En route vers une limitation du nombre de pêcheurs sur la Bonaventure

Le nombre de pêcheurs de saumons autorisés sur la rivière Bonaventure sera minimalement stabilisé, voire diminué, en vue de la saison 2025. Une stratégie en ce sens sera présentée cet automne par leur association.

L'Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure (APSB), qui gère la ZEC du même nom, tenait son assemblée générale annuelle (AGA) mardi soir. Près d’une centaine de ses membres y ont pris part.

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L’APSB a indiqué, à cette occasion, être à l’étape de colliger les suggestions et commentaires reçus lors de deux consultations des membres qui ont eu lieu les 6 et 13 février. Quelque 140 personnes ont eu l’occasion de se faire entendre sur les moyens à prendre afin de mieux protéger le saumon de l'Atlantique. C’est notre mandat premier, donc pour nous, c’est ce qui prime, lance d’emblée le président de l’APSB, André Hébert.

La population de saumons sur la Bonaventure est quand même en santé. Ça ne veut pas dire qu’on ne doit rien faire, ajoute-t-il. Environ 1300 remises à l’eau se font annuellement, mais celles-ci ne sont pas toutes déclarées, convient l’APSB.

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Le Plan global de gestion de la pêche 2025, que compte élaborer l’organisation, contiendra également des mesures visant à améliorer l’expérience des très nombreux pêcheurs sportifs s’exerçant sur la mythique rivière.

Beaucoup de pêcheurs se plaignent que l’expérience n’est plus ce qu’elle était sur la rivière, dû au grand nombre de pêcheurs. Ils se retrouvent, des fois, 10 ou 12 personnes sur des fosses importantes, donc il faut qu’ils attendent. Il n’y a plus la même quiétude qu’il y avait.

Selon M. Hébert, cette stratégie permettra également aux pêcheurs récréatifs de faire partie de la solution en ce qui a trait aux enjeux de cohabitation sur la rivière Bonaventure, ceux-ci ayant enregistré une présence record en province à l’été 2023, avec 9372 jours pêche. Pour nous c’est important de [démontrer] qu’on fait notre part, aussi, de notre côté.

1200 façons de voir les choses

André Hébert admet qu’élaborer ce plan sera complexe. Il convient que l’APSB compte environ 1200  membres qui ont quasiment autant d’avis différents, parfois aux antipodes. L’heure sera donc au compromis. On n’aura pas le choix, note M. Hébert. Tout le monde va devoir mettre, un petit peu, de l’eau dans [son] vin.

Déjà, vous pouvez voir que ce ne sera pas simple, simple, simple. On a beaucoup de travail […], a lancé le président aux membres lors de l’assemblée, rappelant que l’APSB a été mandatée de se prêter à cet exercice lors de l’AGA 2023.

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Comme des tendances se dégagent déjà des suggestions récoltées jusqu’ici, le regroupement peut déjà avancer que les pêcheurs seront limités dans certains secteurs du cours d’eau, et ce, pour une période donnée. Des fosses pourraient également être déplacées d’un secteur à un autre.

Le document proposera autant des changements à entériner au sein de l’organisation que des demandes adressées au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MLCCFP) pour que certains règlements provinciaux soient modifiés.

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En attendant que le processus soit complété, la ZEC de la rivière Bonaventure a mis sur pause ses activités de promotion, par exemple ses écoles de pêche destinées à la gent féminine.

Nos journées d’initiation aussi sont mises sur pause pour la saison 2024, le temps qu’on brasse tout ça […], a expliqué Ronald Cormier, directeur général de la ZEC de la rivière Bonaventure. C’est décevant, il y a plusieurs personnes qui appellent, note-t-il, précisant que les personnes intéressées sont redirigées vers les autres rivières gaspésiennes, par exemple celles de Gaspé et de Nouvelle.

Une remise à l’eau de tous les saumons, petits et grands?

Les pêcheurs de saumons de la rivière Bonaventure présents mardi soir se sont par ailleurs prononcés majoritairement en faveur de la remise à l'eau obligatoire de tous les saumons qui y sont pêchés.

Deux membres de l'APSB ont présenté une motion qui a été adoptée de justesse. Elle proposait que le conseil d'administration soit mandaté de demander une telle autorisation au provincial. Ses instigateurs s'inquiètent de la baisse du nombre de petits saumons constatés en province l'an dernier, notamment sur la Côte-Nord.

Selon le Bilan de l’exploitation du saumon 2023 publié par le ministère, les rivières du Québec ont fait face, en 2023, à une baisse moyenne de montaisons de madelaineaux de 65 %. C’est énorme!

Le président de l'association n'a pas caché qu'il s'opposait à cette motion. André Hébert juge cette initiative superflue, notamment parce que l'APSB planche déjà sur l'élaboration du plan qui comprendra des mesures de protection du saumon.

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On dit qu’il est important et primordial pour nous de regrouper en une demande tout ce qu’on veut, et non de les faire à la pièce.

Les grands saumons de la Bonaventure sont déjà obligatoirement remis à l'eau, et ce, depuis 2019. L'association de pêcheurs avait à l’époque demandé, à l'unanimité, une autorisation en ce sens à Québec.

Le déclin de la population des grands saumons était à ce moment perceptible depuis 10 ans, fait remarquer André Hébert. Ce dernier doute d'ailleurs fortement que le provincial ira de l’avant avec la suggestion, d'autant plus que cette dernière a fortement divisé les membres présents.

Pour sortir du plan de gestion, ça prend des éléments exceptionnels.

Mario Dussault, son vice-président, a néanmoins précisé que le conseil d’administration est contraint d’aller de l’avant. On n’a pas le choix, il faut présenter la motion, a-t-il indiqué, ajoutant que la balle sera alors dans le camp du MELCCFP.

Québec a estimé le nombre de petits saumons de la rivière gaspésienne à 377 à la fin de la saison 2023. Aucun décompte formel n'a toutefois pu être réalisé sur la Bonaventure en raison du niveau des eaux.