Vladimir Poutine entame son 5e mandat en promettant la victoire aux Russes
Le président russe Vladimir Poutine a inauguré le début de son cinquième mandat lors de l'habituelle cérémonie au Grand Palais du Kremlin.
Photo : via reuters / Sergei Ilnitsky
Vladimir Poutine a prêté serment, mardi, pour un cinquième mandat à la tête de la Russie, jusqu'en 2030, en promettant à ses compatriotes de vaincre « ensemble » en plein conflit armé contre l'Ukraine présenté comme existentiel.
Lors d'une cérémonie au Kremlin en présence de 2500 invités, dont l'élite politique du pays et des soldats combattant en Ukraine, le président russe, 71 ans, a prononcé un court discours solennel.
C'est un grand honneur, une responsabilité et un devoir sacré
, a-t-il déclaré, en remerciant les héros
qui combattent sur le front.
Nous traverserons avec dignité cette période difficile et nous deviendrons encore plus forts.
En pleine tension avec les Occidentaux, soutiens de Kiev contre l'offensive russe, il a assuré que Moscou ne refusait pas le dialogue
avec ces derniers, mais que le choix dépendait d'eux
.
Une discussion sur les questions de sécurité et de stabilité stratégique est possible [...] mais seulement sur un pied d'égalité, en respectant les intérêts de chacun
, a-t-il affirmé.
La veille, il a ordonné la tenue d'exercices nucléaires près de l'Ukraine en réponse, selon le Kremlin, à des déclarations jugées menaçantes de dirigeants occidentaux, notamment celle du président français Emmanuel Macron sur le possible envoi de troupes en Ukraine.
Des cadets de l’armée russe s'exercent, le 23 avril 2024, à Saint-Pétersbourg, en vue d’une cérémonie soulignant la victoire de l’URSS contre l’Allemagne nazie.
Photo : Getty Images / AFP / OLGA MALTSEVA
Nous sommes un peuple uni et grand, et ensemble nous surmonterons tous les obstacles [...] Ensemble nous gagnerons
, a conclu Vladimir Poutine.
Il a ensuite assisté à une cérémonie religieuse en présence du patriarche Kirill, chef de l'Église orthodoxe russe et fervent soutien du Kremlin.
Le chef de l'État russe, aux commandes depuis près d'un quart de siècle, jouit d'un pouvoir incontesté en Russie après l'écrasement des dernières voix dissidentes dans la foulée du conflit en Ukraine.
Possibilité de mandat jusqu'en 2036
Il rempile jusqu'en 2030, avec la possibilité d'effectuer ensuite un autre mandat jusqu'en 2036.
Son investiture est intervenue cette année à deux jours de l'anniversaire de la victoire soviétique du 9 mai contre l'Allemagne nazie, dont la célébration est un pilier de la politique de puissance de Vladimir Poutine, qui assure combattre en Ukraine des néonazis
.
La cérémonie coïncide aussi avec une situation plus favorable sur le front pour l'armée russe, qui avait subi d'humiliants revers au printemps et à l'automne 2022, lors des premiers mois de son attaque à grande échelle contre Kiev.
Le président Vladimir Poutine est âgé de 71 ans.
Photo : Zone 3
Ces dernières semaines, les assauts russes dans l'est de l'Ukraine ont augmenté en intensité et permis la prise progressive de plusieurs localités, en particulier dans la zone de la ville-clef d'Avdiïvka, conquise mi-février.
En face, les troupes de Kiev manquent de munitions et de recrues après leur contre-offensive infructueuse à l'été 2023. Elles attendent l'arrivée d'une nouvelle aide américaine, alors que l'industrie de défense russe tourne, elle, à plein régime.
Mi-mars, à l'issue d'un scrutin remporté officiellement avec plus de 87 % des scrutins exprimés, Vladimir Poutine avait déjà dressé le portrait d'une Russie unie
derrière lui et son armée.
Les Occidentaux, Washington en tête, avaient de leur côté fustigé un vote sous contrainte, quelques semaines après la mort en prison, le 16 février, du principal opposant russe, Alexeï Navalny.
En exil à l'étranger, la veuve de ce dernier, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a fustigé Vladimir Poutine dans une vidéo publiée mardi quelques minutes avant le début de la cérémonie d'investiture.
Avec lui à la barre, notre pays n'aura ni paix, ni développement, ni liberté.
Lundi, la diplomatie ukrainienne avait pour sa part estimé que cette investiture était destinée à donner une illusion de légalité
au maintien au pouvoir de M. Poutine qui, selon Kiev, a transformé la Russie en État agresseur
et en dictature
.
Les principaux membres de l'opposition russe sont désormais en exil ou en prison, tout comme des centaines de personnes ordinaires qui ont affiché leur opposition à l'offensive de Moscou contre son voisin ukrainien.
Le chef du Kremlin fait face néanmoins à plusieurs défis, notamment économiques, alors que l'issue du conflit en Ukraine, très meurtrier, semble toujours incertaine.
L'inflation, tirée notamment par l'explosion du budget fédéral, liée aux dépenses militaires, reste persistante et inquiète la population, dont le pouvoir d'achat est déjà plombé par les effets des sanctions occidentales.
Et l'économie russe, toujours dépendante des revenus des hydrocarbures, doit également négocier un virage, revendiqué par Vladimir Poutine, vers l'Asie, même si les infrastructures nécessaires, coûteuses et longues à construire, manquent encore.