Des élèves se voient retirer leurs drapeaux palestiniens à Vaudreuil-Dorion
Durant la pause-dîner, plusieurs dizaines de parents et d’élèves, dont Fadwa Shalaby (qui regarde la caméra, à droite), ont marché jusqu’au bureau du député fédéral de Vaudreuil–Soulanges, Peter Schiefke, pour protester contre le retrait du drapeau palestien lors d’une activité interculturelle à l’école secondaire de la Cité-des-Jeunes.
Photo : Radio-Canada / Gabrielle Proulx
Des élèves issus de la communauté palestinienne de l’école secondaire de la Cité-des-Jeunes, à Vaudreuil-Dorion, qui se sont vu retirer leur drapeau lors d’un défilé, le 25 avril dernier, dans le cadre d’une journée multiculturelle, montrent des vidéos qui ont circulé en ligne. La direction de l’école affirme être intervenue « dans un souci de respect et de neutralité ».
Pendant le défilé, on a sorti notre drapeau de la Palestine, puis ils sont venus, puis ils l’ont arraché. Mais le truc, c’est que les autres drapeaux, ils ne les ont pas arrachés. Puis, là, quand on leur a dit non, c’est notre drapeau, ils ne nous l’ont pas laissé
, explique une élève de 5e secondaire à la Cité-des-Jeunes, Fadwa Shalaby.
Quand on a essayé d’avoir une explication, [les membres du personnel] ont dit : "On a fait ça avec tout le monde, pas juste avec vous." Puis, [ils] ont admis que c’était politique, pour des raisons politiques
, ajoute-t-elle.
Pour sa part, la direction de l’école maintient qu'aucun drapeau ne devait être affiché et que les élèves [en] étaient bien informés
avant la tenue de l’événement.
D’autres vidéos prises lors de l’activité interculturelle du 25 avril montrent d’autres élèves arborant librement le drapeau du Maroc ou du Khalistan, un territoire dont des sikhs pendjabis voudraient faire un État, sans intervention du personnel de l’école secondaire.
Je me suis sentie humiliée. Je ne comprenais pas pourquoi les autres, ils avaient le droit d’avoir leur drapeau, puis pas nous. Comment on devient trop politique juste avec un drapeau et puis notre identité?
Des parents ont marché avec plusieurs dizaines d’élèves de la Cité-des-Jeunes jusqu’au bureau de circonscription du député fédéral de Vaudreuil–Soulanges, Peter Schiefke, en guise de protestation.
Je trouve que c’est bizarre, je ne comprends pas. [...] Honnêtement, je sais qu’il y avait le drapeau de l’Algérie, du Maroc, tous les drapeaux avant eux, mais que ça a été seulement le drapeau de la Palestine qui a été retiré. C’est pour ça que les enfants étaient en choc
, souligne une mère ayant participé à la manifestation.
Des parents ont accompagné des élèves de la Cité-des-Jeunes dans leur marche de protestation.
Photo : Radio-Canada / Gabrielle Proulx
L'école de la Cité-des-Jeunes s’explique
Au lendemain de l’événement, le 26 avril, la direction de la Cité-des-Jeunes s’est adressée aux parents d’élèves dans une lettre.
Nous avons fait face à un incident imprévu lors du défilé. Quelques groupes d'élèves de différentes nationalités ont exhibé des drapeaux, en contradiction avec nos consignes. Dans un souci de préserver la neutralité et l'inclusivité de l'événement, les organisateurs ont tenté d’agir rapidement pour retirer tous les drapeaux. Des explications ont ensuite été fournies aux élèves concernés, dans un esprit de dialogue et de compréhension mutuelle. [...] Nous présentons nos plus sincères excuses à ceux qui ont pu se sentir blessés ou exclus par cet événement
, explique l’équipe de direction de l’école secondaire de la Cité-des-Jeunes.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, confirme qu’aucun mot d’ordre ou protocole n’a été dicté au réseau de l’enseignement dans le contexte de la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.
Sans commenter le cas de la Cité-des-Jeunes, il précise que nos écoles sont des milieux de plus en plus pluriethniques, des étudiants de toutes sortes de provenances, des étudiants qui ont des origines diverses, et puis, il faut apprendre à vivre ensemble [...] Je pense qu’il faut apprendre à se respecter et à exprimer nos convictions, mais d’une manière qui respecte les autres. Et je pense que dans la vaste majorité des cas, ça se passe bien.
