La combinaison spatiale

Le 5 décembre 1999
Transcription

  Imaginez un vêtement composé de 10 épaisseurs différentes, parcouru de 100 mètres de tubes de plastique, qui peut affronter une température de 120 degrés C face au soleil pendant que le dos gèle à -150 degrés C, qui résiste à l'assaut des micrométéorites autres poussières cosmiques et qui vous écrase avec ses 125 kg de pesanteur! C'est la combinaison spatiale des astronautes, que nous vous présentons!

 

Lorsque vous partez en voyage, vous emportez des vêtements pour faire face à toutes les situations : des cotons légers pour supporter la chaleur, des lainages ou des duvets pour les nuits froides. Et vous êtes à peu près sûr de ne pas vous tromper.

Mais si vous partez dans l'espace, là c'est une autre paire de manches...

Votre garde-robe sera alors d'un style bien différent, surtout si vous vous avisez d'aller prendre l'air!

 

C'est que pour voyager et travailler dans l'espace, l'être humain doit pouvoir reproduire autour de lui son environnement terrestre.

Pour vivre, on a besoin d'oxygène et de pression atmosphérique. Or à quelques 500 km dans l'espace, ces éléments sont absents. S'aventurer dans un tel environnement sans protection est fatal.

Sans pression de l'extérieur, l'air et les gaz de notre corps chercheraient à prendre de l'expansion pour s'échapper. La peau gonflerait comme un ballon et les vaisseaux sanguins se briseraient ; enfin l'absence d'oxygène au cerveau serait mortel .

 

Donc, pas question de s'aventurer en dehors de la navette sans le scaphandre. Il est spécialement conçu pour les « activités extravéhiculaires. » C'est littéralement la deuxième peau des astronautes!

La combinaison est conçue pour résister aux bombardements de micrométéorites qui voyagent à une vitesse telle que même de la grosseur d'une tête d'épingle, sont de véritables boulets. De plus, on estime à plus de 2 millions de kg la quantité de matériel en orbite autour de la Terre.

 

Mais pire, le scaphandre doit pouvoir supporter de grands écarts de température : par exemple, le dos de l'astronaute exposé au soleil peut chauffer jusqu'à 120 degrés Celsius pendant que le devant, à l'ombre gèle à -150 degré Celsius! De quoi vous donner des sueurs froides!

 

La séance d'habillage est pratiquement un rituel vu les différentes étapes.

Pour maintenir la température du corps constante, l'astronaute met d'abord un sous-vêtement parcouru d'un réseau de plus de 100 mètres de tubes de plastique et dans lesquels circule de l'eau refroidie.

Besoins essentiels exigent, l'astronaute ne doit pas oublier d'enfiler une culotte qui permet de recueillir jusqu'à un litre d'urine.

Quant aux autres besoins…un régime alimentaire spécial permet aux astronautes de patienter jusqu'à ce qu'ils retournent à la navette.

 

On passe maintenant au scaphandre lui-même. Oublions le vêtement fait sur mesure : il arrive en deux parties, de quatre tailles différentes.

Il faudra ajuster les pièces au corps de l'astronaute en laissant 3 à 4 centimètres de jeu pour l'allongement de la colonne vertébrale dans l'apesanteur.

 

L'astronaute met d'abord le bas du costume.

Puis il plonge littéralement vers le haut en enfilant les manches. Des attaches, sorte de bagues ajustables relient le haut et le bas et assurent l'étanchéité.

 

Un peu comme un oignon, la combinaison est un vêtement thermique composé de 10 couches : elles sont fabriquées de mylar, d'aluminium, de kevlar et de téflon qui jouent 2 rôles majeurs : protéger des poussières cosmiques et des variations de température.

L'oxygène , denrée essentielle, circule dans toute la combinaison , ce qui permet à l'astronaute de respirer tout en maintenant la pression atmosphérique au niveau requis.

 

Su sa tête, l'astronaute porte d'abord un petit chapeau appelé Snoopy, qui contient le système de communication. Il peut ainsi échanger avec la navette et avec la Terre.

Un petit tuyau est installé tout près de la bouche pour l'approvisionner en eau durant la sortie.

 

Enfin un premier casque vient se visser au torse et une visière supplémentaire est ajoutée pour protéger les yeux des radiations du soleil.

Le flux constant d'oxygène empêche la condensation de se former sur la surface interne du casque.

 

Les gants sont un élément essentiel de la combinaison. Ils sont munis d'un système de réchauffement des doigts et on travaille toujours à améliorer leur souplesse car le travail des astronautes exige de plus en plus de dextérité.

 

Même si tout est prévu pour offrir le plus de confort possible, on peut facilement imaginer que la rigidité de certains matériaux peuvent provoquer des irritations.

Et si l'astronaute souffre de démangeaisons il doit renoncer à toute tentative de se gratter. La NASA n'a rien prévu à cet effet!

 

Revêtir un tel costume, qui sur la Terre pèse plus de 125 kg n'est pas une mince affaire. L'astronaute Julie Payette en sait quelque chose !

Extrait d'entrevue avec Julie Payette :

« Et bien on se sent un peu serré. C'est l'idée parce que pour travailler dans l'espace, en apesanteur, et bien le plus serré on est dans le scaphandre, le plus agile on se retrouve. Sinon, on flotte dans le scaphandre en plus de flotter dans l'espace »

 

lL faut maintenant apprendre à bouger et se déplacer car même dans l'apesanteur, la combinaison spatiale n'est pas d'un grand confort. On s'entraîne dans l'eau , dans une immense piscine qui reproduit l'environnement spatial.

 

Lors d'une véritable sortie dans l'espace, l'astronaute doit aussi porter son « sac à dos ».C'est le Primary Life support system, le système de maintien de la vie. C'est là que se trouve la réserve d'oxygène et d'eau.

Avec un panneau de contrôle installé sur le devant de la combinaison, l'astronaute est entièrement autonome et peut travailler jusqu'à 8 heures d'affilée. On dit qu'il est lui-même une navette spatial !

 

Ceci est bien important car dans l'avenir, l'assemblage de la station orbitale va nécessiter pas moins de 1000 heures de travail : 1000 heures d'activités extravéhiculaires. Plus que toutes les sorties spatiales réunies à ce jour.

Comme ces sorties vont aussi se prolonger, on doit améliorer la protection contre les radiations et contre les débris de toutes sorte. On travaille à mettre au point une nouvelle combinaison, rigide celle-là et dont les articulations permettront encore plus de mouvement.

 

La combinaison spatiale joue un rôle primordial dans l'exploration de l'espace. C'est pourquoi les chercheurs travaillent constamment à améliorer ses propriétés.

Prochain débarquement : Mars. Étant donné l'atmosphère de la planète, la combinaison actuelle pèserait trop lourd sur l'astronaute. Il faut donc l'alléger et améliorer son système de refroidissement et de ventilation…tout en gardant le style!



Beau défi pour les designers de combinaison spatiale!

 

Journaliste : Hélène Courchesne
Réalisatrice : Chantal Théorêt