Le bas niveau du lac Winnipeg pourrait ralentir les revenus d’Hydro-Manitoba

Le bassin versant du lac Winnipeg connaît des conditions de sécheresse pour la deuxième année consécutive, ce qui réduit encore la capacité d'Hydro-Manitoba à produire des excédents d’électricité et à générer des revenus pour la province.

Selon un communiqué du centre de prévisions hydrologiques de Transport et Infrastructure Manitoba, le niveau d’eau du lac Winnipeg est proche d’un faible niveau record pour cette période de l’année.

Le lac utilisé par Hydro-Manitoba comme réservoir se situait, mercredi, à 66,17 mètres carrés au-dessus du niveau de la mer, soit 0,003 mètre carré seulement au-dessus du niveau le plus bas enregistré pour le lac depuis 35 ans. Le 8 mai 1989, il était à 66,16 mètres carrés.

L’énergie stockée dans nos réservoirs est à l’un des niveaux les plus bas depuis le début de la régulation du lac Winnipeg, au milieu des années 70.

Selon le centre de prévisions hydrologiques, deux des affluents les plus importants du lac Winnipeg, soit la rivière Winnipeg et la rivière Saskatchewan, ont un débit bien inférieur à leur volume moyen.

De même, le fleuve Churchill, dont le débit est en partie détourné dans le fleuve Nelson pour produire de l’électricité en aval, s’écoule à un niveau inférieur à la moyenne.

Les apports d’eau dans notre système, à l’échelle du bassin, sont parmi les plus faibles que nous ayons connus en 40 ans pour cette période de l’année. Ils sont similaires à ce que nous avons connu lors de la sécheresse de 2021-2022, ajoute le porte-parole d'Hydro-Manitoba, dans un communiqué.

Hydro-Manitoba affirme que les conditions de sécheresse n’entraîneront pas de pénurie d’électricité au niveau provincial. Toutefois, elles pourraient réduire la capacité de la société d’État à produire suffisamment d’électricité pour la vendre.

Bruce Owen précise qu'il est trop tôt pour déterminer le coût des pertes de revenus pour la société d’État du fait de la réduction de sa capacité à exporter de l’électricité, pas plus qu'Hydro-Manitoba ne peut évaluer, pour l'instant, l’impact de la sécheresse sur l’ensemble des finances de la société d’État.

Néanmoins, dans un rapport du troisième trimestre publié en février, Hydro-Manitoba s’attendait à perdre 190 millions de dollars au cours de l’exercice fiscal qui s’est achevé le 31 mars.

Ce manque à gagner est principalement dû à la sécheresse qui a sévi au cours de l’automne et de l’hiver derniers.

Le ministre des Finances du Manitoba, Adrien Sala, reste optimiste. Il estime que les pluies abondantes de ce printemps pourraient améliorer la situation financière au cours de l’exercice.

Les Manitobains n’ont aucune raison de s’inquiéter.

Adrien Sala insiste sur le fait qu’il est trop tôt pour s’inquiéter des conséquences fiscales de la sécheresse actuelle. Le Manitoba reçoit la plupart des précipitations qui alimentent Manitoba-Hydro entre mai et août.

Des conséquences positives et négatives de la baisse du niveau de l’eau

Ouvrir en mode plein écran

D’un point de vue positif, les plages qui sont habituellement submergées au printemps sont au-dessus du niveau de l’eau en ce début de la saison des loisirs.

Vous ne verriez jamais toutes ces roches au printemps. Pour cette période de l’année, le lac est très, très bas, déclare Randy McMahon, gestionnaire d'Aaron's on the Lake, un gîte touristique à Ponemah, au sud-ouest de Winnipeg.

Cependant, le bas niveau d’eau du lac a créé des risques pour la navigation des plaisanciers. Bruce Owen dit que cela s’explique par le fait que les rochers et les bancs de sable sont, à l’heure actuelle, plus proches de la surface de l’eau. Or, à cette période de l’année, ils sont habituellement recouverts.

Les ports de plaisance sont aussi touchés par la situation. Ainsi, à la marina de Balsam Harbour, située à l’est du bassin sud du lac Winnipeg, trois des rampes de mises à l’eau sont inutilisables en raison du bas niveau de l’eau, comme l'explique le directeur du port, David Saindon.

Toutefois, selon le centre de prévision hydrologique, les niveaux d’humidité du sol sont normaux ou supérieurs à la normale dans la plupart des régions du sud et du centre de la province.

Selon les cartes d'Agriculture Manitoba, presque tout le sud du Manitoba a reçu de fortes pluies au cours des deux dernières semaines. Cette situation a retardé l’ensemencement pour certains producteurs agricoles.

Curtis McRae possède une ferme dans la municipalité rurale de St Andrews. Il a commencé à semer cette semaine et a l’intention de cultiver plus de 1600 hectares de blé, de canola et de soja cette saison.

Il dit avoir 30 jours pour semer. C’est suffisamment serré pour que je transpire un peu. Nous avons besoin de beaucoup de chance, affirme-t-il, visiblement encouragé par le soleil des derniers jours.

Avec les informations de Bartley Kives et Jemima Kalemba