Le 9 décembre 2001

100 ans, Signal Hill

Les téléphones sans fil! Chaque jour, ils permettent des millions de conversations entre des gens qui vivent à des milliers de kilomètres les uns des autres. D'ailleurs, on compte présentement 300 millions de téléphones sans fil. Et on prévoit qu'il y a en aura entre 800 millions et un milliard dans 10 ans. On peut dire, sans crainte de se tromper, que le troisième millénaire sera celui du sans fil. Cette technologie fera tellement partie de notre quotidien qu'on n'y pensera même plus. Pourtant, il y a tout juste 100 ans, c'était encore du sensationnel, du jamais-vu...



Celui auquel on doit cette percée technologique s'appelle Guglielmo Marconi. Contre vents et marées, ce visionnaire entend prouver au monde scientifique de l'époque, que les signaux télégraphiques n'ont pas à voyager sur un fil électrique pour se rendre d'un endroit à l'autre. C'est l'hérésie! Marconi s'entête. Il devinait, sans pouvoir encore l'expliquer, que l'électricité, c'était plus que du courant qui passe dans un fil, comme c'était le cas à la fin du 19ième siècle avec la télégraphie.

Comment fonctionne le télégraphe?

Entre deux pôles, on crée une étincelle sur demande, en pesant sur un tabulateur. Le tabulateur descend, une étincelle se fait. Le tabulateur remonte. L'étincelle arrête. C'est ce qui est à la base de l'alphabet Morse. En alternant les étincelles et leur absence selon un rythme donné, on parvient à faire circuler des messages sur des fils électriques.


Mais comme Marconi est un marin dans l'âme, il essaie alors d'utiliser la télégraphie pour rendre possible le dialogue entre les navires et la terre ferme. Problème de taille: l'absence de fils électriques. Que faire? Marconi multiplie les expériences. Il utilise toujours les grosses étincelles du télégraphe. Il se rend alors compte que les signaux peuvent être reçus à quelques mètres de distance, sans support matériel, c'est-à-dire sans fil. En améliorant les appareils, il augmente la distance parcourue par les signaux entre l'émetteur et le récepteur. Bientôt, des messages sans fil rejoignent des bateaux à des kilomètres en haute mer!


Mais le grand test reste à faire. Les incrédules sont nombreux...


 

Décembre 1901...  

L'histoire se passe à Terre-Neuve en décembre 1901. Marconi a installé une station réceptrice sur la colline qui protège le port de St-John's contre les assauts de la mer. Cette colline battue par les vents, c'est Signal Hill. Depuis des années, elle sert de poste d'observation d'où l'on peut voir arriver les bateaux. Bientôt, elle fera partie de l'histoire...



Abrités dans un vieil hôpital tout en haut de Signal Hill, le récepteur de Marconi est relié à des cerfs-volants. De l'autre côté de l'océan, en Angleterre, il y a un émetteur. Qui diffuse sans arrêter, jour après jour, la même séquence: trois points, ce qui représente la lettre S dans l'alphabet Morse.

Soudain, le 12 décembre, à travers le bruit de fonds, les trois points du S se font entendre. C'est l'euphorie! Marconi a gagné son pari. Des signaux viennent de traverser l'Atlantique pour la première fois. Sans l'aide de fils!


Marconi ne sait pas encore que les ondes radio-électriques sont réfléchies par la haute atmosphère jusqu'au sol.

Mais cela ne l'empêche pas de démontrer qu'elles peuvent parcourir d'énormes distances sans support matériel!



Marconi ouvrait ainsi l'ère des communications modernes. Sans ses découvertes, pas de radio, pas de télévision, et bien sûr, par de téléphones sans fil. Le monde tel qu'on le connaît aujourd'hui serait bien différent. Et tout ça, grâce au S de l'alphabet Morse, reçu, il y a 100 ans, à Signal Hill, la colline qui domine le port de St-John's!



Journaliste : Mario Masson
Réalisateur : Yves Lévesque