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REPORTAGE
— 2003-03-25

L'ÉCOLE DE LA DERNIÈRE CHANCE


« Il faut les aimer quasiment de manière inconditionnelle. [...] Ils nous insultent, ils peuvent nous cracher dessus, nous frapper. Après, on se retrousse les manches et on recommence. »
- Céline Gosselin, directrice, Le Déclic


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« On ne fait pas de statistiques. Moi je me dis que si je suis capable d'en avoir un, et bien c'est un. On est content pour eux, et on continue à investir en eux. »
- Brigitte Tremblay, enseignante depuis 7 ans au Déclic

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Ils ont tous été expulsés de leur école primaire. On les a jugés inscolarisables. Les cauchemars des enseignants, les terreurs des écoles, les tyrans des classes. De véritables petites bombes ambulantes qu'une seule étincelle peut faire exploser. Même pas sortis de l'enfance, il ont entre 6 et 13 ans, et déjà ils sont étiquetés « TC » : troubles du comportement, troubles graves. Depuis 15 ans, un seul établissement tente de réussir là où tout le monde a échoué : Le Déclic, à Longueuil, sur la Rive-Sud de Montréal. L'école accueille 56 enfants : 50 garçons et 6 filles.

 

L'âme du Déclic, c'est Céline Gosselin, la directrice. Ses deux grands défis : bien sûr, apprendre à ses élèves à compter, à lire et à écrire, mais aussi leur montrer comment vivre avec les autres. C'est une course contre la montre car elle veut à tout prix les réintégrer dans le système régulier avant le secondaire.



 

« On ne les laisse pas respirer pour ne pas qu'ils se placent dans des situations qui pourraient entraîner des débordements. »
- Céline Gosselin, directrice, Le Déclic



Au Déclic, les jeunes vivent en vase clos, soumis à une discipline digne des religieuses à la poigne de fer des collèges privés : tenue vestimentaire et couleur des cheveux encadrées, rang et silence obligatoires. Même les toilettes sont sous haute surveillance.

 

 

 

Dans chaque classe, des cloisons pour les isoler les uns des autres. Il ne faut surtout pas tenter le diable : un simple regard peut les faire sauter. Il y a toujours une enseignante pour scolariser et une éducatrice pour encadrer. Deux adultes et un maximum de sept élèves par classe.

 

Un lundi comme les autres

Il n'est pas encore 9 h et déjà Thomas, 11 ans, fait courir son éducatrice, Marie-Josée. Il est reconnu pour faire les 400 coups et s'énerver pour un rien. Thomas est dans une mauvaise période : sa mère menace continuellement de l'envoyer en foyer d'accueil, ce qui le rend très anxieux.


« Souvent, les enfants peuvent être déçus de leur fin de semaine [car] ils ont vécu des situations désagréables. Le lundi matin, ils viennent le cœur un peu gros, et on a souvent à le ramasser. »


Marie-Josée
en a plein les bras : elle doit aussi régler le cas d'Alexis, 11 ans, qui vient d'apprendre qu'il est suspendu pour avoir frappé un autre élève le vendredi précédent. Il doit retourner passer la journée à son centre d'accueil et il le prend très mal. La violence physique est la seule offense qui pousse la directrice à renvoyer un élève.

 

 

Dans le local de retrait, Alexis doit réfléchir sur sa conduite et indiquer ce qu'il fera la prochaine fois pour éviter la violence. Même s'il refuse catégoriquement de se plier aux exigences de Céline et de Marie-Josée, au fond, il sait que la bataille est perdue d'avance. Ici, on ne cède jamais. Elles ont de leur côté le temps, la patience et la persévérance.




Les intervenants du Déclic sont en constante communication avec les parents, les familles et les centres d'accueil : si Alexis refuse de faire le travail à l'école, Marie-Josée s'assure qu'il le fera au centre d'accueil.



Au Déclic, on le sait : les troubles du comportement sont très souvent liés à l'abandon.



Au même moment, c'est David, 8 ans, qui explose. Comme plusieurs enfants ici, l'école le rend vraiment malade. Il est à ce point allergique à l'écriture qu'il fréquente l'école seulement à mi-temps.


 


 

 

Un modèle d'école à encourager?

  • Le Déclic dessert trois commissions scolaires de la Rive-Sud de Montréal.
  • Pour un élève du Déclic, il faut investir trois fois plus d'argent que pour un élève d'une école régulière.
  • En 2003, le coût de fonctionnement de l'école a été évalué à un million de dollars.
  • Mais ici, tout le monde est convaincu que le jeu en vaut la chandelle, même si on n'arrive pas à réintégrer un grand nombre d'enfants chaque année.



Le Déclic est unique en son genre au Québec. En général, le ministère de l'Éducation préfère ne pas isoler sous un même toit les enfants en troubles graves du comportement. Mais la directrice croit fermement que Le Déclic est essentiel pour venir en aide aux enfants qui ont la phobie de l'école.


« On ne peut pas les laisser aller [sinon] on en fait des gens qui sont incapables d'être des citoyens autonomes et responsables, et là, on manque notre coup. » - Céline Gosselin



Journaliste : Esther Normand
Réalisateur : Léon Laflamme


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:: École Le Déclic

 
 

 

 
 
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