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Le déclin du saumon dans une rivière de Terre-Neuve attribué à l’aquaculture

Un banc de saumons au fond d'un cours d'eau.

Des scientifiques attribuent principalement à l’aquaculture le déclin du saumon dans la rivière Conne, à Terre-Neuve. (Photo d'archives)

Photo : Nick Hawkins

Radio-Canada

Une étude sur le saumon de l’Atlantique dans la rivière Conne, dans le sud de Terre-Neuve, conclut que l’aquaculture est la principale raison de son déclin et qu’il risque d’y disparaître.

Le chercheur Travis Van Leeuwen, du ministère des Pêches et des Océans du Canada (MPO), est l’un des auteurs de l’étude publiée en avril. Selon lui, au moins 10 000 saumons de toute taille fréquentaient cette rivière, mais depuis 2020, c’est seulement de cas d’environ 300 saumons adultes par année.

C’est l’ampleur du déclin que nous constatons dans la rivière Conne. C’est extrêmement préoccupant, dit-il.

Les premiers enclos pour l’élevage du saumon sont apparus vers le milieu des années 1980 dans la baie d’Espoir, puis dans la baie de Fortune. La pêche commerciale au saumon dans la province a cessé en 1992. Le stock de saumons d'autres rivières a ensuite augmenté, mais celui de la rivière Conne a diminué.

Plusieurs hypothèses vérifiées

Les chercheurs ont vérifié 19 causes possibles du déclin et ils ont écarté la plupart d’entre elles. Les principales causes retenues sont les conséquences de l’aquaculture, des changements climatiques et de la prédation, indique M. Van Leeuwen. L’aquaculture est jugée la plus importante parce que des saumons d’élevage qui se sont échappés s'accouplent avec des saumons sauvages.

Ian Bradbury, un autre chercheur du MPO, a étudié les rivières du sud de Terre-Neuve. Il prédit un déclin du saumon sauvage dans toute rivière si plus de 10 % des saumons qui s’y trouvent viennent d’un élevage. Le taux était supérieur à 10 % dans 17 des 18 rivières étudiées.

Travis Van Leeuwen explique que des saumons d’élevage se sont échappés à grande échelle en 2013, puis chaque année de 2018 à 2021. En s’appuyant sur les travaux de M. Bradbury, il juge que le nombre de métissages entre saumons sauvages et d’élevage porte à croire que ceux des élevages s'échappent à petite échelle.

Un banc de saumons près de la surface.

Des saumons dans une rivière au Québec

Photo : Gracieuseté/Nick Hawkins

Des élevages de la côte sud de Terre-Neuve ont connu des infestations de poux du saumon. Il ne fait aucun doute, selon M. Van Leeuwen, que ce parasite et des maladies affectent aussi le saumon sauvage.

Ces éclosions se produisent lorsque des saumoneaux et des adultes se trouvent dans la zone d'aquaculture, dit-il. Il est incroyablement difficile de quantifier l’ampleur des effets des agents pathogènes et des parasites sur les populations de saumon sauvage.

Quelques réactions partagées

L’étude réjouit Bradley Benoit, chef de la communauté autochtone de Miawpukek.

Le saumon a joué un grand rôle dans nos vies, notre culture et l’histoire de la population de Miawpukek. Nous aimerions beaucoup voir une population durable de saumon en équilibre avec l’industrie. Nous accueillerions favorablement plus de financement pour la science et la recherche dans le cadre des efforts continus de notre programme de gardiens des ressources naturelles, explique M. Benoit.

Le ministre provincial des Pêches, de la Foresterie et de l’Agriculture, Elvis Loveless, n’a pas lu l’étude, mais il se préoccupe du déclin du saumon dans cette rivière.

Elvis Loveless.

Elvis Loveless, ministre des Pêches de Terre-Neuve-et-Labrador (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Patrick Butler

M. Loveless, en s’appuyant sur les propos qu’il a entendus dans la région, penche plutôt vers les changements climatiques et les phoques. Quand on dit que l’aquaculture est le principal facteur, j’en doute.

Le directeur général de l’Association de l’industrie aquacole de Terre-Neuve, Jamie Baker, dit qu’il n’y a rien de nouveau dans cette étude. À son avis, celle-ci semble sous-estimer les conséquences évidentes des changements climatiques et du réchauffement des eaux que tout le monde constate dans le milieu marin.

Jamie Baker assis à un bureau.

Jamie Baker, directeur général de l’Association de l’industrie aquacole de Terre-Neuve (Photo d'archives)

Photo : CBC / Colleen Connors

M. Baker ajoute que le déclin du saumon de l’Atlantique a commencé bien avant l’essor de l’industrie aquacole. Selon lui, l’élevage du saumon peut être considéré comme un moyen de conservation du saumon sauvage, que ce soit en augmentant les populations sauvages ou en répondant à la demande croissante de produits marins sains.

L’industrie aquacole peut grandir

Le gouvernement provincial a invité l’industrie aquacole en 2020 à lui soumettre des déclarations d’intérêt pour établir de nouveaux élevages près d’autres rivières de la côte sud.

Les auteurs de l’étude estiment qu’il faudrait procéder ainsi pour mieux comprendre comment les changements climatiques et les maladies affectent le saumon.

Travis Van Leeuwen espère que l’étude sensibilisera le public aux difficultés de la rivière Conne. Il ajoute que les gouvernements, l’industrie et Miawpukek devraient se rassembler pour formuler une stratégie de restauration de la rivière.

D’après un reportage de Todd O'Brien, de CBC

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