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REPORTAGE
— 2003-01-28

PROFESSION : ESCORTES


« Il y a cette forte compensation d'argent très rapide, qui prend le pas sur tout le reste. »

- Nelly Arcan, auteure


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« L'agence n'engageait que les meilleures escortes et n'admettait que la meilleure clientèle, c'est dire que se retrouvait là les plus jeunes femmes et les hommes les plus riches : la richesse des hommes est toujours allée de pair avec la jeunesse des femmes, c'est bien connu. »
- Nelly Arcan, Putain, Éditions du Seuil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Moi je travaille à mon compte, j'ai des annonces sur Internet […] 150 $ par heure, mais ça dépend, si c'est pour un dîner, ça sera un peu moins cher parce que la plupart du temps, nous sommes au restaurant. »
- Mary

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« J'ai Tallie qui est là. Elle a du 36 C. Très jolie fille, style étudiante. (…)
Elle a du 38 D de poitrine, les cheveux noirs, les yeux bleus. Elle pourrait être chez vous dans environ 30 minutes. »

Pat est propriétaire d'une agence d'escorte à Montréal. Son bureau : sa voiture. À l'aide de ses nombreux cellulaires, il reçoit les appels des clients chez qui il envoie ses 15 prostituées. Un chauffeur vient ensuite les chercher à la fin des rencontres.

 

« Moi il me reste 20 %, 20 $ sur les 100 $. Dans les soirées occupées, il y a des filles qui vont chez jusqu'à 6 ou 8 clients. »

- Pat, propriétaire d'une agence d'escorte

 

Actuellement, un débat déchire les féministes au Québec. Pour certaines, la prostitution avilit les femmes, pour d'autres, c'est un choix de métier, point à la ligne. Une nouvelle manière d'aborder le plus vieux métier du monde?

 

De nombreuses étudiantes gagnent leur vie en travaillant comme prostituées. Vous connaissez sans doute Nelly Arcan, cette jeune intellectuelle qui a écrit un roman à succès, Putain, racontant son expérience d'escorte. Elle dit avec franchise à quel point ce métier laisse un goût amer :


« Être prostituée, c'est exposer son corps, son intimité, le cœur même de son être. Ce n'est pas vrai qu'on peut séparer le corps de l'esprit. Ce n'est pas vrai qu'on peut se "turner off" pendant que ça se passe, offrir son corps et "pouf !" oublier. Parce que le corps et l'esprit, c'est une seule et même chose. Les images reliées aux rencontres avec les clients, on ne les oublie pas. » - Nelly Arcan, auteure


« Être escorte, c'est avoir de l'argent bien sûr, c'est une façon de se valoriser. Il y a aussi une part de narcissisme là-dedans, parce que rencontrer des hommes qui nous disent constamment qu'on est belle, qu'on est désirable, c'est quelque chose qui est valorisant à court terme, mais à long terme, c'est l'effet inverse qui se produit : il n'y a pas d'exclusivité, toutes les filles sont interchangeables. »
- Nelly Arcan

 

Mary, une étudiante qui se prostitue, pense le contraire. Âgée de 32 ans, elle est mère de deux adolescents. Elle adore son travail et ne se sent ni victime, ni dévalorisée de le faire. Mary nous raconte combien elle apprécie les rencontres avec ses clients. Elle espère d'ailleurs continuer longtemps : « On peut toujours trouver quelque chose d'attirant chez un client. Même chez les gars de 360 livres. Il faut juste voir, il faut juste chercher un peu, parler un peu. […] Vraiment, j'adore faire ça. » - Mary


Mary tient des propos étonnants pour une femme élevée dans une famille très catholique. Elle se spécialise en études féministes dans une université montréalaise, et sa manière de penser n'est pas unique : en effet, plusieurs féministes pensent que la prostitution est un travail que l'on peut choisir, et que c'est une façon comme une autre de gagner sa vie. « Ce n'est pas le corps que je vends, c'est mon temps avec quelqu'un. Quand tu fais ça comme un choix, c'est une libération. »

 

« Ensuite, c'est extrêmement difficile de croire un homme qui nous dit qu'il nous aime, qu'il va être fidèle, qu'il a envie de s'engager profondément et qu'il a du désir. Soudainement, il y a quelque chose dans notre tête qui dit “ben oui, c'est ça...”.  Il y a comme une partie de moi-même qui est totalement désillusionnée par rapport à ça, et je dois dire que la plus grande perte, c'est peut-être celle de la naïveté. »
- Nelly Arcan


Journaliste : Claire Frémont
Réalisatrice : Doris Synnett

 

Hyperliens

:: Prostitution et travail du sexe
Site Désobéissantes

:: Stella

:: La prostitution : profession ou exploitation?
Site du Conseil du statut de la femme (gouvernement du Québec)

:: Dossier prostitution
Regroupement québécois des Centres d'aide et de lutte contre les agressions sexuelles (RQCALACS)

:: Position de la Coalition pour la décriminalisation de la prostitution adulte au Canada
Site de la Société Elizabeth Fry du Québec

:: Comité de réflexion sur la prostitution et le travail du sexe
Site de la Fédération des femmes du Québec

 
 

 

 
 
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