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Québec octroie 59,5 M$ pour la protection du caribou

Gros plan de la tête d'un caribou de la Gaspésie.

Les caribous sont en danger au Canada, au point d’être devenus un enjeu politique. (Photo d'archives)

Photo : iStock / pchoui

Le gouvernement du Québec annonce l'octroi de 59,5 M$ pour financer la protection du caribou. Des projets régionaux de même qu'une série de consultations seront déployés en Gaspésie et dans Charlevoix, notamment auprès des communautés autochtones.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Benoit Charette, en a fait l’annonce mardi à Sainte-Anne-des-Monts, en compagnie de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.

Le communiqué de presse envoyé par le MELCCFP mardi fait état d'un octroi de 59,5 millions de dollars pour la protection du caribou de la Gaspésie et de Charlevoix. Dans le but de protéger les populations de caribous forestiers de Charlevoix et de caribous montagnards de la Gaspésie, le gouvernement du Québec annonce un investissement de 59,5 millions de dollars qui permettra de mettre en œuvre deux projets régionaux et des mesures de conservation de l’espèce et de son habitat, peut-on lire dans les premières lignes du communiqué.

Or, le ministre Charette a indiqué, lors de la période de questions suivant la conférence de presse, que la somme était destinée à l'ensemble de la province.

Les régions de la Gaspésie et de Charlevoix ont été particulièrement ciblées parce que les hardes dans ces deux secteurs sont particulièrement vulnérables et ce sont des régions qui n’ont pas subi de plein fouet les impacts des feux de forêt de l’été dernier, a expliqué Benoit Charette en point de presse.

Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Benoit Charette, en compagnie de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, lors de l'annonce du 30 mai 2024.

Québec a repoussé à de nombreuses reprises ces dernières années le dépôt d’une stratégie de protection du caribou, notamment l’an dernier en raison des importants feux de forêt.

Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Deschênes

Selon le gouvernement, l’approche servira à accroître la prévisibilité pour les communautés locales, notamment les communautés autochtones, qui ont un lien privilégié avec le caribou et son habitat, tout en assurant un développement économique régional en harmonie avec la protection de l’espèce.

Le gouvernement compte notamment mieux protéger une zone de 96 km2 au Mont-Vallières-de-Saint-Réal, près du Parc national de la Gaspésie, un secteur où il y a de nombreux claims miniers.

On ne parle pas d’une aire protégée, mais de mesures administratives compte tenu d’enjeux miniers, a précisé Benoit Charette.

Québec va aussi agrandir de 4826 km2 la superficie de la réserve de biodiversité des caribous forestiers de Manouane-Manicouagan.

Sur les 59,5 millions de dollars, 7,5 millions iront au suivi et à la gestion des populations de caribous. Québec octroie aussi 7 millions de dollars pour l’année 2024-2025 pour favoriser le retour de peuplements d'arbres à dominance résineuse et compte poursuivre l’application de mesures intérimaires dans l’habitat du caribou en Gaspésie et dans Charlevoix, ainsi que le moratoire sur la coupe forestière à Val-d’Or.

Le Québec mènera un processus de consultation sur les projets régionaux jusqu’au 30 juillet.

Vives déceptions

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Steven Guilbeault, a vivement réagi, déplorant l’absence d’engagement de Québec à réduire le taux de perturbation dans l’habitat du caribou afin qu’au moins 65 % du territoire de ce dernier, pour chacune des populations de caribou, soit non perturbé.

De plus, la stratégie est silencieuse sur plusieurs populations de caribou, le gouvernement du Québec doit publier une stratégie pour l’ensemble des populations de caribou boréal au Québec, incluant des mesures intérimaires immédiates, ajoute-t-il.

Le caribou est emblématique du Canada et des actions supplémentaires sont nécessaires pour en assurer la survie.

Une citation de Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada
Le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, prend la parole au pavillon du Canada à la COP28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 4 décembre 2023.

Le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault

Photo : Radio-Canada / Kyle Bakx/CBC

Ottawa avait menacé d’intervenir pour protéger le cervidé si Québec ne présentait pas de stratégie de protection le 1er mai au plus tard.

Pour sa part, Nature Québec juge inacceptable que la stratégie complète de protection du caribou promise depuis cinq ans ne soit toujours pas dévoilée et croit que cela ouvre la porte toute grande à une intervention du fédéral.

La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) estime aussi qu’Ottawa devrait agir.

En l’absence d’échéancier clair pour le dépôt d’une stratégie caribou pour l’ensemble du territoire et face à l’urgence d’agir, nous maintenons notre demande d’une intervention rapide du gouvernement fédéral pour protéger de façon ciblée les hardes au bord du gouffre, notamment celle du Pipmuakan, a déclaré Alain Branchaud, biologiste et directeur général à la SNAP Québec.

Selon l'organisme, Québec propose des modifications au Règlement sur les habitats fauniques, en ajoutant deux nouveaux types de territoire : les massifs de conservation et les zones d’habitat en restauration (ZHR).

L’organisme juge qu'avec ces ajouts, Québec propose quand même une stratégie flexible et prometteuse pour le rétablissement de l'espèce pour la Gaspésie et dans Charlevoix, avec notamment la création de deux grandes zones d’habitat en restauration d’environ 5000 km2 et des massifs de conservation de 910 km2 en Gaspésie et de 2300 km2 dans Charlevoix.

La proposition gouvernementale laisse entendre que la foresterie industrielle sera interdite dans les massifs de conservation et assujettie à un avis faunique favorable du ministre de l’Environnement dans les ZHR. Des activités minières pourraient toutefois y être permises, sous certaines conditions.

Les outils complémentaires, comme les massifs de conservation et les zones d’habitat en restauration, gagneraient à être simplifiés et renforcés pour éviter des perturbations additionnelles dans l’habitat du caribou. Il nous apparaît contre-productif d’autoriser des activités destructrices dans des zones où l’on travaille à restaurer l’habitat pour le caribou, ajoute Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation à la SNAP-Québec.

Réactions en Gaspésie

Le préfet de la Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez, estime que le gouvernement a entendu le milieu. Sans dire si c’est bon ou mauvais, je pense que l’aspect de collaboration avec les acteurs du milieu est pris en considération et c’est ce qui compte, estime-t-il.

Le caribou forestier de Charlevoix a été désigné espèce vulnérable en 2005 et le caribou montagnard de la Gaspésie est considéré comme une espèce menacée depuis 2009.

Québec a repoussé à de nombreuses reprises ces dernières années le dépôt d’une stratégie de protection du caribou, notamment l’an dernier en raison des importants feux de forêt.

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