elles
ont de leur côté le temps, la patience et
la persévérance.
Les intervenants du Déclic sont en constante
communication avec les parents, les familles et les centres
d'accueil : si Alexis refuse de faire le travail
à l'école, Marie-Josée s'assure qu'il
le fera au centre d'accueil.
Au
Déclic, on le sait : les troubles du
comportement sont très souvent liés
à l'abandon.
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Au même moment, c'est David, 8 ans,
qui explose. Comme plusieurs enfants ici, l'école
le rend vraiment malade. Il est à ce point allergique
à l'écriture qu'il fréquente l'école
seulement à mi-temps.
Un modèle
d'école à encourager?
- Le Déclic dessert
trois commissions scolaires de la Rive-Sud de
Montréal.
- Pour un élève
du Déclic, il faut investir trois fois
plus d'argent que pour un élève
d'une école régulière.
- En 2003, le coût de
fonctionnement de l'école a été
évalué à un million de
dollars.
- Mais ici, tout le monde est
convaincu que le jeu en vaut la chandelle, même
si on n'arrive pas à réintégrer
un grand nombre d'enfants chaque année.
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Le Déclic est unique en
son genre au Québec. En général,
le ministère de l'Éducation préfère
ne pas isoler sous un même toit les enfants en troubles
graves du comportement. Mais la directrice croit fermement
que Le Déclic est essentiel pour venir en
aide aux enfants qui ont la phobie de l'école.
« On
ne peut pas les laisser aller [sinon] on en fait des gens
qui sont incapables d'être des citoyens autonomes
et responsables, et là, on manque notre coup. »
- Céline
Gosselin