Quand on se lance dans l'aventure
d'avoir des enfants, on n'imagine pas que les liens
tissés au fil des ans puissent se briser. Que
nos propres enfants puissent fuguer. Et pourtant, le
nombre de fugues augmente chaque année au Canada.
Roxanne
a accepté de nous livrer son témoignage.
Pour la protéger, nous avons changé
son nom et emprunté la voix et les gestes
d'une autre adolescente.
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« Ça
n'allait vraiment pas bien. J'étais toujours
déprimée et sur la drogue... Je n'étais
plus capable de vivre comme ça. Je suis donc
partie à Montréal. [...] C'était
plus pour attirer l'attention de mes parents. Je ne
les ai jamais vus se parler correctement. [...] C'était
plutôt un cri d'alarme. »
- Roxanne
Derrière
chaque fugue, il y a une histoire différente.
C'est parfois un réflexe de protection,
une réaction de frustration, un rejet
de l'autorité ou simplement un désir
de liberté.
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« La majorité des familles qui vivent
la fugue vont la vivre une fois. Une fois, s'ils ont
trouvé la solution. S'ils ont été
capables de regarder avec le jeune ce qui ne fonctionne
pas et de mettre les choses en place pour aider le jeune
à vivre ce qui va moins bien, ou à changer
des choses. »
- Daniel
Plante, En Marge
On
rapporte un millier de fugues chaque semaine au
pays. Mais attention : ces chiffres sont
trompeurs, car ils incluent les cas de récidive.
Il est donc difficile d'estimer le nombre exact
de fugueurs. Ce qu'on sait avec certitude, c'est
que 70 % d'entre eux fuient une forme de
violence, verbale, physique ou sexuelle.
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Roxane a fugué sur un coup de tête. Sans
se douter du prix qu'elle aurait à payer...
« Je
ne connaissais vraiment pas ça, Montréal,
je ne savais pas comment ça marchait, les
métros et tout ça. [...] La première
journée, je voulais m'en retourner chez moi,
parce que j'étais perdue, je ne savais plus
quoi faire. »
- Roxanne |
Enjeux a capté des images avec une caméra
cachée. Elles nous révèlent un côté
peu connu de Montréal.
« Puis,
il y a un gars qui m'a vue. Il est venu me voir,
il m'a offert de la drogue. J'ai dit oui, parce
que je n'avais personne. »
- Roxanne |
« C'est le
coup classique : Bonjour, t'as l'air seule,
je peux t'aider? La jeune fille se confie et vlan!
C'est fait. »
- Chantal Fredette, intervenante
spécialisée dans les gangs de rue au
Centre jeunesse de Montréal
« Je
lui ai dit que j'étais en fugue et que je
n'avais pas d'endroit où dormir. Il m'a hébergée.
Tu ne t'en vas pas chez quelqu'un comme ça
quand tu ne connais pas la personne, c'est sûr.
Mais quand t'es en fugue, tu t'en fous pas mal,
quand quelqu'un t'offre de t'héberger, tu
ne dis pas non. »
- Roxanne
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La fugue est une expérience risquée. Ces
derniers mois, la culture de la rue a changé à
Montréal. Les punks, un groupe solidaire qui protégeait
les mineurs dans la rue, ont presque disparu. Les fugueurs
sont maintenant plus isolés, plus dispersés
et plus vulnérables.
Roxanne a suivi son «bon samaritain» jusque
chez lui. Elle venait sans le savoir de se jeter dans
la gueule du loup...
La rencontre de Roxanne n'était
pas un hasard. Dans plusieurs stations de métro,
des membres de gangs de rue font le guet pour recruter
des jeunes filles.
« On
va leur offrir gîte, vêtements, nourriture.
On va les gâter, prendre soin d'elles, elles vont
être les reines du moment. Rapidement, on
va lui faire comprendre que tout ce qu'on a donné
se paie. » -
Chantal Fredette
La lune de miel de Roxanne a duré trois jours.
Roxanne venait d'entrer dans l'univers des gangs de rue.
Et de quitter définitivement le monde de l'enfance...
Journaliste : Sylvie
Fournier
Réalisateur : Pier Gagné
Hyperliens et références
:: Le
Bon Dieu dans la rue
Organisme regroupant
La Roulotte, L'abri d'urgence (le «Bunker»)
et le Centre de jour Chez POPS, incluant l'École
du Bon Dieu, pour les jeunes sans-abri ou en difficulté
âgés de 12 à 25 ans. Tél.:
(514) 526-5222, (514) 526-POPS (Centre de jour)
:: Jeunesse
J'écoute
(service adressé aux jeunes)
Service d'assistance
téléphonique pour les jeunes en détresse.
Disponible 24 heures sur 24, 365 jours par
année. Le service est gratuit, anonyme et confidentiel.
Outre par téléphone, les questions peuvent
aussi être soumises par Internet, en vous rendant
sur le site. Tél. : 1 800 668-6868.
:: Tel-Aide
(service adressé aux jeunes)
Autre servicee
d'assistance téléphonique pour les jeunes
en détresse. Disponible 24 heures sur 24,
gratuit, anonyme et confidentiel. Les questions peuvent
aussi être soumises par Internet, en vous rendant
sur le site. Tél. : (514) 935-1101.
:: Le
Refuge des jeunes de Montréal
Tél. :
(514) 849-4221.
:: Assistance
parents
(service adressé aux parents)
Service d'assistance
téléphonique adressé aux parents.
Tél. : 1 888 603-9100.
:: Les
jeunes de la rue : un défi en santé
publique
Site de l'Université
de Montréal