Le
25 avril, la communauté scientifique célébrera
un anniversaire important. Les 50 ans de la publication
de la découverte de la structure de l'acide
désoxyribonucléique, l'une des découvertes
les plus importantes du 20e siècle. L'article,
qui tenait en une seule page, a d'ailleurs valu
à ses jeunes auteurs le prix Nobel de médecine
quelques années plus tard.
25
avril 1953, Cambridge, Angleterre. Deux jeunes aspirants
au doctorat, le biologiste James Watson, 23 ans,
et le physicien Francis Crick, 35 ans, publient
dans la revue scientifique Nature un article
au titre assez austère : « A
structure for Desoxyribose nucleic acid ».
L'article tient en une seule page. Une publication
bien modeste pour ce qui allait se révéler
être la plus grande découverte du 20e
siècle : la découverte de la
structure de l'ADN, la molécule de l'hérédité.
La découverte, en somme, du secret de la
vie.
Aujourd'hui, cette structure nous
est bien familière. Mais il y a 50 ans, l'essentiel
du code génétique restait encore un
mystère. Nul ne comprenait comment toute
l'information concernant les attributs des êtres
vivants pouvait se transmettre. Avec la structure
de l'ADN, on peut enfin expliquer comment les individus
d'une même espèce diffèrent
les uns des autres tout en conservant, génération
après génération, les traits
essentiels de leur espèce.
Avec cette découverte, la
biologie allait devenir la science la plus excitante
du tournant du millénaire. En fait, le nom
de l'ADN attire vraiment l'attention des initiés
quelque 10 ans plus tôt. En 1944, le bactériologiste
Thomas Avery, de l'Institut Rockefeller de New York,
identifie enfin la substance qui compose les chromosomes,
ces petits bâtonnets qui font subitement leur
apparition au moment de la division cellulaire.
Ils sont essentiellement constitués d'acide
désoxyribonucléique. L'ADN va donc
devenir la clé de la transmission des caractéristiques
héréditaires. Mais comment une simple
molécule peut-elle assumer un rôle
aussi fondamental?
Trois équipes vont tout particulièrement
entrer en compétition à partir des
années 1950.
Les physiciens anglais Maurice Wilkins et Rosalind
Franklin, du King College de Londres, ont une bonne
longueur d'avance. Dès 1951, ce sont eux
qui possèdent les meilleurs clichés
de l'ADN, qu'ils ont obtenus par diffraction des
rayons X.
Quelques mois plus tard, du côté
américain, le meilleur chimiste de l'époque,
Linus Pauling, prix Nobel de chimie, entre dans
la course. À la même époque,
la jeune équipe de Watson et Crick, aspirants
au doctorat au laboratoire Cavendish de Cambridge,
vient s'ajouter. Peu de chercheurs auraient misé
sur eux.
Watson
et Crick se sont évidemment inspirés
des clichés de leurs compétiteurs.
Mais c'est par la construction de modèles
qu'ils ont enfin réussi à résoudre
l'énigme de la structure de la double hélice.
Pour eux, toute la puissance de l'ADN tient dans
la complémentarité de sa structure :
deux chaînes reliées entre elles par
des barreaux. L'agencement des barreaux contient
l'information génétique. Par contre,
c'est son pouvoir de séparation en deux,
à la manière d'une fermeture éclair,
qui assure la transmission, au moment de la multiplication
des cellules, de toutes les caractéristiques
d'un individu.
En 1962, Francis Crick, James Watson
et Maurice Wilkins ont reçu le prix Nobel
de médecine pour leur immense découverte.
Rosalind Franklin, décédée
en 1958, n'a malheureusement pas pu recueillir la
part des honneurs auxquels elle avait droit.
Depuis, les recherches sur l'ADN
ont connu bien des rebondissements. Le plus spectaculaire
et le plus ambitieux reste sûrement le projet
« Génome humain »,
amorcé en 1990 sous la gouverne de l'un des
prix Nobel, James Watson. La barre était
haute : décrypter les trois milliards
de bases qui composent les barreaux de notre ADN.
Objectif atteint dès l'an 2000. Les retombées
sont nombreuses. Connaître la recette de nos
gènes. En corriger les anomalies. Rêver
d'enfants parfaits, à la carte. Découvrir
l'universalité de l'ADN, du code génétique,
de la bactérie jusqu'à l'Homme. Cinquante
ans d'histoire qui n'ont pas fini de nous fasciner
et de nous faire réfléchir.
Journaliste : Solange
Gagnon
Réalisatrice : Jo-Ann Demers
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