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Le déclin de la santé des abeilles décodé une fois pour toutes?

Des abeilles sur une ruche.

Un réseau complexe de facteurs a des répercussions sur les abeilles, ont constaté des experts.

Photo : Radio-Canada / Rozenn Nicolle

Radio-Canada

L’apicultrice torontoise Michelle Wolfson perd habituellement 10 à 15 % de ses ruches chaque année. Parfois, elle en perd la moitié. La cause? Ses abeilles, déplore-t-elle, font face à des dizaines de facteurs de stress. « Il faut être diligent », dit-elle.

Des chercheurs tentent depuis des années de déterminer lequel des différents facteurs de stress dans l’environnement des abeilles explique leurs problèmes de santé. Mais ça n’a pas fonctionné, indique Amro Zayed, professeur de biologie à l’Université York.

Dans une nouvelle étude rédigée avec sa collègue Sarah French, le professeur propose une explication différente : et si la santé n’était pas affectée par un seul facteur, mais plutôt par un réseau complexe de multiples facteurs de stress en interaction lors de la pollinisation?

Nous constatons que les abeilles sont exposées à un réseau très complexe de facteurs de stress qui évoluent rapidement dans le temps et dans l’espace. C'est un niveau de complexité auquel nous n'avions pas pensé auparavant, soutient Amro Zayed.

Le professeur en entrevue dans son laboratoire.

Le professeur Amro Zayed est l'un des deux chercheurs de l'Université York ayant étudié la santé des abeilles.

Photo : Radio-Canada

Les chercheurs estiment que des recherches supplémentaires sont maintenant requises pour comprendre comment les facteurs interagissent et ont des répercussions négatives sur la santé des abeilles. Ces connaissances doivent arriver bientôt : leur santé décline et l’insecte a une valeur économique importante au Canada.

En pollinisant les vergers, les légumes et les graines oléagineuses, les abeilles mellifères ont contribué environ 7 milliards de dollars à l’économie canadienne en 2021, selon Agriculture et Agroalimentaire Canada.

C’est difficile pour un apiculteur de rester en affaires s’il perd la moitié de ses abeilles chaque année, résume Amro Zayed en entrevue dans son laboratoire.

Beaucoup d’efforts

Michelle Wolfson investit beaucoup de temps pour s’assurer que les facteurs de stress n'affectent pas ses insectes.

Au cours de l’année, elle mesure mensuellement le niveau de varroa dans ses ruches. Le varroa est un parasite qui, selon le gouvernement ontarien, représente une importante menace pour les abeilles mellifères, qui pollinisent souvent les cultures.

Si je n’ai pas bien contrôlé le varroa, je perdrai beaucoup plus de ruches.

Une citation de Michelle Wolfson, apicultrice torontoise
Michelle Wolfson en entrevue dans sa cour.

L'apicultrice torontoise Michelle Wolfson perd souvent beaucoup de ses ruches l'hiver.

Photo : Radio-Canada

Le varroa n’est cependant qu’un des multiples facteurs de stress auxquels sont exposées les abeilles de façon simultanée, ont constaté les chercheurs. L’interaction entre le varroa et des concentrations sublétales de [l’insecticide] clothianidine réduit le poids des abeilles et altère leur réponse aux acariens, lit-on par exemple dans l’étude publiée dans la revue Current Biology.

Le taux de mortalité hivernale des colonies d’abeilles à l’échelle nationale s’est chiffré à 32,2 % en 2023, a déterminé l’Association canadienne des professionnels de l’apiculture. Il s’agit d’un taux de 5 points de pourcentage de plus que la moyenne des taux annuels des 15 années précédentes.

Les solutions demandées

Différents acteurs du milieu de l’apiculture devront se rallier pour améliorer la santé des abeilles, soutient Sarah French. Des discussions doivent avoir lieu entre les apiculteurs, les agriculteurs et les gouvernements, dit-elle.

Ces acteurs doivent développer des stratégies de gestion ou de meilleures pratiques pour gérer les abeilles subissant des facteurs de stress, souligne Sarah French.

Sarah French en entrevue dans son laboratoire.

La chercheuse Sarah French a copublié l'article dans la revue « Current Biology ».

Photo : Radio-Canada

Les gouvernements, pense-t-elle, pourraient par exemple imposer une quantité maximale de pesticides pouvant être utilisée par les agriculteurs. Les autorités pourraient réduire la quantité de pesticides avec lesquels les abeilles sont en contact, poursuit Sarah French.

Dans un courriel, un porte-parole de Santé Canada précise que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) effectue une évaluation des risques pour toutes les utilisations de pesticides. De plus, Santé réévalue régulièrement les pesticides qui sont sur le marché pour déterminer s’ils continuent de respecter les normes sanitaires et environnementales, indique-t-on.

Pour ce qui est de Michelle Wolfson, ses abeilles vont très bien actuellement, elle n’a pas eu de problème cet hiver. Ce n’est pas comme ça pour tout le monde, mais je suis chanceuse, conclut-elle.

Avec des informations de Mirna Djukic

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