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Des villageois à la merci des tensions dans la péninsule coréenne

De grosses jumelles pointent en direction d'un territoire situé derrière un plan d'eau.

Vue de la Corée du Nord à partir de la zone démilitarisée située entre les deux pays.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

La tension grimpe dans la péninsule coréenne à chaque tir de missile nord-coréen. En Corée du Sud, les résidents oscillent entre inquiétude et lassitude face à ce regain d’animosité. Certains blâment même Séoul et Washington pour ce climat tendu.

Par un après-midi de semaine aux grands vents, Kim Su-chun et ses employés s'apprêtent à prendre la mer au port sud-coréen de Daemyung, situé à une quinzaine de kilomètres de la frontière maritime avec la Corée du Nord. L’équipage vit de la pêche au crabe et à la crevette.

Par mesure de sécurité, les autorités nous empêchent de partir chaque fois que la Corée du Nord effectue des tirs de missiles balistiques. Je perds environ 2000 $ en revenu par journée d’interruption, explique Kim Su-chun.

Les pauses forcées sont plus fréquentes et elles alimentent la peur et l’anxiété.

L’année dernière a été marquée par un nombre record de tirs de missiles nord-coréens, dont cinq missiles balistiques intercontinentaux, ainsi que la mise en orbite, en novembre, d’un premier satellite espion par Pyongyang.

Trois hommes discutent sous un abri militaire.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un supervise des exercices militaires en compagnie d'officiers.

Photo : Associated Press

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un continue de bâtir son arsenal nucléaire. Il qualifie la Corée du Sud de principal ennemi de l’État et de colonie américaine. Il compte renforcer sa puissance militaire grâce à une alliance avec la Russie.

L’analyste Mason Richey, professeur de relations internationales à l’Université Hankuk des études étrangères à Séoul, croit que Pyongyang n’entrevoit aucune possibilité de dialogue avec l’administration de Joe Biden à Washington ni avec celle de Yoon Suk-yeol à Séoul.

Cela a poussé le régime de Pyongyang à renforcer sa coopération avec la Chine et avec la Russie, toutes deux aidant la Corée du Nord à contourner les sanctions et lui fournissant une couverture diplomatique, soutient-il.

Relations tendues entre les deux Corées

À qui la faute?

Dans le marché du port de Daemyung, une marchande qui ne donne pas son nom y vend des fruits de mer de toutes sortes depuis trente ans. Comme un nombre non négligeable de Coréens, elle croit que les États-Unis et la Corée du Sud sont tout aussi responsables que Pyongyang des tensions dans la péninsule.

Une femme est penchée au-dessus de casiers qui contiennent des crabes.

Une marchande vend des fruits de mer dans le marché du port de Daemyung.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

Les deux armées effectuent des exercices militaires conjoints et les gouvernements ont durci le ton pour dissuader la Corée du Nord de bâtir son arsenal nucléaire. Donc, c’est normal que Pyongyang cherche à les provoquer en retour, affirme-t-elle.

Elle ajoute que le gouvernement sud-coréen précédent avait signé un accord militaire en 2018 pour limiter les affrontements et pour pacifier la zone démilitarisée. La nouvelle administration sud-coréenne a suspendu en partie cet accord l’automne dernier, puis la Corée du Nord a sauté sur l’occasion et s’en est entièrement retirée.

Le raisonnement de la ligne dure et de la militarisation des États-Unis, de la Corée du Sud et du Japon dans la région repose sur l'idée selon laquelle la paix peut être obtenue par la force. Je doute que l'augmentation de la puissance militaire ait conduit à davantage de paix dans la péninsule, estime Lee Taeho, directeur du Centre pour la paix et le désarmement de l’organisme Solidarité populaire pour la démocratie participative.

Un homme pose devant une bibliothèque.

Lee Taeho est directeur du Centre pour la paix et le désarmement de l’organisme Solidarité populaire pour la démocratie participative.

Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc

À court et moyen terme, le professeur Mason Richey, lui, s’attend à ce que la Corée du Nord intensifie ses provocations.

Cela pourrait se faire sous la forme du bombardement nord-coréen d'une île située le long des frontières maritimes contestées en mer Jaune ou de tirs sur un drone sud-coréen qui, selon Pyongyang, s'approcherait de ces frontières, précise-t-il.

Qu’ils soient inquiets ou non, les pêcheurs doivent participer à des simulations d’urgence gouvernementales.

Les autorités déterminent les zones sécuritaires où on pourrait trouver refuge en mer, par exemple. Je ne peux pas dire que ça change ma vie. Je ne m’en fais pas trop au quotidien, admet le pêcheur Kim Su-chun.

Les pêcheurs composent depuis des décennies avec les tensions nord-sud. Toutefois, le durcissement de ton de part et d’autre soulève davantage d’inquiétude que par le passé.

Avec la collaboration de Lee Hyun Choi

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