Le 3 mars
2002
Les
micro-oasis de l'Arctique
La découverte de la vie dans les endroits les plus improbables forcent les chercheurs à repenser l'exploration de la planète Mars. Parmi ces chercheurs, on retrouve Dale Stokes et Charles Cockel, deux spécialistes de la vie en milieu hostile, qui s'intéressent particulièrement au territoire désolé de l'île de Devon, au nord du 75e parallèle dans l'Arctique canadien. Cette île est un véritable paysage torturé, à perte de vue. Pourtant, même à cet endroit, la vie s'accroche et prospère en petits îlots de verdure appelés «micro-oasis». Dans ce monde, on retrouve une variété biologique surprenante. Différentes espèces de mousses et d'herbes arctiques forment un coussin pour les coquelicots et les saxifrages nordiques. Ces micro-oasis
sont exceptionnels puisqu'ils révèlent à quel point les nutriments sont
limités dans un désert polaire. «Ce n'est pas juste une question
de froid ou de manque d'eau. Dès qu'il y a des nutriments, on constate
soudainement une énorme augmentation de la productivité biologique»,
selon Charles Cockel.
Dans ce désert, la vie n'attend qu'un petit coup de pouce pour prendre son envol, et particulièrement un peu d'eau, des sels minéraux et des fertilisants : souvent obtenus sous la forme d'excréments de caribou et d'un corps d'oiseau tombé du ciel. Et voilà, c'est la naissance d'un micro-oasis. C'est ainsi que commence le cycle de la vie. Sont attirés ensuite des lemmings, ou encore des oiseaux, qui viendront à leur tour enrichir la communauté. La résilience de ces petits oasis de vie est remarquable. D'ailleurs, elle offre aux chercheurs un modèle pour comprendre comment la vie aurait pu se développer sur Mars. Elle donne aussi des indices sur la manière dont il faudrait s'y prendre pour coloniser la planète rouge. «Avec la bonne concentration d'organismes vivants, la vie pourrait se développer sur Mars, comme on le voit ici», soutient Dale Stokes. Faire pousser des plantes sur Mars peut sembler farfelu. Pourtant, certains scientifiques y pensent sérieusement. Journaliste
: Mario Masson
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