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[Reportage] Kanaval, l’histoire d’un enfant et « de tout un pays »

Le long métrage, qui a pris l'affiche au Québec le 3 mai, raconte l'histoire de Rico, un jeune Haïtien arrivé au Canada avec sa mère dans les années 1970.

Une jeune homme est adossé sur le devant d'un camion les bras croisés et regarde vers le ciel.

Selon la productrice Daniela Mujica, le film de Henri Pardo rend hommage au tissu migratoire canadien.

Photo : Maison 4:3

Une femme regarde la caméra et sourit légèrement.
Paloma Martínez Méndez

Daniela Mujica est arrivée au Canada à l'âge de 3 ans. Elle est née au Pérou, où ses parents s'étaient exilés après le coup d'État de 1973 au Chili.

La productrice a été enchantée par l'histoire de Rico, peut-être en raison de son parcours personnel ou encore de son intérêt pour les récits d'immigrations, qui ont peu de place dans les médias canadiens et québécois.

J'ai été séduite par l'histoire. Ce garçon de 9 ans arrive au Canada avec sa mère et est convaincu d'avoir atterri sur une planète remplie d'extraterrestres. J'ai trouvé cela intéressant parce que souvent, quand on n'est pas d'ici ou qu'on est différent, c'est plutôt le contraire : on se sent comme l'extraterrestre qui arrive. Et Henri [Pardo] a voulu inverser cette histoire du point de vue de l'enfant.
Une citation de Daniela Mujica, productrice du film Kanaval
Une femme sourit à la caméra.

Daniela Mujica est productrice pour la télé et le cinéma. Ses parents sont d'origine chilienne.

Photo : Radio-Canada / Paloma Martínez Méndez

Avec Kanaval, l'acteur, cinéaste et scénariste Henri Pardo entre pour la première fois dans le monde du long métrage, mais l'intrigue ne lui est pas totalement inconnue.

Cette histoire, c’est la mienne, celle de ma mère et de ma famille, celle de notre déracinement d’Haïti. Peu importe d’où nous venons, chaque nouvel arrivant porte en lui une existence riche et parfois merveilleuse qui gagnerait à être mieux connue des pays d’accueil.
Une citation de Henri Pardo, réalisateur et scénariste du film Kanaval

La communauté haïtienne au Canada

La présence de l'immigration haïtienne au Canada remonte à plusieurs décennies. Selon le recensement de 2021, on estime à 170 000 le nombre d'Haïtiens vivant au Canada, avec une concentration importante dans les régions métropolitaines de Montréal, Toronto et Ottawa, entre autres.

Les Haïtiens ont commencé à s'établir au pays dès les années 1960, fuyant la dictature des Duvalier, à la recherche de meilleures réalités économiques et de stabilité politique.

Des femmes d'origine haïtienne assises à une table à manger.

Des femmes d'origine haïtienne lors d'une rencontre à Montréal, en 1992.

Photo : Pamela Harris / Library and Archives Canada / Bibliotheque et archives nationales

Au fil des ans, l'immigration haïtienne a contribué de manière significative à la diversité culturelle et au tissu social du Canada, en participant activement à la vie de la communauté et en créant des organisations pour soutenir ses membres.

La communauté haïtienne continue de jouer un rôle important dans divers domaines de la société canadienne, de la politique à l'économie, et a fait preuve d'une remarquable résilience à travers le temps.

Le parcours du film

Une femme parle à un garçon.

Une scène du film « Kanaval ».

Photo : Maison4tiers / Cortesía

Kanaval a été récompensé dans des festivals internationaux comme le Festival international du film de Toronto à Toronto, où il a remporté le prix Amplify Voices du meilleur film et une mention d'honneur pour le meilleur film canadien. Il a également reçu le prix du public au festival Cinémania.

Aux prix Écrans canadiens, le film a été nommé dans plusieurs catégories, dont celles du meilleur réalisateur pour Henri Pardo et de la meilleure interprétation dans un drame pour le jeune acteur Rayan Dieudonné, qui a le rôle principal. Kanaval est également en lice pour le prix John Dunning dans la catégorie du meilleur premier long métrage.

Le film est sorti en salle le vendredi 3 mai au Québec et sera projeté dans divers festivals et événements culturels à l'étranger.

Le pays d'où nous sommes

Des personnes marchent dans une rue par beau temps.

Selon le recensement de 2021, les Canadiens qui appartiennent à une minorité ethnoculturelle représentent environ 23 % de la population, soit près de 8 millions de personnes.

Photo : iStock

Au Canada, un travail énorme a été accompli pour montrer qu'il est important de raconter des histoires qui peuvent sembler différentes, mais qui font partie du pays d'où nous sommes, reconnaît Daniela Mujica.

Les récits de migration font partie de ce qu'est notre pays aujourd'hui. Kanaval en est un exemple, mais il y en a beaucoup d'autres. Et dans presque tous les projets auxquels je participe, il y a le point de vue de personnes qui sont venues au Canada, par choix ou par obligation, et qui ont été forcées de quitter leur pays.
Une citation de Daniela Mujica, productrice

La productrice reconnaît que le milieu du cinéma et des médias est très exclusif, en particulier lorsqu'une personne est issue d'une minorité visible ou audible, ou s'il s'agit d'une femme.

Un vieux téléviseur est dans le coin d'une pièce.

Au Canada, la première chaîne de télévision est apparue en 1952.

Photo : iStock

Cependant, des espaces se sont peu à peu ouverts. Daniela Mujica a participé à la création de l'un d'entre eux, la coalition M•É•D•I•A•. Cette organisation promeut l'équité, la diversité, l'inclusion et l'accessibilité pour les professionnels des communautés francophones sous-représentées dans l'industrie cinématographique canadienne.

Pour cette Canadienne d'origine chilienne, il était important de contribuer à ce mouvement inclusif, car cette diversité est très, très riche et doit être mise en valeur, conclut-elle.

Ce reportage est également disponible en espagnol

Une femme regarde la caméra et sourit légèrement.
Paloma Martínez Méndez

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