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REPORTAGE
— 2003-01-14

TROP JEUNE POUR ÊTRE SEXY

 

« C'est un véritable culte dans notre système en ce moment, le culte de la beauté, ou celui que j'appelle “le culte des 3 C” : le corps, le cul, le cash. »
- Jocelyne Robert, sexologue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Moi, quand j'avais cet âge-là, j'écoutais à la télévision Papa a raison. Or ce que je voyais, c'était des modèles de mère, et nous jouions à la poupée, à la maman et au papa. Aujourd'hui, les filles s'identifient beaucoup moins à des mères et beaucoup plus à des femmes, des femmes en chair, des femmes sexuées, sexuelles, génitales et érotiques. »
- Jocelyne Robert

 

Ce reportage ne peut être diffusé en totalité en raison de droits.
En voici cependant des extraits :
1 - 2 - 3 - 4 - 5

 


T-shirts moulants, « strings » et jeans à taille basse, la mode des adolescentes est très « sexy » par les temps qui courent. Tellement que certaines écoles ont décidé d'interdire carrément les tenues jugées trop osées. Doit-on se scandaliser?


 


« Mon père me dit : “Les gars vont tous te regarder, on voit trop ta peau... T'es pas une 'tout-nue', habille-toi !” » - Sophie, 14 ans

 

 


Enjeux vous raconte d'abord l'histoire de Sophie, 14 ans, qui aime bien s'habiller, porter la mode avec audace. Elle le fait pour se sentir belle, même si son père n'est pas du même avis.


« Des fois, je me pose la question : est-ce que je suis retardé ? Parce que tu te dis que ça n'a pas d'allure qu'à 14 ans, elles mettent ce linge-là ! »
- Sylvain Thibodeau, père de Sophie

 

Pendant une semaine, nous avons confié une petite caméra à Sophie, pour qu'elle nous amène dans son univers. Ces images ont donc été captées par ses parents et ses amis. Et s'ils ont accepté de le faire, c'est qu'ils veulent, eux aussi, comprendre pourquoi Sophie s'habille sexy.


« Maxime, le rouge? (…) Il est moins décolleté, par exemple. »
- Sophie

 

À la maison, les choix de Sophie sont devenus une source de conflit. Même ses parents ne s'entendent pas toujours entre eux sur ce qu'il leur est acceptable.

« Qu'est-ce qui est “permissible” et qu'est-ce qui ne l'est pas ? C'est simple, ce n'est pas entre les deux! C'est pour ça qu'elle n'aime pas que j'aille magasiner avec elle. »
- Le père de Sophie


Le soir où nous étions chez elle, Sophie et sa copine Marjorie se préparaient à aller danser.

« C'est assez court. Mettons que plus long, ça aurait été plus beau. »
- Le père de Sophie

 

Selon Jocelyne Robert, sexologue, la sexualité demeure au centre du processus d'affirmation chez l'adolescent : « La sexualité, c'est très proche de JE m'habille comme ça, parce que J'AI envie d'être comme ça! ».

 

« Elles ne peuvent pas comprendre qu'elles se posent comme objet sexuel désirable, parce que c'est ce qu'elles voient partout. Ça fait donc partie de leur réalité qu'on leur voit la craque des fesses, que leurs seins leur rebondissent jusqu'au menton, qu'elles aient leur nombril à l'air, qu'on voit leur string au-dessus de leur jeans. »
- Jocelyne Robert, sexologue

 

 

Des écoles qui réagissent


Dans plusieurs écoles secondaires, on a décidé d'interdire les vêtements trop osés. Mais les adolescentes trouvent tout de même le moyen de contourner le règlement. Cette réalité qui est loin d'être facile pour les enseignants.

 

 

 

« C'est une chose que je fixe dès le début : il y a toute une différence à être voyeur ou être exhibitionniste, et dans le cas présent, tu me montres des choses, c'est toi qui es exhibitionniste, et ces choses-là ne s'adressent pas à moi. Alors cache-les. »
- Patrice Favreault, professeur, niveau secondaire


Un autre danger, plus grave encore pour les adolescentes : le message que les garçons perçoivent et la façon dont ils traitent, parfois, les filles habillées sexy.



« Les fashions fillettes »


Enjeux aborde aussi le phénomène des « fashions fillettes », des petites filles pas encore sorties de l'enfance mais résolument conquises par le look des grandes. Sonia n'a que neuf ans, mais rêve déjà de ressembler à ses idoles, les vedettes de la chanson populaire. Elle aime les imiter, s'habiller comme elles.



 

L'image projetée par les vedettes n'a jamais été
aussi ouvertement sexuelle.

 

Pour Sylvie Leblanc, mère des jumelles Amélie et Karine, dix ans, tout est question de communication et de relation de confiance avec l'enfant : « Je vais essayer de leur faire comprendre que c'est important d'être bien dans nos vêtements, d'être à l'aise. (…) D'avoir un respect de soi-même, de ne pas forcer la note en disant : “Les autres le portent ? Donc moi aussi je vais le porter, même si je ne suis pas à l'aise”. ».

 

« Il y a quelque chose de croche, de tordu dans cette vision d'une petite fille de sept, huit ans, avec du rouge sur les joues, du rouge à lèvres, du mascara, cette façon de regarder la caméra un peu séductrice. Ce sont des enfants, ce ne sont pas encore des adultes, ni des adolescentes. »
- Pascale Navarro, auteure

 

Journaliste : Sylvie Fournier
Réalisateur : Pierre Côté

 
 

 

 
 
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