Le 31 janvier 2001

L'uranium appauvri : coupable ou non coupable?

Percer les véhicules blindés : tel est l'effet des obus à l'uranium appauvri. Sous-produit de la fabrication de l'uranium enrichi utilisé dans les centrales nucléaires américaines, ce métal sans grande valeur énergétique, possède par contre un poids atomique très élevé, ce qui lui donne un pouvoir de pénétration inégalé : deux fois plus pénétrant que le plomb. Voilà pourquoi il perce facilement le métal d'un tank, d'où son intérêt militaire.

Mises au point il y a une trentaine d'années, les armes à l'uranium appauvri ont été utilisées par les Américains pendant la guerre du Golfe, ainsi que lors des bombardements en ex-Yougoslavie.

Dans la semaine du 15 janvier 2001, à Bruxelles, l'Union européenne s'est inquiétée des effets sur la santé humaine et sur l'environnement de l'emploi de ces armes, suite à l'annonce des décès suspects, par leucémie, de huit soldats italiens ayant servi au Kosovo.

Bien qu'il ne s'agisse pas dans ce cas d'armes atomiques mais de simples missiles, l'uranium appauvri qui leur sert de masse est quand même faiblement radioactif. Une fois les fragments de métal dispersés dans l'environnement, on peut craindre que cette radioactivité induise des cancers. Les autorités militaires assurent par contre que ce risque est négligeable. Pour le moment, aucune étude médicale n'a d'ailleurs établi de lien entre l'exposition à ce métal et l'apparition de cancers.

Toutefois, l'uranium appauvri est aussi très toxique sur le plan chimique. Inhalé sous forme de poussières, par exemple, il attaque directement les reins et le système nerveux.

De plus, ce nouveau polluant ne se dissipe pas très rapidement. Au Kosovo, une équipe de l'ONU a découvert des débris de munitions à base d'uranium appauvri sur onze sites bombardés il y a 18 mois. Sur huit de ces sites, il y avait encore des traces de radioactivité. Le danger continue donc à guetter les habitants environnants, puisque si les militaires étaient, en principe, avertis de ces dangers - et protégés -, ce n'est pas le cas pour les civils.

En fait, on ignore beaucoup de choses sur le danger réel de ces armes, et sur l'ampleur de la contamination. À Bruxelles, on a décidé de poursuivre les études sur le terrain. On va aussi examiner les malaises des personnes exposées à ce nouveau poison, qui aurait sans doute dû rester enfoui au fond des poubelles de l'énergie nucléaire.

Journaliste : Jean-Pierre Rogel
Réalisateur : Hélène Naud

 

Hyperliens pertinents :

Canadian Broadcast Corporation (CBC)
Dossier produit par la CBC
sur ce sujet comprenant plusieurs hyperliens pertinents.

Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE)
Rapport déposé sur les sites contaminés à l'uranium appauvri au Kosovo.

Organisation mondiale de la santé
Site sur ce sujet
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Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN)
Site officiel.

Force internationale de l'OTAN au Kosovo (KFOR)
Site officiel.