Le 14 octobre 2001

Radio-épaulards

Sur la côte de la Colombie Britannique, ORCA FM diffuse 24 heures sur 24, en direct, les chants complexes et mystérieux des orques, ou épaulards.

C'est dans le détroit de Johnstone, à l'anse de Robson, au nord-ouest de l'île de Vancouver, une des régions les plus propices à l'observation des épaulards au monde, que le chercheur John Ford a installé un microphone sous-marin qui capte les sons de ces baleines qui chassent en groupes.

D'après lui, il s'agit d'un véritable langage. En fait, de dialectes qui varient selon les familles, les clans d'épaulards qui passent dans le détroit de Johnstone.

« Les épaulards fréquentent ces eaux de juillet à octobre ou novembre, explique John Ford. Ils vivent en clans. Il y a environ 16 clans différents dans la région. Chacun peut être identifié en écoutant les sons émis sous l'eau. Avec notre système d'enregistrement sous-marin en continu, nous pouvons savoir quels sont les clans qui fréquentent la région tout au long de l'année. »

Le microphone sous-marin installé près de l'anse de Robson et les autres, que John Ford veut installer le long de la côte, permettront de suivre les déplacements des épaulards et ainsi d'étudier leurs migrations, encore mal connues dans la région.

«  Nous aimerions savoir où vont les baleines en hiver. Nous savons qu'elles passent beaucoup de temps ici pendant l'été. Mais lorsque le saumon quitte la région, les baleines se dispersent et nous ne savons pas où elles vont. Nous observons des baleines ici à l'année longue, mais nous ne savons pas exactement quels clans préfèrent cet endroit par rapport à d'autres régions de la côte », explique John Ford..

Les chants des épaulards sont transmis par ligne téléphonique haute fidélité à l'Aquarium de Vancouver où ils sont représentés sur écran d'ordinateur. Des graphiques indiquent clairement les différences qui existent entre les dialectes. En étudiant ces graphiques, le public découvre comment ils permettent aux scientifiques d'identifier le dialecte de chaque baleine, et ainsi de savoir à quel clan elle appartient.

Le microphone sous-marin retransmet aussi le bruit causé par les nombreux vaisseaux de croisière en route pour l'Alaska et les bateaux de pêcheurs qui sillonnent le détroit de Johnstone. Cette pollution sonore risque de nuire aux communications des baleines et à leur faculté d'écholocation, ce sonar qui les aide à naviguer et à repérer leurs proies.

Les chercheurs espèrent qu'en faisant littéralement entendre ce problème au public, Orca FM contribuera à faire changer les mentalités. En accentuant les recherches dans ce domaine, on pourra éventuellement modifier les bateaux pour qu'ils soient moins bruyants. Les épaulards ne s'en porteront que mieux….

Journaliste : Charles Tisseyre
Réalisatrice : Jo-Ann Demers

Pour écouter ORCA FM
Whalelink Orca FM