T-shirts
moulants, « strings » et jeans à
taille basse, la mode des adolescentes est très
« sexy » par les temps qui courent.
Tellement que certaines écoles ont décidé
d'interdire carrément les tenues jugées
trop osées. Doit-on se scandaliser?
« Mon père
me dit : Les gars vont tous te regarder, on voit
trop ta peau... T'es pas une 'tout-nue', habille-toi ! »
- Sophie, 14 ans
Enjeux
vous raconte d'abord l'histoire de Sophie, 14 ans,
qui aime bien s'habiller, porter la mode avec audace.
Elle le fait pour se sentir belle, même si son
père n'est pas du même avis.
« Des fois,
je me pose la question : est-ce que je suis retardé ?
Parce que tu te dis que ça n'a pas d'allure qu'à
14 ans, elles mettent ce linge-là ! »
- Sylvain Thibodeau,
père de Sophie
Pendant
une semaine, nous avons confié une petite
caméra à Sophie, pour qu'elle nous
amène dans son univers. Ces images ont donc
été captées par ses parents
et ses amis. Et s'ils ont accepté de le faire,
c'est qu'ils veulent, eux aussi, comprendre pourquoi
Sophie s'habille sexy. |
« Maxime,
le rouge? (
) Il est moins décolleté,
par exemple. »
- Sophie
À la maison, les choix
de Sophie sont devenus une source de conflit. Même
ses parents ne s'entendent pas toujours entre eux sur
ce qu'il leur est acceptable.
« Qu'est-ce
qui est permissible et qu'est-ce qui ne l'est
pas ? C'est simple, ce n'est pas entre les deux!
C'est pour ça qu'elle n'aime pas que j'aille magasiner
avec elle. »
- Le père de Sophie
Le
soir où nous étions chez elle, Sophie et
sa copine Marjorie se préparaient à aller
danser.
« C'est
assez court. Mettons que plus long, ça aurait été
plus beau. »
- Le père
de Sophie
Selon
Jocelyne Robert, sexologue, la sexualité
demeure au centre du processus d'affirmation chez l'adolescent
: « La sexualité, c'est très
proche de JE m'habille comme ça, parce que J'AI
envie d'être comme ça! ».
« Elles
ne peuvent pas comprendre qu'elles se posent comme objet
sexuel désirable, parce que c'est ce qu'elles voient
partout. Ça fait donc partie de leur réalité
qu'on leur voit la craque des fesses, que leurs seins
leur rebondissent jusqu'au menton, qu'elles aient leur
nombril à l'air, qu'on voit leur string
au-dessus de leur jeans. »
- Jocelyne
Robert, sexologue
Des écoles qui réagissent
Dans plusieurs écoles secondaires, on a décidé
d'interdire les vêtements trop osés. Mais les
adolescentes trouvent tout de même le moyen de contourner
le règlement. Cette réalité qui est
loin d'être facile pour les enseignants.
« C'est
une chose que je fixe dès le début :
il y a toute une différence à être
voyeur ou être exhibitionniste, et dans le cas présent,
tu me montres des choses, c'est toi qui es exhibitionniste,
et ces choses-là ne s'adressent pas à moi.
Alors cache-les. »
- Patrice Favreault,
professeur, niveau secondaire
Un
autre danger, plus grave encore pour les adolescentes :
le message que les garçons perçoivent
et la façon dont ils traitent, parfois, les
filles habillées sexy. |
« Les fashions fillettes »
Enjeux
aborde aussi le phénomène des « fashions
fillettes », des petites filles pas encore
sorties de l'enfance mais résolument conquises
par le look des grandes. Sonia
n'a que neuf ans, mais rêve déjà
de ressembler à ses idoles, les vedettes de la
chanson populaire. Elle aime les imiter, s'habiller comme
elles.
L'image
projetée par les vedettes n'a jamais été
aussi ouvertement sexuelle. |
Pour
Sylvie Leblanc, mère des jumelles Amélie
et Karine, dix ans, tout est question de communication
et de relation de confiance avec l'enfant : « Je
vais essayer de leur faire comprendre que c'est important
d'être bien dans nos vêtements, d'être
à l'aise. (
) D'avoir un respect de soi-même,
de ne pas forcer la note en disant : Les autres
le portent ? Donc moi aussi je vais le porter, même
si je ne suis pas à l'aise. ».
« Il
y a quelque chose de croche, de tordu dans cette vision
d'une petite fille de sept, huit ans, avec du rouge
sur les joues, du rouge à lèvres, du mascara,
cette façon de regarder la caméra un peu
séductrice. Ce sont des enfants, ce ne sont pas
encore des adultes, ni des adolescentes. »
- Pascale
Navarro, auteure
Journaliste : Sylvie Fournier
Réalisateur : Pierre Côté