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Crise des surdoses : frustrée du statu quo, la mairesse de Toronto exige un plan d’action

Le gouvernement fédéral a rejeté, vendredi, la demande de la Ville de décriminaliser la possession de drogue.

Olivia Chow en gros plan.

Olivia Chow a envoyé une lettre à Justin Trudeau et Doug Ford demandant qu'une stratégie unifiée soit établie. (Archives)

Photo : CBC/Alex Lupul / Alex Lupul

Si la décriminalisation n’est pas une option pour Ottawa et Queen’s Park, alors mettons l’accent sur le traitement des dépendances, suggère la mairesse de Toronto, Olivia Chow.

Vendredi, le gouvernement fédéral a rejeté la demande de la Ville de Toronto de décriminaliser la possession de drogues à des fins de consommation personnelle sur son territoire. Le jour-même, Mme Chow a écrit une lettre à Justin Trudeau et à Doug Ford, les exhortant de s’entendre sur une approche coordonnée de la crise des surdoses.

Mme Chow leur demande expressément de mettre fortement l'accent sur l'élargissement des options de traitement des dépendances.

Plusieurs acteurs du milieu sont d’accord avec cette approche. En fait, même certains consommateurs de drogues illicites abondent dans le même sens.

Annemarie Garrels, rencontrée dans un petit parc du centre-ville de Toronto, souhaite que les centres de traitement soient plus accessibles. Elleci admet consommer du crack et dit qu’elle aimerait avoir de l’aide.

Un portrait d'Annemarie Garrels qui parle au micro d'une journaliste.

Annemarie Garrels souhaite qu'il soit plus facile d'obtenir des traitements contre la toxicomanie.

Photo : Radio-Canada

Zoe Dodd, une travailleuse sociale auprès des toxicomanes de Toronto, rappelle que le propre frère du premier ministre Ford consommait du crack et qu’il a eu la chance de passer deux mois en traitement dans un centre de désintoxication.

M. Ford est farouchement opposé aux centres d'approvisionnement sécuritaire en drogues. Laisser les gens prendre de la cocaïne, du crack et de l'héroïne? Vous vous moquez de moi?, avait-il déclaré aux journalistes le 29 avril.

Doug Ford lors d'une annonce sur le logement en mars 2024.

Doug Ford est contre les centres où des drogues de qualité phamaceutique sont distribuées aux toxicomanes. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui/CBC

Or, M. Ford lui-même s’est dit, à plusieurs reprises ces dernières années, en faveur d’un élargissement de l’accès aux centres de traitement. Mme Chow y fait référence dans sa lettre et souhaite qu’il passe de la parole aux actes.

Des consommateurs qui veulent de l’aide

Rencontrée dans le même parc que Mme Garrels, samedi après-midi, Jen – qui a préféré ne donner que son prénom – admet elle aussi consommer des drogues illicites. Selon elle, les politiciens et le système de justice doivent être conséquents.

Si vous envoyez des gens en prison parce qu’ils consomment des drogues, faites en sorte qu’ils suivent des programmes de traitement de la toxicomanie. Ne les laissez pas s'asseoir là, à lire un fichu livre et à traîner! Comment vont-ils améliorer leur situation? Est-ce c’est comme ça qu’on guérit quelqu'un?

Mme Garrels, elle, se dit déçue que le gouvernement fédéral ait refusé la requête de la Ville de Toronto. Ce n'est pas bon si c'est criminel. Ce qu'ils font, c'est leur vie. Ce n'est la vie de personne d'autre.

Malgré tout, celle-ci ajoute qu’il faudrait que les traitements soient plus ouverts.

Jen, elle, va plus loin et fait écho aux propositions controversées de certains politiciens canadiens. Il faut plus d'aide. Et je pense qu'on devrait presque l'imposer aux gens. [...] Placez-les en traitement.

L’Alberta et le Nouveau-Brunswick étudient des projets de loi qui visent à imposer des traitements involontaires à certaines personnes. Ces lois pourraient cependant aller à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés.

Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou

Mme Dodd, qui travaille avec des toxicomanes depuis plusieurs années, souligne que les traitements de la toxicomanie sont en général très chers. Quand Rob Ford, ex-maire défunt de Toronto et frère du premier ministre ontarien, a admis avoir des problèmes de consommation, il avait les moyens de se payer un tel traitement, rappelle-t-elle.

Rob Ford à son retour à l'hôtel de ville, en 2014.

La cure de désintoxication a changé ma vie, avait déclaré le maire Ford à son retour à l’hôtel de ville, en juin 2014.

Or, dans sa lettre, la mairesse Chow rappelle au premier ministre Ford que [...] le temp d'attente pour l'admission [dans les centres de traitement des dépendances] peut aller jusqu'à un an. Attendre jusqu'à un an pour un traitement est inacceptable, dit-elle.

M. Ford, au fil des années, a répété qu’il croyait fermement que les gens qui souffrent de dépendances ont besoin d’aide. Je crois toujours aux centres de réhabilitation et au soutien des communautés, a par exemple déclaré M. Ford le 13 février dernier.

Mme Chow y a fait directement référence, vendredi : Je suis encouragée par votre engagement à fournir et à financer un meilleur accès aux options de traitement, lit-on dans sa lettre.

Je pense que cette approche, qui met fortement l'accent sur l'élargissement des options de traitement, peut réduire de manière significative l'impact dévastateur de l'épidémie de toxicomanie à Toronto et dans l'ensemble de l'Ontario.

Santé publique Toronto a signalé 733 décès soupçonnés d'être liés à des surdoses dans la ville en 2023, dont 523 décès causés par la toxicité des opioïdes ou susceptibles de l'être. Au moins 42 000 personnes sont mortes d'une surdose d'opioïdes au Canada depuis 2016.

Avec des informations d'Andréane Williams et de CBC

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