La neige apporte une lueur d’espoir contre la sécheresse en Alberta
Le réservoir d’Oldman, dans le sud de l'Alberta, était rempli à 35 % de sa capacité, d’après la dernière mise à jour des données provinciales le 16 avril. La moyenne pour cette période de l’année se situe entre 61 % et 82 %.
Photo : Radio-Canada / Anne Levasseur
Le manteau blanc qui recouvre le sud de l’Alberta est une bonne nouvelle pour les régions qui sont déjà en proie à la sécheresse, annoncent des experts en ressources naturelles.
D’ici jeudi, jusqu’à 25 centimètres de neige sont attendus. La chercheuse du Département de la Terre, de l'énergie et de l'environnement à l'Université de Calgary Cathy Ryan s'en réjouit.
C'est une bonne nouvelle
, déclare la spécialiste en science de l'eau. Je pense que nous devons continuer à espérer des précipitations régulières entre aujourd'hui et la fin de juin.
Elle a bon espoir que la province connaîtra une année hydrologique meilleure que celle qu'on craignait
.
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Cathy Ryan, qui vit en Alberta depuis près de 30 ans, rappelle à la blague le climat intéressant
de la province.
Le mois de juin est habituellement le plus pluvieux, et du même fait, celui qui connaît les plus importantes chutes de neige.
En revanche, la spécialiste de l’eau souligne que des précipitations importantes ne sont pas nécessairement synonymes de remède à la sécheresse.
Toute précipitation est bien accueillie, tant que nous n'avons pas 25 centimètres suivis de nombreuses journées chaudes avec une fonte rapide
, dit-elle.
L'excès de précipitations empêche l’eau de bien infiltrer le sol, explique-t-elle.
Ce phénomène est beaucoup plus rare dans les cas de précipitations de neige, comme le précise Christine Rivard, chercheuse en hydrogéologie à la Commission géologique du Canada.
Quand il y a des pluies torrentielles, peu d'eau s'infiltre [dans le sol]
, dit-elle. Les précipitations de neige, en fondant graduellement, permettent à l’eau de pénétrer plus graduellement, ajoute la chercheuse.
Les Prairies durement touchées par la sécheresse
Ce n’est un secret pour personne si on habite le sud de l’Alberta ou de la Saskatchewan : les Prairies sont en proie à la sécheresse.
Christine Rivard voit une différence marquée entre ces deux provinces et le Québec, où elle réside.
[Au Québec] on a annuellement environ 1000 millimètres de précipitations, tandis que, dans les Prairies, en général, c'est moins de 600 millimètres, et même à certains endroits, c'est moins de 300 millimètres.
Cette carte du 31 mars montre des conditions de sécheresse sévères au sud, mais aussi dans le nord de l'Alberta.
Photo : Gracieuseté du gouvernement du Canada
Cela fait dire à la spécialiste de l'eau Cathy Ryan que la province doit repenser son système d’allocation des ressources hydriques pour qu'on n'ait pas à utiliser ce système vieux d'un siècle
.
Elle précise que c'est particulièrement nécessaire dans un contexte de changement climatique et de population grandissante en Alberta.
Dans la province, toute entité qui prélève ou détourne de l'eau a besoin d'un permis pour ce faire. Les municipalités, les exploitations agricoles ou encore les compagnies pétrolières ont un numéro de priorité indiqué sur leur permis.
Le principe de priorité fonctionne sur la base du premier arrivé, premier servi, ce qui signifie que les permis les plus anciens sont les mieux classés. Ainsi, les titulaires des premiers permis ont le droit de prélever la totalité de la quantité d'eau allouée par leur permis avant que les autres puissent se servir.
Cathy Ryan explique qu'on améliorerait la gestion en prenant en considération l’écosystème des rivières et en les priorisant en fonction de l’usage des municipalités, des agriculteurs et des exploitants de pétrole.
Avec les informations de Camille Pauvarel et Taylor Lambert
