Le 9 décembre 2001

Les coraux de la Nouvelle-Écosse


Le Paragorgia...

Le Primnoa...

On estime que les massifs de coraux sont aussi riches en biodiversité que ne le sont les forêts tropicales de l'Amazonie et du centre de l'Afrique. Mais chose étonnante, les coraux n'élisent pas toujours domicile dans les eaux chaudes et peu profondes des îles du sud. On en trouve aussi ici au large de la Nouvelle-Écosse à une profondeur de 500 mètres, là pourtant où il n'y a pas de lumière. Pour la première fois, les océanographes ont pu filmer ces remarquables organismes et la communauté biologique qu'ils dirigent.

Les bancs de Georges, au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, par 500 mètres de fonds. Des coraux. Le Paragorgia Gorgonia, véritable dentelle, dont les branches souples oscillent au gré des courant. Le Paragorgia appelé aussi Gomme-Bulle. Et puis il y a le Primnoa, gris et massif qui trône au milieu de sa cour...


Les coraux sont le roi de l'immobilier. Quand ils s'installent quelque part, ils attirent toutes sortes de curieux qui s'établissent à leur tour dans le voisinage qui viennent profiter des nutriments qu'ils mettent en circulation...


C'est le cas de ces actinies, les anémones de mer, dont les plumes filtrent l'eau à la recherche de particules de nourriture...


De petites crevettes ont vite fait de se joindre à l'action. Elles zèbrent l'eau d'éclairs argentés, alors qu'elles se catapultent avec entrain par de vifs petits coups de queue....

Les hakes et les sébastes ont senti la bonne affaire. Ici le couvert et le coucher sont assurés!



Grâce à ces coraux, c'est une communauté biologique complexe qui ont pris d'asaut les canyons des bancs de Georges. Ces véritables oasis sont autant de taches de vie sur le fonds par ailleurs désertique des planchers océaniques.

On est bien loin des coraux des douces mers chaudes du sud. À proximité des côtes, ces coraux constituent de véritables récifs où la diversité est remarquable. Si le corail de la Nouvelle-Écosse n'a pas la luxuriance de ces cousins de l'équateur, il offre néanmoins aux biologistes et aux océanographes un spectacle d'autant plus remarquable que ce corail grandit en absence de la lumière.



On connaissait l'existence de ces coraux des grands fonds, mais c'est la première fois qu'on arrivait à la filmer dans toutes leurs splendeurs.

Il fallait pour cela l'effort concerté des chercheurs de Pêche et Océan Canada et de cinq universités, d'un bateau de haute mer, le Martha Black et enfin d'un sous-marin rompu à tous les exercices.


Le Ropos en enregistrée 22 heures d'un visuel fascinant. Plus encore, il a confirmé l'étonnante richesse de ces coraux des profondeurs, de même que leur grande fragilité.

Les quelques échantillons recueillis sont bien loin des dommages que leurs infligent les bateaux de pêche. Les filets de pêche dévastent tout ce qu'ils rencontrent sur leur passage. Les coraux des bancs de Georges ne feront pas de vieux os, si on ne les protègent pas. C'est ce que les scientifiques veulent que le gouvernement fassent au plus vite. Sinon, ce sont des oasis de vie à la biodiversité unique qui disparaîtront emportant avec eux la mémoire climatique des temps anciens.

* L'équipe de Découverte tient à remercier particulièrement l'Institut océanographique de Bedford, Pêches et Océans Canada et le GEOTOP (UQAM) pour leur précieuse collaboration.







Journaliste : Mario Masson
Réalisatrice : Jeannita Richard