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AnalyseL’AMA s’explique alors que les nageurs se préparent pour Paris

Elles tiennent un drapeau de leur pays près de la piscine.

Les nageuses chinoises avaient notamment gagné l'or au 4 x 200 m nage libre aux Jeux de Tokyo, inscrivant en finale un record du monde.

Photo : Getty Images / ATTILA KISBENEDEK

À la veille de nouvelles explications de la part de l’Agence mondiale antidopage (AMA) dans ce qui a été appelé l’affaire des nageurs chinois, certaines interrogations s’imposent, car certains athlètes impliqués participeront aux Jeux olympiques de Paris.

L'AMA tiendra vendredi une réunion extraordinaire de son conseil de fondation, sa plus haute instance, pour revenir sur cette histoire qui bouleverse le petit monde des sportifs de l'élite.

L'objectif de la réunion du conseil est de fournir aux membres l'occasion d'être informés par les experts de l'AMA sur ce sujet important et de pouvoir poser toutes les questions qu'ils pourraient avoir, a déclaré l'agence dans un communiqué.

On se demande bien ce que l'agence peut ajouter au dossier pour faire taire la grogne. Les Américains, déjà très critiques envers l'organisme, pourraient mettre leurs menaces à exécution et retirer leur financement. À l'inverse, si des sanctions en venaient à être imposées aux nageurs, le Canada pourrait ressortir avec deux médailles de plus des Jeux de Tokyo.

L'histoire a commencé en 2021, lors d’une compétition à Shijiazhuang, en Chine. Vingt-trois nageurs et nageuses de l’équipe nationale ont échoué à un test antidopage. On a trouvé en eux la présence de trimétazidine, un produit interdit par l’AMA.

Les athlètes déclarés positifs auraient dû être instantanément suspendus de manière provisoire par l’Agence chinoise antidopage (CHINADA), comme le stipule le règlement mondial. Ce qui n'a pas été fait.

Une enquête interne menée par les autorités chinoises a conclu à une contamination collective et a disculpé les athlètes.

Alertée, l'AMA n’y a vu aucune obstruction à son propre règlement et a entériné à son tour le verdict, sans toutefois rendre l’affaire publique.

La nouvelle, qualifiée de fallacieuse par la Chine, a été éventée par la chaîne allemande ARD et par le New York Times, ce qui a obligé les responsables de l’AMA à s’expliquer. Les justifications de l'organisme ont été loin de convaincre les athlètes et le monde de l’antidopage.

Certains s’inquiètent de la réelle indépendance de l’agence face à certains États et de son manque de transparence. C’est le cas du Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES).

Le manque apparent de transparence dans la gestion de ces cas de dopage est préoccupant, peut-on lire dans un communiqué publié par le CCES après la diffusion publique de l'affaire. Il va sans dire que la crédibilité du système antidopage mondial et sa capacité à préserver la confiance des athlètes et du public reposent sur sa transparence.

Le Code mondial antidopage et ses standards énoncent explicitement les règles et processus à suivre, allant de la suspension provisoire obligatoire à la détermination de violations en cas de possible contamination, poursuit-on. À de très rares exceptions près, le signalement et la divulgation publique sont obligatoires. Dans le cas présent, la divulgation publique des circonstances dès la première heure aurait favorisé la transparence du processus d’enquête et permis aux athlètes et au public de demander des comptes.

L’Agence de contrôles internationale (ITA), une organisation à but non lucratif basée à Lausanne qui est notamment chargée des tests antidopage de la Fédération internationale de natation, a publié à son tour un communiqué.

L’ITA confirme avoir reçu des informations confidentielles et anonymes à l’été 2021 concernant un certain nombre de résultats positifs affectant un groupe de nageurs chinois. Une évaluation complète des informations reçues reste active, peut-on y lire.

Interrogé par le New York Times, le grand patron de l’antidopage américain, Travis Tygart, montrait du doigt à mots à peine couvert les responsables de l’AMA.

Tous ceux qui ont eu les mains sales en enterrant ces tests positifs et en étouffant les voix des courageux lanceurs d’alerte doivent être tenus pour responsables dans toute la mesure du possible, conformément aux règles et à la loi, a-t-il déclaré.

Elle sourit et lève le bras droit après sa victoire au 200 m papillon aux Jeux de Tokyo.

Zhang Yufei

Photo : Getty Images / Tom Pennington

Des athlètes positifs deviennent médaillés olympiques

Sur les 23 nageurs et nageuses chinois déclarés positifs au début de 2021, qui n'ont donc reçu aucune sanction, 13 ont participé, quelques mois plus tard, aux Jeux olympiques de Tokyo, selon les noms dévoilés par le New York Times.

Certains ont même été couronnés d’or.

Zhang Yufei a été quadruple médaillée au Japon : en or au 200 m papillon et au 4 x 200 m style libre, et en argent au 100 m papillon ainsi qu'au relais mixte 4 x 100 m quatre nages. Wang Shun a été champion du 200 m quatre nages et Yang Junxuan, médaillée d’argent avec Zhang Yufei en relais mixte.

Des conséquences pour le Canada

On ne sait pas si ces tests positifs seront révisés après l'enquête. Si l'on devait confirmer qu’il y a bel et bien eu dopage, cela pourrait avoir des conséquences avantageuses pour les nageuses canadiennes.

À la piscine des Jeux de Tokyo, deux médailles ont échappé aux Canadiennes parce qu'elles étaient devancées par des Chinoises.

Au 400 m style libre, Bingjie Li avait terminé sur la 3e marche du podium, devant Summer McIntosh.

Aussi, au 4 x 200 m, le quatuor canadien, composé entre autres de Katerine Savard et de Mary-Sophie Harvey, avait terminé 4e. La Chine, menée par Zhang Yufei, remportait la médaille d’or.

Le tableau des médailles pourrait donc être une nouvelle fois chamboulé advenant la preuve d’un dopage de masse des nageurs et nageuses chinois.

Ce qui peut paraître offensant pour certains athlètes, c’est que certains noms qui figurent sur la liste des 23 Chinois positifs à la trimétazidine sont déjà qualifiés pour Paris, dans un peu plus de 70 jours.

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