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La fin d’une époque pour l’information régionale au Québec

René Dufresne tient dans ses mains la dernière édition papier du quotidien, prévu le samedi 29 décembre. Son bureau déborde de journaux.

René Dufresne, directeur de la production au journal Le Soleil, tient dans ses mains la dernière édition papier du quotidien, prévue le samedi 30 décembre.

Photo : Radio-Canada / Mireille Roberge

La dernière édition papier des six quotidiens membres des Coops de l'information a été livrée samedi matin à travers le Québec. Ce moment marque la fin d’une époque pour l’information régionale, mais aussi la perte de nombreux emplois.

Le Droit (Gatineau/Ottawa), Le Nouvelliste (Trois-Rivières), Le Quotidien (Saguenay–Lac-Saint-Jean), Le Soleil (Québec), La Tribune (Sherbrooke) et La Voix de l’Est (Granby) miseront dorénavant sur le web et les applications mobiles pour atteindre leur lectorat.

Depuis mars 2020, les six journaux régionaux limitaient leur publication papier au samedi. La pandémie et la perte de revenus publicitaires ont précipité leur décision de se consacrer entièrement au numérique.

Il y a une petite nostalgie, a reconnu Valérie Gaudreau, rédactrice en chef du Soleil, vendredi, à l’émission Tout un matin.

Elle et les membres de son équipe préfèrent se tourner vers l’avenir plutôt que de pleurer la disparition de l’édition papier de leur journal, qui est implanté dans la ville de Québec depuis 127 ans.

C’est la fin d’une page, mais ce n’est pas la fin de l’information [...] Ultimement, c’est pour assurer notre avenir. L’information, Le Soleil continuent d’exister.

Une citation de Valérie Gaudreau, rédactrice en chef du Soleil

Mais pour plusieurs, comme les camelots et les livreurs, la fin de l’édition papier signifie la perte de leur emploi. Certains avaient le cœur lourd samedi matin, après une dernière nuit de travail.

C’est le cas de Stéphane Côté, qui est camelot pour Le Soleil depuis une vingtaine d'années. Avant lui, son grand-père avait travaillé à la livraison et à l’impression du journal.

Stéphane Côté tient un exemplaire du journal.

Camelot depuis 23 ans, Stéphane Côté a livré la dernière édition du journal « Le Soleil ».

Photo : Radio-Canada / Magalie Masson

C’est la fin d’une époque, a-t-il dit en entrevue à Radio-Canada. J’ai plusieurs clients qui m’ont envoyé des cartes de Noël pour me remercier; plusieurs clients auraient aimé que ça continue. Mais on prend la vie comme elle est et on fera autre chose.

Sa collègue Lyne Lacombe, qui est livreuse depuis 28 ans, avait aussi un pincement au cœur samedi. C’est notre travail de plusieurs années, alors ça fait quelque chose. Mais c’est terminé, on n’a pas le choix.

Une question de survie

La fin de l’édition papier des quotidiens membres des Coops de l’information résulte des compressions budgétaires qui ne cessent de s’accentuer dans le milieu des médias. Cette décision était devenue quasi inévitable pour assurer la survie financière de ces journaux régionaux.

Le modèle économique ne tient plus pour une coop à but non lucratif comme nous. On est très fiers d’avoir tenu le fort aussi longtemps que possible avec ce médium-là.

Une citation de Hugo Fontaine, directeur général de La Tribune

Comme l’équipe du Soleil à Québec, celle de La Tribune a choisi de souligner la fin de l’édition papier avec un numéro spécial volumineux qui retrace l’histoire du journal dans la ville de Sherbrooke, où il rapporte l’actualité depuis 114 ans.

Un homme regarde son écran d'ordinateur.

Serge Denis et l'équipe de « La Tribune » ont produit la dernière édition papier du quotidien sherbrookois.

Photo : Radio-Canada / Arianne Béland

Serge Denis, chef de pupitre pour l’édition papier, a travaillé à l’élaboration de ce numéro spécial pour son dernier jour de boulot. Après une carrière de 32 ans, il est prêt, comme son journal, à prendre un nouveau départ.

Il n’y a pas d’inquiétude, juste un petit chagrin. Comme quand les vinyles sont disparus. Voyons si le papier va revenir comme le vinyle est revenu.

Une citation de Serge Denis, chef de pupitre au journal La Tribune

En 2019, Le Droit, Le Nouvelliste, Le Quotidien, Le Soleil, La Tribune et La Voix de l’Est avaient fait l’objet d’une restructuration importante et avaient été regroupés dans une toute nouvelle entité, la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i).

Les six quotidiens étaient alors menacés de fermeture après que leur propriétaire, le Groupe Capitale Médias, se fut placé sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Le plan de sauvetage a permis de maintenir les six journaux en les transformant en coopératives.

Avec les informations de Magalie Masson, Ariane Béland et Philippe L’Heureux

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