Aujourd'hui,
les gens décident d'avoir des enfants beaucoup
plus tard qu'avant. Mais la nature ne les aide pas toujours.
Plusieurs de ces couples se tournent vers les cliniques
de fertilité. À l'heure de la controverse
du clonage, on pourrait croire que la fertilisation in
vitro est devenue un jeu d'enfant. Or, c'est loin d'être
le cas.
Enjeux
vous raconte l'histoire de deux couples d'amis qui
caressent le même rêve depuis longtemps :
celui d'avoir un enfant. Au fil des années, Mario,
Kathleen, Annie et Pierre ont dû faire preuve d'amour,
de courage et de ténacité, car ils font
partis des 330 000 couples canadiens infertiles.
Ils ont plus d'une fois recouru à
la fécondation in vitro (FIV). Ils ont plus d'une
fois connu l'échec. Un
lourd choc psychologique, sans compter la perte d'un important
investissement financier. Car recourir à la fécondation
in vitro, ça coûte cher. Très cher.
Fécondation
in vitro (FIV)
Processus au cours duquel la fécondation
d'un ovule par un spermatozoïde se produit
dans une éprouvette. Les ovules sont prélevés
des ovaires de la femme et fécondés
en laboratoire. Les embryons sont ensuite transférés
dans l'utérus de la femme en vue de leur
implantation et de leur croissance. |
Mario et Kathleen ont tenté
trois fécondations in vitro. Les trois se sont
soldées par un échec : «
Votre
petit bébé est mort. Ça ne
se peut pas. Je n'avais pas eu de symptômes, de
saignements, de maux de ventre, rien du tout. Il nous
a laissés tous les deux avec l'écran :
il n'y avait rien dans le sac. Là,
tu te dis : je l'avais, je l'ai perdu. Avec
l'adoption, tu investis 22 000 à 25 000 $,
mais tu as un enfant au bout. Nous, on a investi 22 000 $
et on n'a rien. » -
Kathleen
Depuis deux ans, le gouvernement
du Québec accorde un crédit d'impôt
de 30 % aux couples qui ont recours à
l'insémination artificielle ou à
la fécondation in vitro. L'Association
québécoise pour la fertilité,
DÉMÉTER, souhaite que les gouvernements
paient le coût total de la fécondation
in vitro.
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L'histoire
d'Annie et Pierre
Leurs amis, Annie et Pierre, sont ensemble
depuis sept ans et tentent d'avoir un enfant depuis
trois ans : « J'ai eu cinq grossesses
depuis 1999. En fait, une à la fin 1999, puis,
à tous les trois mois presque, j'ai eu une grossesse
ectopique. »
Selon les spécialistes,
le couple a 50 % de chances de faire une autre grossesse
ectopique. C'est pourquoi ils ont décidé,
à l'automne 2001, de tenter leur première
fécondation in vitro. Mais l'amour n'a pas suffit.
Leur première FIV s'est soldée par un échec.
« Peut-être que je n'aurai pas d'enfants,
que je ne serai jamais père. (...) Tu regardes
les gens autour, tes amis, même des gens que tu
ne connais pas, avec leur petite poussette dans la rue,
et là tu te dis : ce n'est pas sûr... »
- Pierre
Le couple fait une nouvelle tentative. Quatorze jours
plus tard, Annie appelle, en notre compagnie, pour avoir
le résultat de son test : il est négatif.
C'est la déception. Le couple se résigne :
il se tourne vers l'adoption.
En France, les coûts
de la fécondation in vitro sont payés
par la sécurité sociale. Chaque
année, plus de 30 000 couples
tentent de concevoir un enfant à l'aide
de la fécondation in vitro.
On parle même de surconsommation.
Pourtant, les statistiques ne sont pas si encourageantes :
seulement 18 % des femmes qui tentent une
FIV accoucheront.
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« Je
crois qu'on devrait freiner. (
) On voit bien que
lorsqu'il n'y a plus de parts [à payer], non
seulement les gens peuvent abuser du système
parce que ça ne leur coûte rien, mais en
plus, ils se déresponsabilisent de ce qui leur
arrive parce qu'ils sont entre les mains d'une puissance,
à la fois financière et technique, qui
les prend en charge. »
- Jacques Testart,
père du premier bébé français
conçu en éprouvette
« Je
pense que le système de remboursement, quel que
soit le cas, mériterait peut-être d'être
amélioré en France. On a, par exemple, des
couples qui ont quatre enfants et qui peuvent venir faire
une tentative de FIV pour avoir un cinquième enfant
aux frais de la sécurité sociale. Or, est-ce
que c'est raisonnable? Je ne le sais pas. Mais
disons que le système permet quand même de
donner une égalité de chances, quels que
soient les revenus, aux couples qui ont des difficultés,
et cela, c'est formidable. » -
François Olivennes, professeur, Groupe hospitalier
Cochin, Paris
Au Québec, selon
les cliniques de fertilité, les femmes,
tous âges confondus, ont plus de 40 %
de chances d'être enceintes à leur
première fécondation in vitro.
Mais on ne dit pas combien d'entre elles mènent
leur grossesse à terme.
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Journaliste :
Nancy Desjardins
Réalisateur : Jean-Louis Boudou