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Il faut assouplir les mesures de protection des baleines, dit le libéral Serge Cormier

Après une autre fermeture de pêche dans les Maritimes, le député libéral Serge Cormier dit qu’il ne peut plus défendre le gouvernement Trudeau sur cette question.

Une baleine noire émerge des eaux mouvementées.

Une baleine noire de l'Atlantique Nord dans la baie de Cape Cod, au large du Massachusetts, le 28 mars 2018.

Photo : Associated Press / Michael Dwyer

Radio-Canada

L’Union des pêcheurs des Maritimes et le député fédéral d’Acadie—Bathurst réclament un meilleur compromis entre la protection des baleines noires de l’Atlantique Nord, qui sont en voie de disparition, et la pêche commerciale.

Puisqu’une baleine noire a été aperçue vendredi, Pêches et Océans Canada a annoncé samedi la fermeture d’une zone de pêche près de la Péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick.

Selon le député fédéral d’Acadie—Bathurst, Serge Cormier, cette fermeture de la pêche jusqu'à la côte touchera entre 200 et 250 pêcheurs pendant une longue période, à Miscou, Petit-Shippagan, Pigeon Hill, Saint-Marie-Saint-Raphaël, Savoy Landing et possiblement Le Goulet.

Elle entrainera des pertes de 25 à 30 millions de dollars, a-t-il affirmé dans une longue publication (Nouvelle fenêtre) sur Facebook, samedi soir.

L'industrie des pêches en péril, selon le député

Le député libéral déclare qu’il ne peut plus défendre le gouvernement dont il fait partie sur cette question. Bien que l’on tente de sauver une espèce en péril, ces mesures extrêmes sont plutôt en train de mettre en péril notre industrie des pêches et nos communautés côtières, a écrit Serge Cormier.

Serge Cormier debout devant un micro, Justin Trudeau derrière lui.

Serge Cormier, le député libéral d'Acadie-Bathurst, lors de la visite du premier ministre Justin Trudeau, jeudi dernier à Caraquet, au Nouveau-Brunswick.

Photo : Radio-Canada / Real Fradette

Il est temps d’assouplir les mesures de protection des baleines noires si nous voulons éviter une crise dans la pêche au homard et la pêche au crabe des neiges, soutient-il.

Je demande à la ministre des Pêches et Océans, Mme Diane Lebouthillier, ainsi qu’au premier ministre, Justin Trudeau, d’assouplir ces mesures immédiatement pour éviter une crise dans les pêches, a écrit le député néo-brunswickois.

J’ai demandé à maintes reprises que ces mesures soient modifiées. Je ne peux plus défendre mon gouvernement sur cet enjeu.

Une citation de Serge Cormier, député fédéral d’Acadie—Bathurst

Martin Mallet, le directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), implore le ministère des Pêches et des Océans (MPO) de faire preuve de souplesse.

Il estime que la fermeture complète de la pêche est excessive. On va se retrouver dans une situation de crise potentielle, a-t-il dit en entrevue, dimanche.

Des mesures draconiennes et inacceptables

On demande, de un, vérifier si la baleine est encore là après 24 heures. Si elle est déjà partie, est-ce que c'est nécessaire d'avoir des mesures draconiennes comme que ce qui est proposé là, une fermeture complète? Nous, on pense que non, déclare Martin Mallet.

On pourrait probablement continuer à pêcher à l'intérieur d'une distance raisonnable de la côte, sans toutefois complètement fermer la pêche.

Une citation de Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes

C'est complètement inacceptable de demander à plus de 200 pêcheurs de complètement arrêter de pêcher pendant près de 10 jours, affirme le représentant de l’association des pêcheurs.

Martin Mallet devant une baie.

Martin Mallet est le directeur général de l'Union des pêcheurs des Maritimes. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Frederic Michael Cammarano

Il doit y avoir des alternatives, croit M. Mallet. C'est ça qu'on va demander dans les prochains jours. C'est de s'assoir avec les hauts dirigeants du ministère des Pêches à Ottawa et la ministre, pour trouver un compromis.

Il n’est pas trop tard pour Pêches et Océans Canada de corriger le tir, conclut-il. Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour changer la décision qui a été prise, prévient-il cependant.

Déconnexion à Ottawa

En entrevue dimanche, le député Serge Cormier a dénoncé une déconnexion complète chez les fonctionnaires d'Ottawa, qui ne comprennent pas lorsqu'on leur explique la réalité des Maritimes.

Il affirme enfin avoir travaillé avec d’autres intervenants sur des rapports et des recommandations, mais aucune n'a été retenue par le MPO. Il demande que les membres du gouvernement s'interposent, si les fonctionnaires de la capitale ne font pas ce qu’il faut.

Il faut que ça change et que la ministre [Diane Lebouthillier] mette son pied à terre et fasse comprendre à ces gens-là qu'on ne peut pas fermer une région au complet, ou une pêche au complet, pour la présence d'une baleine, dit-il.

Un homme sur le bord de l'eau, les bras dans le dos, l'air sévère, sous un ciel nuageux et menaçant.

Serge Cormier, député fédéral d'Acadie-Bathurst, en entrevue dimanche.

Photo : Radio-Canada

Soulignant que les pêcheurs de homard sont laissés sans options lorsqu’on ferme leurs zones, il demande qu’on les laisse au moins pêcher à l’intérieur de 10 brasses.

On ne peut pas juste protéger une espèce, mais ne pas protéger les communautés. C'est bien beau d'avoir une espèce en péril, une espèce qui est menacée, mais on ne peut pas mettre en péril non plus nos communautés, nos gens.

Une citation de Serge Cormier, député fédéral d’Acadie—Bathurst

Dans un courriel à Radio-Canada Acadie dimanche après-midi, la ministre fédérale des Pêches, des Océans et de la Garde cotière canadienne a affirmé que le gouvernement avait assoupli à maintes reprises ses protocoles de protection des baleines noires.

Des bateaux de pêche et des casiers

Des casiers à homard et des bateaux de pêche au quai de Caraquet, à la fin du mois d'avril.

Photo : Radio-Canada / René Landry

[Q]ue ce soit en mettant en place des tables de concertation régulières avec l'industrie, ou encore en rendant facultative l'utilisation d'engins de pêche à faible résistance pour la saison 2024, affirme la ministre Diane Lebouthillier.

[J]e comprends la situation difficile que les pêcheurs de la Péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick vivent en ce moment. Une fermeture temporaire de zone, au plus fort d'une saison de pêche, c'est toujours un coup dur pour nos communautés côtières, point à la ligne, écrit-elle.

La ministre Diane Lebouthillier en marge d'une conférence de presse au port de Sept-Îles.

Diane Lebouthillier, ministre fédérale des Pêches, plus tôt ce mois-ci à Sept-Îles, au Québec.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

La ministre ajoute que le gouvernement veut toujours trouver un juste équilibre entre la protection des baleines et la pêche commerciale.

Elle dit aussi que le Canada a des obligations légales à respecter avec ses voisins, notamment à travers le Marine Mammal Protection Act (la loi sur la protection des mammifères marins) des États-Unis.

Sur une photo aérienne, on voit une baleine adulte traînant un grand cordage de pêche enroulé autour de sa tête. Un bébé baleine est à côté d'elle.

Une baleine de noire de l'Atlantique Nord empêtrée dans des cordages de pêche nage avec son baleineau au large de Cumberland Island, en Géorgie aux États-Unis, le 2 décembre 2021.

Photo : Associated Press / Ministère des Ressources naturelles de la Georgie (États-Unis)

En entrevue dimanche, le directeur de la conservation marine au Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, Matt Abbott, rappelle que les plus récents recensements ont révélé qu’il ne reste plus beaucoup de baleines noires de l’Atlantique Nord dans le monde.

Leur déclin semble se stabiliser, mais leur nombre a diminué dans les dernières années. Le Consortium des baleines noires de l'Atlantique Nord estime qu’il en reste 356.

Matt Abbott souligne que si l’espèce disparaît, tout l'écosystème marin sera déstabilisé.

D’après le reportage de Louis-Philippe Trozzo

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