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ChroniqueCrise à Montréal : la Ville suspend ses relations avec le hockey mineur

Deux bâtons de hockey et une rondelle, lors d'une mise au jeu.

Des allégations d’usage inapproprié des contributions de la Ville visent Hockey Québec Région Montréal.

Photo : Getty Images / Bruce Bennett

Alors que la gouvernance du hockey mineur québécois n’a jamais autant fait les manchettes, Hockey Québec Région Montréal (HQRM) traverse une crise sans précédent. À un tel point que la Ville de Montréal suspend ses liens avec cet organisme.

Le mercredi 8 mai dernier, le directeur des Sports de la Ville de Montréal, Luc Denis, a avisé le président du conseil d’administration de HQRM, Yves Pauzé, qu’à la suite des informations qui ont été portées à notre connaissance, la Ville a pris la décision de suspendre, pour une période indéterminée, lexécution de la Convention entre la Ville de Montréal et HQRM (les contributions financières, le prêt dinstallations et d’équipements de la Ville, annexe 2), et ce, tant que la Ville naura pas obtenu les clarifications à sa satisfaction concernant l’utilisation de ses contributions à HQRM.

Cette décision extraordinaire de la Ville survient après des allégations d’usage inapproprié des contributions de la Ville tant en soutien financier qu’en biens et services, entre autres les heures d’utilisation des arénas municipaux.


Selon nos sources, le conseil d’administration de HQRM a reçu vers la fin de février un rapport factuel alléguant, notamment, que des gens liés à Hockey Montréal Élite utilisaient à des fins privées une importante quantité d’heures de glace que la Ville de Montréal louait au rabais à HQRM. Ces heures de glace auraient été consacrées à des camps de perfectionnement pour lesquels chaque hockeyeur participant devait assumer en espèces uniquement des frais se situant entre 30 $ et 40 $ de l’heure.

À la suite de ces allégations, la Ville de Montréal a été informée que le conseil dadministration de HQRM allait mandater une firme externe pour valider ou invalider des allégations dusages non conformes des contributions de la Ville, écrit le directeur des Sports de la Ville de Montréal.

Le 19 mars dernier, HQRM a effectivement confié à un cabinet d’avocats spécialisé en investigation, la firme Lex Facto, le mandat de faire la lumière sur cette affaire. Selon la Ville, ce mandat prévoyait le dépôt dun rapport final le 30 avril 2024 au conseil d’administration de HQRM.

Or, ce rapport n’a pas encore été remis par Lex Facto.

Yves Pauzé est un vieux routier de l’administration du hockey mineur montréalais. En poste depuis plusieurs décennies, il se dit estomaqué par la réaction de la Ville de Montréal.

On parle d’heures de glace d’une valeur de 17 000 $, et cette somme a été remboursée à HQRM. Elle a été remboursée avec un certain retard et je ne suis pas nécessairement d’accord avec la façon dont ce dossier a été mené, mais il y a eu un remboursement.

On utilise un bazooka pour tuer une mouche. On pénalise les jeunes et on paralyse les camps d’évaluation du printemps pour un problème qui aurait facilement pu être réglé autrement, estime le président du conseil d’administration de HQRM.

Selon ce dernier, HQRM a fait parvenir une mise en demeure à la Ville de Montréal vendredi dernier. Et HQRM s’adressera aux tribunaux lundi afin d’obtenir une injonction faisant en sorte que les camps d’évaluation en cours ne soient pas interrompus et que les jeunes ne fassent pas les frais de la situation.

Stopper nos activités et nous menacer de la sorte, je trouve que c’est énorme comme façon de procéder de la part de la Ville, ajoute M. Pauzé.

Outre ces frais juridiques, le compteur de la firme responsable de l’enquête sur l’utilisation des glaces se situerait autour de 30 000 $, selon M. Pauzé.


Autre fait préoccupant : le 24 avril dernier, les associations de hockey mineur chapeautées par HQRM ont appris dans un courriel laconique que le directeur général de HQRM, Carl Vaillancourt, avait été démis de ses fonctions avec effet immédiat. M. Vaillancourt n’était en poste que depuis huit mois.

Un homme sourit pour la photo devant un fond blanc.

Le mandat de Carl Vaillancourt à Hockey Québec Région Montréal n'a duré que huit mois.

Photo : Sportcom

Or, selon plusieurs intervenants du hockey mineur montréalais, c’est M. Vaillancourt qui avait sonné l’alarme à la fin du mois de février au sujet de la présumée utilisation inappropriée des contributions de la Ville de Montréal par des individus liés à Hockey Montréal Élite. Ses relations avec le conseil d’administration se seraient détériorées à compter de ce moment. Son congédiement a semé la consternation au sein de plusieurs associations de hockey mineur.

Celui qui a mis le plus de merde dans ce dossier est notre ancien DG. Il est allé jusqu’à prétendre que l’un de mes collègues et moi avions failli à nos devoirs d’administrateurs. C’est moi qui étais le signataire de la convention liant HQRM et la Ville. Mais ça fait deux ou trois ans que je ne m’occupe plus de la répartition des heures de glace, soutient M. Pauzé.

Dans le communiqué annonçant l’embauche de M. Vaillancourt en août 2023, M. Pauzé se réjouissait pourtant que son organisation se donne les coudées franches pour offrir un véritable vent de changement dans la gestion du hockey mineur sur l’île de Montréal.

HQRM avait bénéficié de l’expertise du Regroupement Loisir et Sport Québec pour mener à bien le processus de recherche du candidat idéal pour occuper les fonctions de directeur général.

Il n’a pas été possible de parler à Carl Vaillancourt pour connaître les circonstances précises de son renvoi.


Quoi qu’il en soit, la Ville de Montréal semble avoir décidé que l’heure de la vérité et de la transparence a sonné.

Dans une optique de bonne gouvernance (art. 11), la Ville de Montréal estime qu’il est de votre responsabilité de présenter les faits de lenquête à vos membres lors de la prochaine assemblée générale. Nous vous demandons dinscrire ce point à l’ordre du jour de cette assemblée générale. À cet effet, nous vous contacterons prochainement, notamment pour vous informer des mesures de vérification que nous entendons mettre en place, écrit le directeur des Sports, Luc Denis.

Ce dernier rappelle par ailleurs que le Contrôleur général de la Ville a le pouvoir d’exiger en tout temps les livres et registres comptables de HQRM. La Ville demande aussi qu’un représentant de la Ville de Montréal soit invité à toutes les rencontres du conseil dadministration et aux assemblées générales, et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Yves Pauzé affirme que les livres comptables de HQRM ont toujours été bien tenus. Mais je ne dis pas que nous ne poserons pas de gestes, quand ce sera vraiment le temps, pour nommer quelqu’un de l’externe pour suivre les finances de Hockey Montréal Élite, dit-il.

Nous avons sollicité une entrevue avec Luc Denis vendredi dernier. Le Service des communications de la Ville de Montréal se disait toutefois incapable d’entrer en contact avec lui.


Cette nouvelle affaire survient dans la foulée de la démission du directeur général de Hockey Québec, Jocelyn Thibault, à la fin de février dernier.

Thibault, qui avait fait de la saine gouvernance son cheval de bataille, avait déploré la difficulté d’entraîner les régions dans cette voie lorsqu’il avait expliqué sa décision aux représentants de la presse.

Un homme devant un micro répond à des questions.

Jocelyn Thibault

Photo : Radio-Canada

En plus de déplorer l’absence de reddition de comptes au sein de la structure, Thibault avait souligné que le bureau provincial n’avait pas les pouvoirs nécessaires pour assurer un leadership efficace du hockey au Québec.

Comme dirigeant dentreprise [en ce moment], tu as vraiment limpression d’être dans un champ de mines. Il ny a pas de prévisibilité. Comme gestionnaire de notre organisation, cest un risque que je n’étais plus capable de prendre. Pour ces raisons, c’était mieux de me retirer, avait-il expliqué.

Bref, Thibault en avait ras le bol d’être constamment appelé à éteindre des feux dont il n’était pas responsable et qu’une saine gouvernance aurait facilement pu prévenir.

C’est donc le successeur de Thibault, Stéphane Auger, qui devra assumer le rôle de pompier en ce qui concerne la crise qui frappe HQRM.

Les dirigeants de Hockey Québec ont été mis au fait de la préoccupante lettre de la Ville de Montréal jeudi dernier, soit le lendemain de son envoi. Depuis ce temps, le bureau provincial monopolise toutes ses ressources pour redresser la situation.

Il ne serait pas étonnant qu’une décision en ce sens soit annoncée dès le début de la semaine.

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