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L’histoire autochtone de la colonisation de New York exposée à Amsterdam

Une vue de Manhattan avec une épaisse couche de smog.

Le mot Manhattan vient de Manahahtáanung, que les Autochtones utilisaient pour décrire l'île. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / BRENDAN MCDERMID

Agence France-Presse

« Manahahtáanung ou Nouvelle-Amsterdam? » Une exposition fait cette semaine la lumière sur l'histoire, méconnue aux Pays-Bas, d'Autochtones victimes il y a 400 ans de la conquête néerlandaise de ce qui allait devenir New York.

À travers des témoignages vidéo, objets historiques, traditionnels et œuvres d'art, des descendants des Lenape racontent à Amsterdam la violence à l'encontre de leurs ancêtres après l'arrivée de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales sur la baie de Manhattan au début du 17e siècle.

Beaucoup de gens ici aux Pays-Bas ne savent rien des Lenape, le peuple autochtone qui a accueilli les Néerlandais lorsqu'ils ont débarqué sur nos côtes en 1624, pointe Sherry Huff.

Cette exposition est un début, ajoute-t-elle à l'AFP.

Mme Huff est l'une des descendantes Lenape à avoir donné sa voix et contribué à l'exposition qui ouvre jeudi au musée de la ville d'Amsterdam à l'occasion du 400e anniversaire de l'installation néerlandaise.

Elle se concentre sur la culture et la perspective des Autochtones sur une partie de l'histoire souvent oubliée de l'établissement de la Nouvelle-Amsterdam.

Est notamment relatée une lettre écrite par le commandant Pieter Schaghen en 1626, seule trace de l'achat de Manhattan pour la somme de 60 florins (ancienne monnaie des Pays-Bas).

Colère et incompréhension persistent toujours chez les descendants d'une communauté qu'ils disent matriarcale et proche de la nature, qui considère qu'un territoire ne doit pas avoir de propriétaire.

Nous n'avons rien d'écrit à part la lettre qui a été renvoyée dans un manifeste de bateau pour déclarer que l'île était en cours d'achat, s'insurge le chef Urie Ridgeway, qui a lui aussi participé à l'exposition.

Nous n'avons pas de collier wampum, ajoute-t-il à l'AFP, évoquant ces pièces en perles de coquillages, symboles monétaires, ou d'engagement, chez les Lenape.

L'une d'entre elles, inachevée, trône dans une des pièces de l'exposition.

Un castor empaillé rappelle dans une pièce le commerce de peaux de castor d'abord organisé entre les Lenape et les Néerlandais.

Faire face à l'histoire coloniale

Si les Pays-Bas ont fait des efforts ces dernières années pour affronter leur histoire coloniale, la violence envers certaines communautés autochtones reste sous-représentée dans les livres d'histoire.

Lorsque les Néerlandais sont arrivés, la relation était assez simple, explique le chef Urie Ridgeway.

L'entente s'est vraiment détériorée lorsque le gouverneur Willem Kieft des Nouveaux-Pays-Bas a mené une guerre sanglante contre les Autochtones, entre 1643 et 1645, raconte-t-il.

Les colons ont également, selon l'exposition, amené des esclaves à la Nouvelle-Amsterdam, qui ont participé à sa construction et ont été utilisés pour combattre les Lenape.

Des maladies venues d'Europe ont elles aussi fait de nombreuses victimes. Les colons ont délibérément rendu impossible au peuple autochtone de maintenir son mode de vie et sa culture, explique le musée.

Des milliers de Lenape ont été tués, poursuit le leader de la Nanticoke Lenape Nation. C'est l'histoire avec laquelle nous devons vivre, ajoute-t-il.

Mais la chose la plus importante que nous aimerions dire, c'est que nous sommes toujours là.

En 1664, les Britanniques conquièrent à leur tour la colonie néerlandaise. Qui deviendra, dans les siècles qui suivront, New York.

Je cherche une sorte de réparation

Longtemps, les Lenape, aujourd'hui dispersés à travers les États-Unis et au Canada, sont restés absents des célébrations des anniversaires de la ville emblématique.

Les temps changent, salue Mme Huff, qui a grandi dans le sud du Canada. Elle-même raconte avoir appris récemment que ses ancêtres étaient liés à Manhattan.

Une poignée de personnes parlent la langue ancestrale aujourd'hui, alors que le monde entier connaît le mot Manhattan, qui vient de Manahahtáanung, que les Autochtones utilisaient pour décrire l'île. Ironique, pointe-t-elle.

Elle espère qu'il s'ensuivra un retour à la nature dans la métropole, ainsi qu'une reconnaissance et une voie à suivre pour les Autochtones. Je cherche une sorte de réparation.

L'exposition sera accessible au public jusqu'au 10 novembre. Une suite doit être présentée au musée de la ville de New York – qui a collaboré à l'exposition – à l'automne 2025.

Tom van der Molen, un des commissaires de l'exposition, espère que les visiteurs comprendront qu'il y a plus de perspectives sur l'histoire qui a été canonisée dans l'histoire européenne. Certains parlent encore [...] de ces courageux héros navals qui ont été partout et qui ont découvert un nouveau monde.

L'exposition montre qu'il y avait effectivement des gens qui vivaient là, et qu'ils y sont toujours et vivent encore avec les conséquences de cette histoire.

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