La Nouvelle-Écosse critique et jalouse l’investissement d’Ottawa dans le pont de Québec
La ministre néo-écossaise des travaux publics, Kim Masland, s'est dite choquée qu'Ottawa rachète le pont de Québec, mais qu'il refuse de payer la facture complète pour les travaux de restauration des digues de l'isthme de Chignecto.
Photo : Radio-Canada / Robert Short
La ministre des Travaux publics de la Nouvelle-Écosse, Kim Masland, critique durement la décision du gouvernement fédéral de racheter le pont de Québec et d’y investir 1 milliard de dollars. La province maritime rappelle qu’elle demande depuis plusieurs années, avec sa province voisine, le Nouveau-Brunswick, une aide fédérale pour protéger le lien de terre qui les sépare.
L’isthme de Chignecto est un lien terrestre stratégique qui est menacé par la montée des niveaux des océans et par les changements climatiques.
La ministre Masland a envoyé mercredi après-midi un communiqué de presse après avoir pris connaissance de l’annonce d'Ottawa à Québec.
Le premier ministre Justin Trudeau était à Québec pour annoncer officiellement le rachat du pont de Québec.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Nous méritons d’être traités équitablement, comme d’autres provinces dans le passé. Encore aujourd’hui, le gouvernement fédéral choisit de nous négliger
, déclare-t-elle.
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L'isthme, aussi une infrastructure névralgique
Le premier ministre Justin Trudeau était présent à Québec pour l’annonce concernant le pont de Québec. Il a justifié l’investissement en affirmant qu’il s’agit d’une infrastructure névralgique pour la région
. Il a rappelé que plus de 33 000 véhicules y circulent chaque jour, en plus de huit trains passagers et de marchandises.
La ministre néo-écossaise rappelle que la route qui relie sa province au Nouveau-Brunswick est un important corridor économique, non seulement pour la région atlantique, mais pour tout le pays.
Un train de marchandises du Canadien National et, à gauche de la photo, l'autoroute Transcanadienne dans l'isthme de Chignecto.
Photo : CBC / Shane Fowler
L’isthme voit passer chaque jour 100 millions de dollars de marchandises, dont de la nourriture pour les Canadiens, des véhicules, des produits forestiers, des éléments essentiels au secteur manufacturier
, pointe-t-elle.
Qui va payer?
La facture des travaux de renforcement et d’amélioration des digues de l’isthme est maintenant estimée à 650 millions de dollars.
Ottawa a déjà indiqué être prêt à assumer la moitié de la facture, mais la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick estiment que le gouvernement fédéral devrait en payer la totalité.
L'isthme de Chignecto est la bande de terre qui relie la Nouvelle-Écosse au Nouveau-Brunswick et donc au reste du Canada.
Photo : Radio-Canada
Les deux provinces ont demandé à un tribunal de se prononcer sur la question à savoir si c’est le gouvernement fédéral ou les provinces qui sont responsables de ces travaux.
Toutefois, les deux provinces estiment ne pas pouvoir attendre que le conflit se règle avant de s’attaquer au problème et de premiers appels de soumission envers les travaux devraient être lancés cet automne.
Trudeau croit que les provinces se trompent de cible
En visite dans le nord du Nouveau-Brunswick jeudi pour une annonce sur le programme national d’alimentation scolaire, le premier ministre Justin Trudeau a reconnu l'importance de l'isthme pour la région et le pays dans son ensemble, mais sans s'engager sur un financement supplémentaire.
Il dit vouloir travailler en partenariat avec le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse tout en lançant une pique aux premiers ministres progressistes-conservateurs des deux provinces.
Justin Trudeau était en visite jeudi à l'école Marguerite Bourgeoys à Caraquet pour présenter officiellement son programme national d'alimentation scolaire.
Photo : Radio-Canada / Réal Fradette
On a des programmes pour être partenaires avec les gouvernements provinciaux mais je dois souligner que c’est un petit peu ironique parce qu’on voit régulièrement les gouvernements du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse repousser nos plans pour agir contre les changements climatiques
, a souligné Justin Trudeau.
Selon lui, Blaine Higgs et Tim Houston se trompent de cible. Au lieu de lutter contre les changements climatiques, ils sont en train de lutter contre des politiques pour lutter contre les changements climatiques
, a-t-il ajouté.
Le premier ministre fait notamment référence à l'opposition affichée des deux ministres à la taxation sur le carbone.
De son côté, le premier ministre du Nouveau-Brunswick croit que si le fédéral peut dégager cette enveloppe pour le pont de Québec, il peut également régler la facture pour l'isthme. Il croit que cette annonce servira leur argumentaire en cour.
Avec des informations de Frédéric Cammarano et Alix Villeneuve
