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REPORTAGE
— 2002-12-10

LES NÉORURAUX


 

 

 




D'après un sondage récent, 60 % des gens qui habitent en ville souhaitent un jour aller vivre à la campagne. La plupart ne réaliseront pas leur rêve, mais quelques-uns feront le pas et quitteront les grands centres pour le milieu rural. On les appelle les néoruraux.

 

Martha Choquette-Lévesque est native des Cantons-de-l'Est, mais pendant 28 ans elle a habité Vancouver, Toronto, Montréal et Québec. Aujourd'hui, elle est revenue dans sa région natale et habite une maison de ferme près de Gould, un petit village d'à peine 35 habitants.

 

 

Il y a quelques années, elle n'aurait jamais pu faire ce choix et poursuivre sa carrière dans la publicité. Mais aujourd'hui, si on peut transiger à partir de Montréal avec Vancouver et Tokyo, on peut tout aussi bien le faire du fond d'un rang. « Tout ça a débuté en 1995, quand j'ai eu l'opportunité de travailler pour Rosenbluth International, une entreprise en gestion des voyages qui m'a engagée pour faire la vente au Canada. Je travaillais de ma maison à Saint-Lambert et je couvrais le Canada entier. Ça m'a convaincue qu'on peut travailler de la maison [de façon professionnelle] », explique-t-elle.

 

Urbain Desbois est auteur-compositeur. Il a lui aussi déménagé près du village de Gould il y a quatre ans. Trouve-t-il la vie à la campagne ennuyeuse? « Oui, souvent, mais ça ne me dérange pas. […] En fait, la chose que j'ai appris ici c'est que c'est normal de s'ennuyer dans la vie, il faut juste prendre ça avec un grain de sel puis attendre que ça passe », répond-il.

 

 

Comme pour Martha Choquette, Urbain Desbois peut aussi très bien travailler de sa maison à la campagne et ne revenir en ville que pour présenter son produit final. « Moi, je fais des chansons, je les compose ici, je travaille mes affaires ici. Quand c'est prêt, je vais faire les shows et quand c'est fini, je reviens. »

 

« On a remarqué ces quatre, cinq dernières années que les gens qui venaient s'installer étaient des jeunes familles avec des enfants qui débutaient le primaire, alors c'est intéressant, c'est essentiel. Tous les villages du Québec doivent absolument garder leur école, c'est la base absolument essentielle, comme tous les autres services à proximité : avoir son épicerie, sa station-service […], sa caisse populaire, son bureau municipal et un bureau de poste », affirme Renée Wilsey, qui s'est installée dans le village de Saint-Camille depuis une dizaine d'années. Selon elle, la survie des villages dépend du nombre d'enfants et de la cohésion sociale. Elle est d'ailleurs l'organisatrice communautaire du village et prépare des fêtes, des spectacles, des expositions, des repas : bref, tout ce qui est nécessaire pour maintenir une vie culturelle et encourager les citoyens à rester.

 

Bernard Vachon, géographe et chercheur, s'intéresse à ce phénomène de la néoruralité. Selon lui, si « la ville comme on l'a connue a été une parenthèse, c'est parce qu'on avait besoin de la concentration, mais à partir du moment où on aura les moyens de sortir de la ville, on va le faire ». Il rappelle que ce phénomène a pris naissance au cours des années 1960, mais qu'il s'agissait à l'époque d'un mouvement de retour à la terre, alors qu'aujourd'hui, la majorité des néoruraux exercent d'autres activités.

 

C'est le cas de Richard et Nathalie, déménagés à Notre-Dame-des-Bois, près du Lac Mégantic, à trois heures de Montréal. À Montréal, Richard était arpenteur et travaillait aussi dans la construction. Nathalie était infirmière à l'hôpital de Montréal. Arrivés à la campagne, Richard et Nathalie ont choisi de garder leurs occupations professionnelles. « J'ai décidé de partir à mon compte. J'offre des services d'arpentage à tous les contracteurs de la région », annonce Richard. Nathalie, quant à elle, compte travailler à l'hôpital de Lac-Mégantic.


Ce qu'on lit dans les journaux est réel : les régions se dépeuplent. Ce qu'on dit moins, c'est que de plus en plus de gens font le chemin inverse. Ils quittent la ville pour la campagne. Pour l'instant ils ne sont pas assez pour remplacer tous ceux qui sont partis, mais ailleurs le phénomène est plus marqué. En Europe et aux États-Unis, des villages moribonds ont carrément été sauvés par l'arrivée des gens de la ville. Au Québec, actuellement, on s'installe surtout près d'une ville importante, mais Bernard Vachon croit que ce n'est qu'un début.

« Dans 10, 15 ou 20 ans, le phénomène pourra gagner d'autres territoires pour d'autres raisons. Pensons uniquement à la qualité de l'air et la qualité de l'eau. Est-ce que vis-à-vis ces deux seuls critères, la Gaspésie, dans 15, 20 ans, ne sera pas une espèce de paradis qui attirera de plus en plus de gens? », lance le géographe.

 

Journaliste : Errol Duchaine
Réalisateur : Jean-Louis Boudou

Hyperliens


:: Solidarité rurale du Québec
Organisme qui a pour but d'inciter les urbains à s'établir à la campagne

:: Ministère des Régions du Québec
On retrouve sur ce site gouvernemental des liens vers différents programmes pour encourager la vie hors des centres urbains.

   

 

 
 
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