Le 3 février 2002

Le Soleil

Le Soleil est l'un des grands perturbateurs du climat terrestre. D'ailleurs, il est en partie responsable du réchauffement planétaire actuel. Pourtant, pendant longtemps, les chercheurs avaient pensé que son influence sur le climat était nul : erreur. Grâce aux outils modernes de la science, on sait maintenant que le Soleil n'est pas l'élément constant qu'on croyait. Au contraire, il semble changer selon des cycles très précis.

On connaît l'existence des taches noires à la surface du Soleil depuis longtemps. On sait que leur nombre augmente pendant 11 ans, pour ensuite décroître pendant les 11 années suivantes. Mais ce qu'on a appris depuis peu, c'est que plus il y a de taches noires, plus l'intensité du Soleil augmente. Et qui dit intensité, dit chaleur. À l'inverse, moins il y a de taches noires, moins l'intensité du Soleil est élevée.

On parle ici d'une différence d'à peine 1 dixième de 1 pour cent. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est assez pour faire chuter la température de l'océan Atlantique de 2 ou 3 degrés et déclencher un petit âge glaciaire!

C'est ce qui est arrivé il y a 400 ans. Le nombre de taches solaire était alors à son minimum. Et l'Europe grelottait. Récemment, on s'est rendu compte que ce petit âge glaciaire représentait peut-être la partie la plus froide d'un cycle climatique beaucoup plus long, un cycle de 1500 à 2000 ans. L'Atlantique Nord s'est ainsi refroidi et réchauffé neuf fois durant les 12,000 dernières années.

Curieusement, il semble que l'intensité lumineuse du Soleil aussi obéit à un cycle de 1500 à 2000 ans. C'est en mesurant, entre autres, le niveau de carbone 14 dans les arbres que les scientifiques ont pu déterminer les variations dans l'intensité du Soleil. Plus il y a de carbone 14, moins l'activité du Soleil est grande, et donc moins élevée la chaleur qu'il dégage. Mais jusqu'à maintenant, jamais on n'avait pu établir une relation directe, à long terme, entre les humeurs du Soleil et le climat de la Terre. Grâce aux icebergs, c'est maintenant chose faite...

Il y a quelques semaines, une équipe de chercheurs a constaté que chaque fois que l'intensité du Soleil diminue, la température baisse et le nombre d'icebergs en provenance de l'arctique augmente. De plus, ils descendent beaucoup plus au sud qu'à l'accoutumée, et peuvent même traverser l'Atlantique pour se rendre jusqu'en Irlande.

Ces icebergs transportent des petits débris de roches facilement identifiables. En effectuant des forages sous-marins, on a pu constater que la quantité de ces débris augmentait de façon spectaculaire à tous les 1500 à 2000 ans.

Seul le refroidissement complet de l'atmosphère au-dessus de l'Atlantique nord peut expliquer ce phénomène. Et seul un changement à la baisse dans l'intensité du Soleil est en mesure d'avoir un tel impact sur l'atmosphère.

Quand on superpose la courbe des débris laissés par les icebergs et celle de l'activité solaire illustrée par le carbone 14, le doute n'est plus guère permis : le Soleil semble bien avoir une influence profonde sur le climat terrestre.

Selon cette hypothèse, nous serions encore dans les derniers moments du petit âge glaciaire commencé il y a 400 ans. Pourtant, les gaz à effet de serre générés depuis 100 ans par l'activité humaine ont pratiquement renversé les effets de cette glaciation. Imaginez maintenant les résultats quand le réchauffement naturel causé par le Soleil prendra le dessus! Certains chercheurs craignent le pire...




Journaliste: Mario Masson
Réalisatrice: Jeannita Richard


L'équipe de Découverte tient à remercier la NASA pour lui
avoir permis d'utiliser certaines images sur le présent site.