Adopter :
prendre légalement pour fils ou pour fille,
considérer comme son propre enfant.
[Le petit Robert] |
Dans les années 1950 et 1960, les
crèches québécoises accueillaient des milliers d'enfants.
Les sociétés d'adoption de l'époque avaient pour mission de
placer, en premier lieu, ces enfants au sein de bonnes familles
québécoises ou canadiennes. Il faut préciser qu'à
cette époque, une femme non mariée qui tombait
enceinte pouvait s'attendre à la réprobation
d'une société encore imprégnée
de valeurs traditionnelles et religieuses.
Des crèches
bondées, des infirmières surchargées
De
nombreuses demandes d'adoption venaient de l'extérieur, des
États-Unis (entre autres de Porto Rico), de la France,
du Mexique, de l'Argentine, et de bien d'autres endroits encore.
Les autres pays faisaient appel au Québec, car bien des familles
voulaient adopter des enfants blancs, catholiques et en parfaite
santé.
C'est
ainsi que des centaines d'enfants sont partis vivre à l'étranger.
Dans ce reportage, Enjeux vous présente
les retrouvailles émouvantes de Jean-Marc et de Mario,
deux jumeaux québécois séparés
depuis 33 ans. Leur mère biologique, Nicole, les
avait eus à l'âge de 14 ans. Les deux enfants
avaient été adoptés dès la naissance
par des familles étrangères et élevés
dans deux pays différents, sans que leur mère
n'ait été mise au courant, ni que les parents
adoptifs ne connaissent leur situation.
Il
y a deux ans, dans le cadre de la première partie du
reportage Les enfants du péché, nous
vous racontions que Nicole avait finalement retracé
l'un des deux jumeaux en France. Cet été, elle
a vécu le plus beau moment de sa vie, en retrouvant
son deuxième enfant.
Enjeux
vous présente également l'histoire d'autres
enfants devenus grands, qui ont voulu retrouver leurs origines
et leurs parents naturels. C'est le cas notamment de Zaida,
qui a pu par chance remonter la filière grâce
à des renseignements précieux consignés
sur ses documents d'adoption. Zaida, une petite Québécoise
élevée bien loin d'ici : « Je
voulais la retrouver (ma mère). Elle devait se demander
ce que je devenais. C'est dur. » Tous n'ont
pas eu la chance de Zaida, de Jean-Marc et de Mario. Pour
certains, la réunification n'a pas été
possible.
Perdus dans les
méandres de la bureaucratie..,
Ces adoptions s'effectuaient en
toute légalité. Mais à côté
de celles-ci, il y avait les autres adoptions, beaucoup
moins légales. Dans les années 1940 et 1950,
à Montréal, un important marché noir
d'enfants s'organise. Ce commerce illégal d'êtres
humains s'effectuait entre New York et Montréal.
De riches familles juives de New York venaient à
Montréal pour acheter des bébés, à
prix fort.
Recoller les
bribes éparses d'un passé que chacun veut taire
Une idée
de l'ampleur du phénomène : la
crèche Saint-Vincent de Paul a placé,
en 15 ans, 1600 enfants aux États-Unis. |
C'est en 1954 qu'on a mis fin à ce trafic, à la suite d'une
arrestation spectaculaire. Enjeux a rencontré des
témoins de cette époque avec, entre autres, le sergent-détective
qui a procédé à l'arrestation des coupables.
Journaliste : Kathleen
Royer
Réalisatrice : Josée Dupuis
À propos
d'adoption...
« Ce
tas de cendres éteint qu'on nomme le passé »
[Victor
Hugo]
L'adoption
est un acte juridique qui rompt les liens entre un enfant
et ses parents biologiques, « les parents naturels »,
comme on les appelle de nos jours, qui ne peuvent ou ne
veulent en prendre soin.
Cet acte établit un lien
de filiation entre un enfant et des adultes qui deviennent
alors ses parents.
Au Canada, l'adoption est régie par
des lois provinciales. Elle a été introduite
par la Common Law canadienne, d'abord au
Nouveau-Brunswick, en 1873, dans le but de tirer les enfants
dits naturels de l'opprobre de l'illégitimité
en les confiant à des couples ne pouvant engendrer.
Certaines provinces comme l'Ontario et le Québec
ont depuis un certain temps amendé la loi pour
éliminer le statut d'illégitimité.
Des
adoptés célèbres
Les
jumeaux Romulus et Remus, à l'origine de
la fondation de la Rome antique, furent, selon la
légende, adoptés par une louve après
que leur mère, une vestale, ait été
exécutée.
Dans l'Antiquité,
l'adoption était déjà pratique
courante. Les empereurs romains « choisissaient »
ainsi un fils spirituel.
Marguerite Yourcenar
l'évoque dans ses Mémoires
d'Hadrien. Cet empereur avait été
adopté par son prédécesseur,
Trajan.
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