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Déboulonner le mythe de l’abondance de l’eau

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Déboulonner le mythe de l’abondance de l’eau

Publié le 2 avril 2022

Le Canada possède 20 % des ressources d'eau douce de la planète. Pour plusieurs, l'eau ici est une ressource inépuisable. Cela explique sans doute pourquoi nous sommes les plus grands consommateurs de cette ressource au monde. Pourtant, au Canada, les défis de la gestion de l'eau existent déjà à plusieurs endroits.

Dans ce deuxième texte d'une série de trois, nous explorons comment le Québec, malgré une image d'abondance, fait face à des pénuries.

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Vue aérienne de la rivière Nicolet.
La rivière Nicolet, dans le Centre-du-Québec, traverse de grands secteurs agricoles. Photo : Radio-Canada / Claude Bellemare

Été 2021, la sécheresse sévit partout au pays. Au Québec, à plusieurs endroits, les niveaux d'eau sont bas. C'est le cas de la rivière Nicolet, dans le centre de la province.

Cette rivière qui traverse de grandes zones agricoles est reconnue pour ses baisses d'eau importantes tard en saison estivale. C'est incroyable, on a vu des niveaux bas records. On n'avait jamais observé ça, précise le biologiste Rémi Gaudreau, qui est aussi directeur général chez Copernic, l'organisme de bassin versant de la rivière Nicolet. Cet organisme a pour mission de favoriser une saine gestion de l'eau.

Est-ce que c'est la nouvelle réalité? Est-ce que ça peut s'empirer aussi? Est-ce que ça va revenir à la normale?, se questionne le biologiste.

Le biologiste Rémi Gaudreau fait des mesures d'eau sur la rivière Nicolet
Le biologiste Rémi Gaudreau fait des mesures d'eau sur la rivière Nicolet. Cette rivière est connue pour avoir des étiages sévères. Photo : Radio-Canada / Claude Bellemare

Voilà donc une grande question : qu'est-ce que le débit naturel d'une rivière, comme celui de la Nicolet? La réponse peut étonner : officiellement, on ne le sait pas! Et c'est partout pareil au Québec. On connaît du point de vue purement théorique les principaux usagers de l'eau d'une rivière, affirme cette fois le professeur Alain Rousseau de l'Institut national de recherche scientifique (INRS).

On connaît où sont installés la plupart des points de prélèvement pour les grandes industries, les municipalités. Mais c'est l'ensemble, l'addition de tous ces prélèvements qu'on ne connaît pas.

« Je n'ai aucune idée quelle est vraiment la portion naturelle qui coule dans un cours d'eau. »

— Une citation de   Alain Rousseau, professeur titulaire, hydrologie, INRS
Le professeur Alain Rousseau.
Le professeur Alain Rousseau de l'INRS étudie l'impact de l'utilisation de l'eau sur les niveaux d'eau de la rivière Nicolet. Photo : Radio-Canada / Claude Bellemare

Alain Rousseau s'est donc donné une mission : établir un vrai portrait de l'utilisation de l'eau de la rivière Nicolet. C'est une première au Québec. Ce projet complexe, mandaté par le ministère de l'Environnement du Québec, impose de comptabiliser tous les prélèvements en eau de la rivière afin d'estimer le débit réel du cours d'eau.

C'est un travail complexe qui exige d'évaluer l'utilisation de toutes les industries, les municipalités, les résidences, afin de comptabiliser les prélèvements, les retenues d'eau et les retours d'eau à la rivière. Lorsqu'il y a un prélèvement, il y a surtout une certaine quantité d'eau qui ne revient pas aux cours d'eau ou, à tout le moins, si elle revient, ne va pas revenir au même point. Donc, si l'eau ne revient pas au même endroit, entre le point de prélèvement et le point de retour, ça peut créer une certaine rareté d'eau, explique Alain Rousseau.

Ce travail revêt une importance cruciale, car même si le Québec possède de grandes quantités d'eau, les risques de pénuries à certains endroits sont bien réels en raison des changements climatiques. La météo et le climat vont provoquer des sécheresses comme celle de 2021. Et si on continue à utiliser l'eau et à se développer de la même façon, à un moment donné, il va y avoir un conflit, affirme pour sa part le biologiste Rémi Gaudreau.

« Tant et aussi longtemps qu'on n'est pas confrontés à des problèmes aigus, en général, on ne fait pas grand-chose. C'est la rareté qui crée la créativité, qui crée aussi la réglementation! »

— Une citation de   Alain Rousseau, professeur titulaire, INRS
Vue de la chute Montmorency à Québec.
Vue de la chute Montmorency. Le Québec détient 3 % des ressources en eau douce au monde. L'image d'abondance vient de ces chutes, rivières ou lacs.  Photo : Radio-Canada

Le Québec déjà soumis à des pressions en eau
Le Québec déjà soumis à des pressions en eau

Le Canada possède environ 20 % des réserves mondiales d'eau douce. De ce nombre, 3 % se trouvent au Québec. Il est donc facile de croire que la ressource est inépuisable quand on voit le nombre de lacs et de rivières, et surtout le fleuve Saint-Laurent. L'abondance est générale, mais la rareté est locale. Ça ne donne rien pour une communauté ou un individu de savoir que, par proportion, il y a énormément d'eau au Québec, si tu n'en as pas localement, affirme sans détour le chercheur René Lefebvre, aussi de l'INRS.

Nous le rencontrons sur la terre de Robert Bourdeau, un agriculteur de Saint-Constant, en Montérégie, au moment des récoltes de septembre 2021. Le chercheur vient faire une mesure des niveaux d'eau des puits. Robert Bourdeau dit avoir trouvé l'été très long.

L'agriculteur Robert Bourdeau.
L'agriculteur Robert Bourdeau a trouvé l'été 2021 très long alors qu'il n'a presque pas plu en 4 mois. Photo : Radio-Canada / Benoît Livernoche

Contrairement aux dernières années, où il n’y avait en moyenne qu'un mois avec peu de précipitations, selon l'agriculteur, il y en a eu quatre d’affilée pendant la période estivale. Les rivières se sont asséchées rapidement, donc il n'y avait aucune façon d'aller s'approvisionner en eau nulle part ailleurs que dans les puits.

L'agriculteur dit aussi avoir dû composer avec un manque d'eau dans son puits. J'ai vu le fond du puits avec du sable.

Le sud de la Montérégie est considéré comme le jardin du Québec. C'est le cœur de la grande production maraîchère de toute la province. Voilà une agriculture qui a besoin de beaucoup d'eau. Mais ici, l'eau n'est pas abondante. S'il n'y a pas de pluie, on doit se tourner vers l'eau souterraine, car le débit des rivières n'est pas très grand. S'ajoutent à cela les pressions de développement urbain. Il y a un nombre vraiment important d'utilisateurs, qu'ils soient agricoles, résidentiels ou industriels, précise René Lefebvre.

René Lefebvre avec Robert Bourdeau.
Le chercheur René Lefebvre de l'INRS fait une mesure des niveaux d'eau d'un puits chez Robert Bourdeau à Saint-Constant, en Montérégie. Photo : Radio-Canada / Benoît Livernoche

Le chercheur a analysé les données d'utilisation de l'eau en lien avec les réserves d'eau souterraine disponibles. Son constat est clair : le sud de la Montérégie fait face à un grand défi. Les projections nous disent qu'on ne peut pas poursuivre dans cette voie-là au niveau de la quantité de l'usage qu'on fait. La ressource, qui y est limitée, ne pourra pas soutenir des développements à n'en plus finir, qu'ils soient démographiques, urbains et agricoles. Il va falloir faire des choix.

Un puits d'eau souterraine.
Vue d'un puits. L'eau souterraine est l'une des sources principales d'approvisionnement au Québec. Photo : Radio-Canada / Raymond Routhier

Les eaux souterraines, un grand défi de gestion
Les eaux souterraines, un grand défi de gestion

Le travail de recherche de René Lefebvre en Montérégie fait partie des Projets d'acquisition de connaissances des eaux souterraines, les PACES. Lancés en 2008 par le ministère de l'Environnement, ces projets visent à dresser un portrait concret des ressources en eaux souterraines des territoires municipalisés du Québec, dans le but de les protéger et d’en assurer la pérennité.

Au Québec, malgré la grande présence de rivières et de lacs, c'est l’eau souterraine qui est la ressource en eau potable la plus sollicitée. Selon le ministère de l'Environnement, elle permet d’approvisionner près de 90 % du territoire habité et ainsi rejoindre 20 % de la population. Mais tout comme les eaux de surface, depuis longtemps, la connaissance que nous en avons est fragmentaire. Mais cela est en train de changer. Le travail de René Lefebvre s'ajoute à ceux d'autres chercheurs qui ont le mandat de bien documenter les eaux souterraines dans plusieurs régions du Québec.

C'est le cas de l'hydrologue Marie Larocque, de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), que nous rencontrons à Lanoraie. Avec son équipe, elle participe au forage d'un puits au bout d'une grande terre agricole. Ce puits contiendra une sonde qui a pour but de surveiller les niveaux d'eaux souterraines.

L'hydrologue Marie Larocque devant l'équipe qui procède au forage d'un puits.
L'hydrologue Marie Larocque dirige une équipe qui procède au forage d'un puits de suivi hydrique, dans la région de Lanoraie. Photo : Radio-Canada

Comme en Montérégie, la région de Lanoraie est cruciale pour l'agriculture et l'usage de l'eau pourrait être trop grand pour ce que la ressource peut offrir. La sonde de suivi permettra d'avoir une idée précise du bilan hydrique et d'agir en conséquence, précise Mme Larocque.

Les milieux humides, de grandes réserves d'eau

L'enjeu principal à Lanoraie, c'est la protection d'une grande tourbière. Ce milieu humide est entouré de terres agricoles qui servent, entre autres, à la production de pommes de terre, grande consommatrice d'eau. Au moment où on a commencé à faire de l'agriculture industrialisée dans la région, on a modifié le cycle hydrologique. Et donc, ça a modifié l'apport d'eau dans la tourbière, précise Marie Larocque.

Nous la suivons dans la tourbière, car elle veut nous montrer à quel point le paysage change ici. On a vu au fil des années les arbres progresser dans le milieu humide, explique Marie Larocque.

Voilà donc le principal problème pour la tourbière : à mesure que les arbres prennent de la place, la tourbière s'assèche. Il y a un cercle vicieux qui s'installe. Plus il y a d'espèces ligneuses, plus les niveaux baissent; et plus les niveaux baissent, plus il y a d'espèces ligneuses et ça progresse. Pourtant, ces tourbières ont une grande utilité; ce sont d'importantes réserves d'eau qui agissent comme une éponge. Lors des crues, elles retiennent les eaux, qu'elles relâchent lors des étiages.

Vue de la tourbière de Lanoraie avec un bouleau à côté.
La tourbière de Lanoraie s'assèche tranquillement à mesure que les arbres s'installent. Photo : Radio-Canada

« Quand on draine les tourbières, on coupe les arbres, on fait des fossés, on construit des routes, on fait de l'étalement urbain, donc on a de moins en moins cette réserve d'eau en surface, et c'est crucial pour nous au Québec. »

— Une citation de   Marie Larocque, hydrologue, UQAM

L'objectif des travaux de Marie Larocque est donc de favoriser une cohabitation durable entre les besoins en eau de la tourbière de Lanoraie et les demandes des agriculteurs. Souvent, quand on veut considérer les besoins en eau, on considère les besoins pour l'humain. Mais l'écosystème ou la tourbière a aussi besoin d'eau, affirme Marie Larocque, qui estime qu'il faudra trouver des solutions.

Peut-être faudrait-il faire venir de l'eau du fleuve pour l'irrigation. Évidemment, il y a des coûts qui sont importants, de la disponibilité de l'eau, des enjeux sociaux aussi. Est-ce qu'on veut passer un pipeline dans une région?, se questionne Marie Larocque.

L'agriculteur Robert Bourdeau avec deux chercheurs au loin, avec un bassin de rétention d'eau en avant plan
L'agriculteur Robert Bourdeau présente à des chercheurs son bassin de rétention d'eau qui sert à récupérer l'eau de la fonte des neiges. Photo : Radio-Canada / Benoît Livernoche

Mieux retenir l’eau?
Mieux retenir l’eau?

Depuis très longtemps, le Québec a asséché de nombreux milieux humides pour faire place à l'agriculture. Et en milieu agricole, on pratique depuis de nombreuses décennies un drainage intensif des terres. L'eau, on ne veut pas qu'elle reste. Le problème, soulèvent les chercheurs, c'est qu'à la fonte des neiges, le drainage favorise un écoulement massif vers les cours d'eau, ce qui provoque à plusieurs endroits des inondations et au mois d'août, en période d'étiage, il y a pénurie d’eau.

En Montérégie, comme à Lanoraie, l'idée de construire des bassins de rétention d'eau commence à faire son chemin. À Saint-Constant, Robert Bourdeau a choisi cette solution : J'ai commencé à emmagasiner de l'eau parce que quand arrive une sécheresse, c'est rendu trop tard pour commencer à dire "on prend l'eau où?" Pour lui, les coûts de construction de bassins de rétention sont bien moindres que les pertes successives subies à cause du manque d'eau.

Une terre agricole et au loin le fleuve.
Dans la région de Kamouraska, l'eau souterraine, par sa proximité du fleuve Saint-Laurent, est salée. Cela résulte aussi de l'ancienne mer de Goldthwait. Photo : Benoît Livernoche

Un manque d'eau… de qualité?

Les projets d'acquisition des connaissances des eaux souterraines ont permis de découvrir qu'à plusieurs endroits au Québec, il y a des problèmes de quantité d'eau. Mais il y a aussi des problèmes de qualité d'eau résultant d'activités humaines à la surface. Plusieurs régions agricoles sont aux prises avec des eaux souterraines contaminées au nitrate, nitrite ou coliforme.

Les puits résidentiels, par exemple à l'île d'Orléans, doivent presque tous posséder des appareils de traitement d'eau. Mais à plusieurs endroits au Québec, il y a aussi des enjeux de contamination naturelle des nappes phréatiques, que ce soit à l'arsenic, au manganèse ou au fer.

Nous nous déplaçons, cette fois, dans le Bas-Saint-Laurent, pour rencontrer la professeure Gwenaëlle Chaillou de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR). Elle dirige les recherches du PACES dans sa région. Bien sûr, comme dans plusieurs régions, on a des problèmes de contaminants résultant d'activités humaines, précise la chercheuse. Mais on a davantage de problèmes de qualité d'eau qui sont liés à la géologie des sols.

L'agriculteur Magella Dionne discute avec Gwenaëlle Chaillou, professeur à l'UQAR
L'agriculteur Magella Dionne discute avec Gwenaëlle Chaillou, professeur à l'UQAR. Photo : Radio-Canada / Claude Bellemare

Selon ses travaux de recherches, on découvre qu'il y a des taux élevés par endroits de contaminants naturels. Mais ce qui étonne, c'est aussi la forte présence de sel. Si on a de l'eau souterraine qui est salée, c'est en raison des sédiments de l'ancienne mer de Goldthwait, affirme Gwenaëlle Chaillou.

Après la grande glaciation d'il y a environ 10 000 ans, la mer de Goldthwait s'est formée pour couvrir une superficie de plus de 25 000 km2 dans l'est du Québec et dans les Maritimes. Son retrait a laissé des sols arables par endroits, mais des sols argileux qui sont riches en sels. Quand on va forer dans ces sols-là, l'eau entre en contact avec ces argiles, et donc l'eau devient salée, renchérit la chercheuse.

C'est un problème unique, mais qui provoque de sérieux problèmes aux agriculteurs, comme Magella Dionne, à Saint-Denis-De La Bouteillerie. Il est producteur laitier sur l'une de ces grandes terres agricoles que l'on voit partout aux abords du fleuve Saint-Laurent, dans la région de Kamouraska. Sous sa ferme, l'eau est inutilisable sans traitement. On a un puits qui a été creusé dans les années 1960, il est toujours là, clame Magella Dionne. Le problème, c'est que l'eau est salée! C'est drôle à dire. On a de l'eau à volonté, mais on ne peut rien faire avec.

Pendant longtemps, il n'a pas eu le choix de faire venir son eau par pompage depuis un puits de surface, situé à une bonne distance de sa propriété. Il partageait aussi l'eau avec d'autres agriculteurs. Mais des pénuries d'eau ont forcé l'agriculteur à trouver une autre solution. Il y a 15 ans, le fermier a donc décidé d'investir plus de 40 000 $ dans l'installation d'équipements qui permettent de traiter l'eau de son puits par osmose. Il doit aussi faire régulièrement de l'entretien contre la rouille, comme l'eau est salée. Mais tout cela est minime comparativement à un manque d'eau, se console Magella Dionne.

Eau salée dans les aquifères au Québec

Le problème de salinité des eaux souterraines n'est pas unique au Bas-Saint-Laurent. En Montérégie, de l'eau salée est présente dans l’aquifère rocheux régional, entre le secteur des Montérégiennes, au sud, et le fleuve Saint-Laurent, au nord, dans les environs de Sorel.

La salinité dans cette région est le résultat de l'ancienne mer de Champlain, qui couvrait tout le secteur il y a plus de 10 000 ans. Tous les résidents de ce secteur sont alimentés en eau potable par un vaste réseau d’aqueduc, dont l’eau est prélevée dans la rivière Châteauguay.

En Gaspésie, cette fois, il y a un nouveau problème qui commence à voir le jour. Avec la hausse du niveau marin et l'érosion des berges, l'eau salée de l'estuaire du Saint-Laurent pénètre dans les sols et vient contaminer des aquifères. Des études préliminaires confirment le problème, mais pour le moment, il y a peu de données à ce sujet.

Vue aérienne d'un quartier de banlieue.
Le Québec est champion de la consommation de l'eau. Des chercheurs souhaitent que le développement territorial tienne compte de la disponibilité en eau. Photo : Radio-Canada

L’eau souterraine dans les plans d’aménagements?
L’eau souterraine dans les plans d’aménagements?

Depuis les dernières années, le Québec rattrape un retard majeur dans sa connaissance de ses ressources en eau potable. Ces travaux ont permis de comprendre que plusieurs régions sont à risque de pénuries. Et que la ressource en eau, qu'elle soit en rivière ou sous terre, ne fait qu'une.

Si on a de l'eau qui coule dans les cours d'eau, c'est parce qu'ils sont alimentés par de l'eau souterraine quelque part en amont. Quand on est rendu au mois d'août, l'eau qui est dans la rivière, c'est de l'eau souterraine essentiellement, explique Marie Larocque de l'UQAM.

L'hydrologue, comme tous les autres chercheurs en eau au Québec, espère que les études, tant sur les eaux de surface que sur les eaux souterraines, serviront dans les plans d'aménagement du territoire. Et qu'il est temps de déboulonner ce mythe de l'abondance de l'eau et de commencer à gérer le développement en fonction de la disponibilité de la ressource.

Au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, par exemple, 50 % de la population habite aux abords du fleuve ou de la baie des Chaleurs, donc près de l'eau salée, affirme Gwenaëlle Chaillou, de l'UQAR. Selon elle, la volonté de nombreuses personnes d'acheter des propriétés ou des chalets dans ces régions pourrait poser un problème si les municipalités ne tiennent pas compte de l'offre en eau, de sa quantité et de sa qualité.

L'exportation massive ou le transport massif d'eau, ça ne se fait pas. C'est hors de prix. C'est pour ça que ça prend de l'eau localement. Puis l'eau locale, il faut la gérer pour garder sa qualité et sa quantité, conclut quant à lui le professeur René Lefebvre.

Le reportage de Benoît Livernoche est diffusé à l'émission La semaine verte le samedi à 17 h et le dimanche à 12 h 30 sur ICI TÉLÉ. À ICI RDI, ce sera le dimanche à 20 h.

Un document réalisé par Radio-Canada Info

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