Dans la LCF, Kevin Mital est prêt à « tout prouver à nouveau »
Après avoir réécrit le livre des records du Rouge et Or en trois saisons à l'Université Laval, Kevin Mital devrait être l'un des premiers joueurs réclamé au prochain repêchage de la LCF.
Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf
Kevin Mital a gagné des championnats et battu des records presque partout où il est passé. Puis est arrivée sa saison 2023 perturbée par les blessures, un passage en Cour municipale et une suspension. À l’aube de faire le saut chez les pros, le receveur n’a rien perdu de sa confiance, mais il estime devoir « tout prouver à nouveau ».
Mon jeu ne va pas changer juste parce que je redeviens une recrue au prochain niveau. Je suis arrivé ici avec la confiance que j’ai toujours eue et je vais arriver dans la LCF de la même façon
, annonce d’emblée le footballeur de 24 ans.
Accoudé à une table du PEPS de l’Université Laval quelques mois après son dernier match en Rouge et Or, Mital n’a visiblement rien perdu de sa verve. Sourire en coin, la voix posée, il raconte candidement sa dernière année mouvementée et les objectifs ambitieux qu’il se fixe chez les professionnels.
J’ai gagné à quasiment tous les niveaux. J’ai reçu des prix individuels à la pelletée. Là c’est le temps de rentabiliser la chose
À dix jours du repêchage de la LCF, le Montréalais admet lire tous les repêchages simulés publiés dans les médias.Je me voyais vraiment en milieu de 2e ronde avant le combine. Là, selon ce que je lis, j’aurais beaucoup monté. J’entends que je sortirais dans les trois premiers. Moi, je me vois top-2. Je suis ce qu’Internet dit
, prédit-il.
Un incident qui laisse des traces
Habilement préparé par son entraîneur Guillaume Rioux pour les tests physiques, Mital a effectivement fait tourner des têtes aux essais nationaux de la LCF, fin mars à Toronto. Toutes les équipes du circuit, à l’exception des Elks d’Edmonton, ont tenu à le rencontrer en privé.
Kevin Mital a purgé une suspension d'un match, l'automne dernier, après avoir reçu sa sentence en Cour municipale.
Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin
Chaque fois, il a dû parler de l’altercation dans un bar de Québec pour laquelle il a plaidé coupable de voie de fait simple, l’automne dernier. Le receveur ne croit pas que l'incident nuise à la suite de sa carrière, mais il dit avoir appris sa leçon.
Parfois, j’ai amené le sujet moi-même, parfois les équipes l’ont amené, mais je voulais vraiment expliquer la situation de A à Z de ma perception. C’est sorti dans les médias d’une certaine manière
, relate celui a reçu une absolution inconditionnelle après avoir effectué 36 heures de travaux communautaires et payé 5000 $ de frais de dentiste à sa victime.
Au moment de rencontrer les Alouettes, Kevin Mital s’est également fait rappeler par le directeur général Danny Maciocia sa décision de joindre les rangs du Rouge et Or plutôt que les Carabins à l’époque où ce dernier dirigeait l’équipe de l’Université de Montréal.
À cause du lien entre Tony et Marco Iadeluca et Danny, tout le monde à Grasset allait aux Carabins. Moi, j’avais envie de casser ça. À l’époque, j’avais été souper chez Danny avec [Jonathan Sénécal] et je lui avais dit assez clairement que je n’irais pas à l’Université de Montréal. Il n’a pas oublié que je lui ai dit non
, raconte amusé l’ancien du Phénix d’André-Grasset.
Donner un spectacle
Recruté au sud de la frontière, Kevin Mital a finalement passé un an à l’Université de Syracuse avant de joindre les rangs du Rouge et pour trois saisons durant lesquelles il a capté plus de touchés que quiconque dans l’histoire du programme.
Kevin Mital et le Rouge et Or n'ont fait qu'une bouchée du Vert et Or en première demie, samedi soir.
Photo : Mathieu Bélanger
Quitter les États-Unis pour l’Université Laval a été la meilleure décision que j’ai prise. Je voulais avoir du fun durant mes études et faire un show un peu partout. C’est exactement ce qui s’est passé ici et ça a tellement passé vite.
Son style flamboyant flirtant parfois avec l’arrogance a fait le bonheur des partisans du Rouge et Or et le receveur n’a pas l’intention de l’abandonner chez les pros.
Il va juste falloir que j’évite les pénalités. C’est rendu un travail. Je ne veux pas être sur le chômage parce que je ne suis pas capable de fermer ma trappe
, blague celui qui n’a jamais eu la langue dans sa poche sur un terrain de football.
Le talent ne suffira plus
Au fil de sa carrière d’étudiant-athlète, le receveur admet avoir souvent triché
dans sa préparation parce que ses capacités athlétiques et son talent le lui permettaient. Ce ne sera plus le cas, promet-il, après cette dernière saison universitaire en deçà de ses attentes.
On s'entraîne avec des gars de la LCF et tu vois qu’ils ne négligent rien. Cette ligue-là va m'empêcher de tricher. Le talent ne suffira plus.
Auteur de 12 touchés et 751 verges de gain en huit matchs, Kevin Mital s'était mérité en 2022 le trophée Hec Crighton remis au joueur par excellence du réseau universitaire canadien.
Photo : Gracieuseté : Rouge et Or / Mathieu Bélanger
Comme tout joueur canadien, Mital s’attend à devoir d’abord faire sa place sur les unités spéciales dans la LCF, peu importe son rang au repêchage. La dernière fois que j’ai joué sur les unités spéciales, c’était à ma première année au collégial. Justin [Éthier] ne me le permettait pas avec le Rouge et Or, mais ils vont me montrer deux ou trois affaires et je vais être capable.
Si tout se déroule comme le souhaite le protégé de Glen Constantin, sa polyvalence sera d’ailleurs sa carte de visite chez les pros. Une fois qu’il aura sa chance en offensive, ce dernier se croit capable d’être un couteau suisse pouvant s’aligner un peu partout sur le terrain, dans le moule de Deebo Samuel chez les 49ers de San Francisco.
Mon but, c’est juste d’être le plus versatile pour que l'entraîneur se dise qu’au lieu d'en habiller trois, il peut juste m’habiller moi. Ça fait des années que je veux me comparer aux meilleurs. Là, je vais jouer contre des gars qui ont joué dans la NFL.
La NFL en tête
Sans mettre la charrue avant les bœufs, l’athlète de 1m85 (6’1’’) et 100 kg (221 livres) admet que son propre rêve de la NFL n’est pas enterré. Son ancien coéquipier à Syracuse, Matthew Bergeron, est aujourd’hui partant avec les Falcons d’Atlanta. Un autre ex-coéquipier, le Lévisien Geoffrey Cantin-Arku, devrait signer un contrat dans le circuit Goodell dans les prochaines semaines.
Kevin Mital restera l'un des joueurs les plus spectaculaires à avoir foulé le terrain du stade Telus.
Photo : Mathieu Bélanger / Rouge et Or
La NFL, je ne l’avais plus en tête, mais c’est revenu récemment. C’est un peu farfelu, mais j’ai un plan. Peut-être dans un an, peut-être dans trois ans, mais je pense que je vais avoir une opportunité.
Peu importe où sa carrière pro le mènera, Kevin Mital ne sera toutefois jamais bien loin du Rouge et Or. Il prévoit déjà revenir à Québec l’hiver prochain pour s’entraîner et compléter son baccalauréat en administration.
Les dix jours à London avec les boys après avoir battu Montréal en Coupe Dunsmore, la remontée de 17 points en demi-finale à Western et la Coupe Vanier qu’on a gagné ensuite, c’est un scénario de film. Ça va toujours rester gravé en moi.
