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Le caribou de la Gaspésie poursuit son déclin

On voit un caribou mâle, de profil, avancer sur un sol rocheux, en hiver.

Il reste toutefois encore de l'espoir pour sauver la harde, selon un expert. (Photo d'archives)

Photo : SEPAQ/Denis Desjardins

Selon l'inventaire aérien réalisé à l'automne 2023, il resterait environ 25 caribous montagnards de la Gaspésie, dont la moitié a été mise en enclos cet hiver.

Il s'agit d'une baisse d'une dizaine d'individus par rapport au précédent inventaire.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, a évoqué ce nombre mardi à la fin de sa conférence de presse à Sainte-Anne-des-Monts.

Il était sur place pour annoncer un investissement de 60 millions de dollars pour la protection du caribou et le dévoilement d’une stratégie partielle, tout en reportant l'annonce de la stratégie globale.

Le rapport d’inventaire de 2023 mentionne aussi que le recrutement de la harde, c'est-à-dire la présence de faons, est le plus bas enregistré depuis cinq ans.

Selon les auteurs du rapport, il s’agit d’une problématique de reproduction [qui] impose de se questionner sur les paramètres métaboliques ou physiologiques des individus, tels que la fertilité, le taux de gestation, la sensibilité aux infections ou encore les malformations.

Par ailleurs, aucun faon n’a été observé dans le groupe de caribous du secteur autour du mont Logan, à l’ouest du parc national de la Gaspésie, ce qui indique que ce groupe fait face à un risque de disparition marqué dans un avenir rapproché.

Deux caribous s'alimentent.

La harde de caribous de la Gaspésie est le dernier troupeau présent au sud du fleuve Saint-Laurent. (Photo d'archives)

Photo : gracieuseté de Louis Fradette

Le rapport mentionne aussi que le nombre de caribous dans le secteur du mont Albert continue de décliner. De moins de 10 individus en 2021, ce nombre est passé à 2 individus en 2023. Aucun faon n’y est non plus observé depuis deux ans.

Selon le document, la présence de randonneurs, notamment sur le mont Jacques-Cartier, durant les inventaires de 2022 et 2023 ou durant les jours précédant les inventaires ont rendu la détection de caribous plus ardue.

Afin d’obtenir les résultats les plus fiables possibles, on doit éviter le dérangement par les randonneurs avant et durant les inventaires, écrivent les auteurs.

Selon eux, des mesures visant à limiter ou à réduire le dérangement occasionné par les activités récréatives devraient être mises en place, particulièrement dans les jours précédant l’inventaire, afin d’optimiser les conditions de détection.

Depuis 2020, le ministère estimait la population de caribous en Gaspésie à 34 à 38 individus, selon l'année.

Un inventaire aérien du caribou montagnard est réalisé annuellement à l’automne, durant la période de rut.

Mise en enclos

Fin février, le ministère de l'Environnement a procédé à la capture et à la mise en captivité de 13 caribous adultes, soit 10 femelles et 3 mâles.

Par communiqué, le ministère indique que la garde en captivité des caribous a pour but d'assurer la protection des populations en situation très précaire en les plaçant temporairement à l'abri de la prédation, dans l'attente de conditions d'habitat favorisant leur autosuffisance.

En 2023, la mise en enclos de six caribous par le ministère avait tourné au désastre. Deux femelles gestantes avaient perdu leur faon au printemps. Une de ces femelles était aussi décédée par la suite.

Je ne sais pas si la méthode est bonne, on peut se questionner. Si le bilan est encore négatif, c’est nous qui allons faire disparaître l’espèce à cause des moyens employés et surtout à cause de la destruction de l’habitat, qui va se poursuivre malgré la stratégie annoncée, prévient Louis Fradette, porte-parole du Comité de protection des monts Chic-Chocs.

Ne pas jeter l’éponge

Pour Martin-Hugues Saint-Laurent, professeur en écologie forestière à l’Université du Québec à Rimouski, il y a encore de l’espoir pour éviter la disparition de la harde de caribous de la Gaspésie.

On sait comment faire, mais on ne sera pas capable de remettre des caribous dans cet habitat si on ne le répare pas. Le réparer, ça signifie arrêter de l'abîmer, explique-t-il.

Le biologiste réitère l’importance de restaurer l’habitat du caribou autour du parc national de la Gaspésie, ce qui signifie notamment limiter le rajeunissement de la forêt causé par l’aménagement forestier et fermer les chemins forestiers, véritables autoroutes à prédateurs.

Il faut vraiment réussir à reconstruire quelque chose de plus large que ça, sans quoi toutes les mesures qu’on prend, comme le contrôle des prédateurs, les enclos de captivité ou la réintroduction, seront vouées à l’échec, prévient-il.

Il ne faut pas que le parc de la Gaspésie soit un petit îlot perdu au sein d’une mer de coupes forestières.

Une citation de Martin-Hugues Saint-Laurent, professeur en écologie forestière à l'Université du Québec à Rimouski

Selon lui, la harde de la Gaspésie pourrait connaître le même sort que celles de Charlevoix ou de Val-d’Or, qui sont confinées en enclos, si son habitat n'est pas réparé rapidement.

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