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Le
hockey, un sport rapide où le coup de patin fait toute la différence.
À l'université Mc Gill, des chercheurs sont parmi les premiers
à se pencher sur le fonctionnement du patin de hockey, à sonder
ses forces et ses faiblesses. Le grand défi de cette étude?
Comprendre l'anatomie du corps et comment tout cela fonctionne...
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«Par
exemple, le pied, et la jambe elle-même, les mouvements spécifiques sur
ces deux plans. C'est une structure très mobile. Le pied peut se déformer,
il peut tourner. Pour nous déplacer sur la glace, nous devons ajouter
un outil spécial qui nous permettra de glisser et d'arrêter au besoin.
Notre défi est donc de trouver comment ces deux structures peuvent s'épouser
: ici une structure très rigide et là, une structure changeante, parfois
rigide, parfois mobile. Mais comment les faire tenir ensemble?»,
avance David Pearsall.
Joël
Bergeron, qui joue pour les Redmen de l'université McGill, a bien voulu
participer à l'expérience. D'abord,
il faut éliminer le poil des jambes aux endroits où seront installées
différents senseurs. Ceux-ci serviront à enregistrer les contractions
musculaires. L'action de tous les muscles sera ainsi analysée.
Un autre
type de senseurs captera les mouvements des articulations du genou. On
mesurera aussi la mobilité de la cheville et de la hanche, à tout moment
lors de la foulée de l'athlète.
Et
ce n'est pas tout! Une semelle tapissée de senseurs sera taillée à la
pointure du patin, pour être ensuite insérée dans la bottine. Ses nombreux
capteurs permettront ainsi de connaître les pressions que le pied applique
sur la base de la bottine. Avec tout cet attirail électronique, Joël est
fin prêt!
Mais… il
reste à préparer la pièce maîtresse de l'étude : le tapis roulant. Véritable
glace roulante, ce tapis est constitué de languettes de polyéthylène sur
lesquelles on vaporise du silicone. Sa vitesse de roulement peut atteindre
les 32 km/h!
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Joël
Bergeron s'élance... Il patine avec son bâton de hockey afin
de reproduire le plus fidèlement possible les mouvements du
joueur. Cette glace roulante offre une étonnante similitude
avec la vrai glace!
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Une
caméra suit tous les mouvements du patineur alors que les
nombreux senseurs captent leurs précieuses données...
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«Ce
que le tapis roulant nous offre, c'est un environnement très bien contrôlé
où on peut contrôler la lumière, la qualité de l'image et la distance
de l'image. Toutes sortes de variables qui rendent la tâche plus facile
pour effectuer les évaluations nécessaires», affirme René Turcotte.
Bref, à l'aide du tapis roulant, on pourra plus facilement décomposer
l'action de patiner et mieux comprendre les forces et les faiblesses du
patin moderne.
Depuis cent ans, l'évolution du patin de hockey s'est faite selon
un processus artisanal d'essais et d'erreurs, basé sur des intuitions.
Lorsqu'on met les patins de deux époques, côte à côte, les changements
sautent aux yeux: le prolongement arrière de la lame qui causait
bien des blessures a disparu; la lame s'est allégée; fini le lourd
support fait de tubulures métalliques, un plastique super léger
l'a remplacé et; la courbure de la lame s'est arrondie afin de permettre
au joueur des changements de direction et des arrêts plus rapides.
Explication vidéo
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René
Turcotte est un passionné de hockey. Avec les années, il a vécu
plusieurs de ces modifications : «La principale différence, c'est
dans la bottine elle-même aussi : on peut voir que les anciennes bottines
étaient plus minces et beaucoup plus de flexibilité, disons, dans les
patins. Alors que le patin d'aujourd'hui a une grosse rigidité sur les
côtés, offrant ainsi beaucoup de support. Quand on joue au hockey, on
a besoin de beaucoup de support, car on patine, on tourne rapidement,
on fait des pivots, on arrête, on repart (…) Mais en même temps, on veut
garder de la flexibilité pour avoir une certaine mobilité dans la cheville
lorsqu'on effectue toutes ces manœuvres-là».
Même
avec les patins modernes, patiner n'est pas un geste naturel! Certains
mouvements que l'on utilise lors de la marche ou de la course sont
impossibles.
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«Un patin comme celui-ci, un patin efficace et très rigide, immobilise
en fait la cheville. Donc pour obtenir cela, vous ne pouvez plus bouger
ici. Parce que vous avez besoin de stabilité pour la lame en dessous,
vous sacrifier toute l'énergie que vous pouvez normalement utilisée.
Et vous avez aussi déplacé les forces qui s'appliquent vers le
genou et la hanche. Donc, nous changeons la mécanique. D'un côté, c'est
peut-être bon. Mais d'un autre, c'est mauvais. Par exemple, il y aura
beaucoup plus de torsion appliquée au genou», affirme David Pearsall.
Le
rêve des chercheurs de Mc Gill : réinventer le patin. Mais ils sont
bien conscients qu'ils doivent d'abord comprendre le fonctionnement
du patin d'aujourd'hui.
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L'analyse
des données permettra de découper la biomécanique du patinage et de bien
comprendre le rapport entre les efforts musculaires et les pressions ultimes
appliquées au patin. Des études de ce type ont déjà été menées sur le
patin de vitesse. Le résultat : un patin révolutionnaire, «le patin
clap».
«Le
patinage vitesse, c'est vers l'avant et on tourne. Il y a donc deux habilités
qui se passent. Or, le hockey, c'est quelque chose de beaucoup plus compliqué.
On se sert du patin pour patiner, pour tourner, pour faire des pivots,
pour arrêter, pour partir, pour essayer de gagner des rondelles. Et il
faut se stabiliser pour se défendre contre nos rivaux dans les coins!
(…) Alors nous devons faire attention, car l'innovation qu'on fait, ça
doit répondre à plusieurs besoins», estime René Turcotte.
«Comment
assembler la lame rigide et le pied de telle façon que nous puissions
pousser comme le permet cette structure mobile? Car actuellement ce mouvement
est impossible : soit que le pied glisse dans le patin ou encore, rien
ne bouge. Si nous pouvions obtenir entre les deux une plus grande liberté
afin de reproduire le mouvement naturel du pied et de la cheville, alors
je crois que nous aurions plus de confort et aussi plus de performance,
et de là une vitesse accrue», affirme David Pearsall.
C'est
le grand défi : inventer un patin plus performant. David Pearsall et René
Turcotte ne verront jamais leurs noms sur la coupe Stanley. Mais leurs
études pourraient bien permettre à des athlètes d'y apposer le leur…
Journaliste
:
Claude D'Astous
Réalisatrice: Hélène Naud
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