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Les toilettes mixtes interdites dans les écoles publiques du Québec

Bernard Drainville en mêlée de presse.

Le ministre Drainville est venu à la rencontre de la presse parlementaire, mercredi matin, pour défendre sa décision d'interdire les toilettes mixtes dans les écoles publiques du Québec.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Les centres de services scolaires du Québec devront maintenant faire en sorte que les toilettes et les vestiaires qui seront construits ou rénovés dans les écoles primaires et secondaires de la province soient « genrés » afin de respecter une nouvelle directive gouvernementale publiée mercredi dans la Gazette officielle.

La polémique remonte à l'an dernier, quand une pétition avait été lancée afin de dénoncer l'intention de l'école secondaire D'Iberville de Rouyn-Noranda de transformer des salles de bain identifiées au départ pour les filles et les garçons en un bloc sanitaire mixte.

Certains opposants avaient alors perçu cette décision comme une manière d'accommoder indûment les élèves trans et non binaires.

Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, avait déclaré que l'établissement devrait effectivement « rectifier le tir », notamment pour éviter que des jeunes filles ressentent de l'inconfort et subissent de l'intimidation. François Legault avait aussi émis de sérieuses réserves sur le sujet.

Pour trancher ce genre de débat, M. Legault avait chargé la ministre de la Famille, Suzanne Roy, de mettre sur pied un « comité de sages », dont la composition a été annoncée en décembre dernier.

Or, Bernard Drainville n'a finalement pas attendu l'avis desdits « sages » pour trancher la question.

Je l'avais annoncé l'automne passé, qu'on allait aller de l'avant avec cette directive, s'est défendu le ministre en mêlée de presse, mercredi, ajoutant avoir confiance que les membres du comité n'arriveront pas à la conclusion inverse.

Une question d'intimité et de bien-être

La nouvelle directive, avalisée par le Conseil des ministres, entre en vigueur immédiatement.

C'est une question d'intimité; c'est une question de bien-être; et c'est une question de respect de la vie privée, a plaidé M. Drainville, mercredi.

Moi, je pense que nos garçons et nos filles, dans les écoles, ils ont le droit d'avoir un espace d'intimité.

Une citation de Bernard Drainville, ministre de l'Éducation du Québec

La directive en question prévoit que les centres de services scolaires [mettent] en œuvre les moyens dont ils disposent pour que toutes les toilettes et les vestiaires qui seront construits ou rénovés dans le futur [...] soient genrés (garçons/filles).

Les écoles en construction dont l'avancement de la conception est supérieur à 30 % pourront toutefois conserver leurs toilettes mixtes. On est des gens pragmatiques. On ne veut pas retarder l'avancement des travaux des nouvelles écoles, a plaidé Bernard Drainville, mercredi.

La nouvelle directive du ministre invite en outre les centres de services scolaires à s’assurer de prévoir des toilettes individuelles, universelles et accessibles sans restriction pour les élèves qui en ont besoin ou qui souhaitent les utiliser.

Ces installations, mentionne-t-on, doivent être appropriées, sécuritaires et situées à des endroits stratégiques permettant une surveillance adéquate, comme dans une aire de circulation commune.

Les écoles qui ont déjà des toilettes mixtes, elles, pourront les conserver.

Ces dispositions respectent les droits de tout un chacun, a fait valoir le ministre Drainville, mercredi. C'est une solution qui est très respectueuse et qui est très équilibrée, a-t-il encore plaidé.

Des enjeux liés au genre de plus en plus présents

Le débat sur les toilettes mixtes qui a fait rage l'automne dernier s'inscrit dans un contexte plus large, alors que plusieurs enjeux ayant trait à l'identité de genre ont fait les manchettes durant cette période.

En Montérégie, par exemple, l'école de Richelieu a créé la polémique en recrutant parmi son personnel enseignant une personne non binaire appelée « Mx Martine » (prononcer « Mix Martine »), qui rejette les appellations Monsieur ou Madame.

Le combat d'Alexe Frédéric Migneault pour obtenir le marqueur de sexe X sur ses pièces d’identité délivrées par le gouvernement du Québec a également marqué les esprits. Québec lui a par ailleurs donné raison, en mars dernier.

Les conclusions du « comité de sages » seront dévoilées l'hiver prochain.

Interrogée sur le sujet, la ministre Roy n'a pas voulu dire s'il pourrait faire renverser la directive de son gouvernement. Je n'irai pas dans les hypothèses, on va leur laisser faire leur travail, a-t-elle dit. Le comité des sages pourrait nous émettre un commentaire sur ce sujet-là, comme sur plein d'autres sujets.

Selon des chiffres fournis par le cabinet du ministre Drainville à Radio-Canada, le réseau scolaire québécois comptait l'automne dernier 1453 blocs sanitaires mixtes sur 12 667 (11 %), ainsi que 196 vestiaires mixtes sur 4448 (4 %).

Ces données, recueillies auprès de 70 des 72 centres de services scolaires de la province, montraient aussi que 301 des 3014 bâtiments du réseau (10 %) ne disposaient que de blocs sanitaires mixtes.

Appelé à commenter la nouvelle directive, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a qualifié celle-ci de raisonnable.

Il a toutefois déploré que le gouvernement n'ait pas suivi sa recommandation de convoquer des experts en commission parlementaire, optant plutôt pour la formation d'un « comité de sages » qui, finalement, n'aura pas été entendu sur le sujet.

Le Parti libéral, de son côté, a rappelé que le ministère de l'Éducation avait en 2021 publié dans un guide à l’intention des milieux scolaires dans lequel il jugeait approprié de prévoir des lieux d'intimité neutres permettant le libre choix des élèves et du personnel.

Est-ce que le gouvernement tient toujours à leur document?, a demandé sa porte-parole pour la communauté 2SLGBTQIA+, Jennifer Maccarone, en point de presse.

Le leader parlementaire de Québec solidaire, Alexandre Leduc, a déclaré quant à lui ne pas comprendre que ce soit une priorité du ministre de l'Éducation au Québec en ce moment d'interdire des toilettes mixtes.

Ça ne me rentre pas dans la tête, a-t-il dit. Il n'a rien de plus important que ça à gérer? C'est sur ça qu'il veut investir son temps et son énergie? OK, c'est son choix.

Avec les informations de Mathieu Gohier et de La Presse canadienne

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