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Le comité de démolition de North Hatley approuve la demande pour le 190, rue Main 

Une assemblée de consultation publique.

Une quarantaine de personnes se sont déplacées à l'assemblée de consultation publique du comité de démolition.

Photo : Radio-Canada / Emy Lafortune

Malgré de vives discussions entre les citoyens, les trois membres du comité de démolition de North Hatley ont voté à l’unanimité, mercredi soir, pour approuver la demande de démolition proposée par les propriétaires du 190, rue Main. Cette maison presque centenaire est située sur un site patrimonial de la municipalité.

Une quarantaine de personnes se sont déplacées pour l’assemblée de consultation publique du comité, qui s’est tenue dans la salle communautaire de l’église Sainte-Élisabeth. C’était la deuxième fois que ce projet controversé se rendait devant ce comité; l’an dernier, deux de ses membres avaient voté pour autoriser la démolition, mais la décision avait été infirmée par le conseil municipal.

La soirée a commencé par une présentation sur le bâtiment actuel. Construit vers 1937, il vaut environ 301 800 $. Il est situé à proximité du lac Massawippi, mais aussi d’un ruisseau qui passe sur la propriété. Le bâtiment se trouve ainsi en pleine zone inondable, et sa fondation est constamment exposée à l’eau et à l’humidité. Selon des évaluateurs, il coûterait plus d’un million de dollars pour la remettre en bon état.

Selon un rapport sur la qualité de l’air, le sous-sol est couvert de moisissure et des spores se promènent dans l’air.

Des murs de maison très dégradés.

Un rapport sur la qualité de l'air de la maison inclut ces images du mur extérieur de la résidence. « La fondation de la maison est gravement dégradée et affecte l'intégrité de la structure du sous-sol alors que l'humidité a pénétré dans la zone du sous-sol [...] pendant ce qui semble être de nombreuses années, voire des décennies », indique notamment ce rapport en anglais.

Photo : Gracieuseté/ airlabs

Un autre rapport rédigé par une consultante en patrimoine a relevé que des descendants d’une des familles fondatrices de la Ville, les LeBaron, ont habité le bâtiment, mais que rien d'autre d'historiquement significatif ne s'y est passé.

Débat citoyen

Plusieurs citoyens se sont exprimés pour et contre la démolition pendant la soirée.

Parmi les arguments contre la destruction, des citoyens ont soulevé la valeur d’ensemble des bâtiments patrimoniaux de North Hatley, et le déclin de l’esprit du village à chaque démolition. Certains opposants ont mentionné que d’autres propriétaires de bâtiments patrimoniaux avaient choisi de payer le prix fort pour les sauver.

D’autres opposants ont aussi tenté de faire valoir que selon les règlements de North Hatley, un plan détaillé de ce qui sera construit sur le terrain aurait dû être fourni au comité avant qu’il ne s’exprime sur une éventuelle démolition, afin de s’assurer que le tout concorde avec le reste du voisinage. La Ville a toutefois précisé que même sans plan de construction, le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation a confirmé qu’il était possible d’aller de l’avant avec une autorisation conditionnelle de démolition.

Une citoyenne voulant préserver le bâtiment, Manon Lord, ne s’est pas montrée convaincue. La réglementation est importante et elle fait cruellement défaut ici à North Hatley. Beaucoup d’éléments ne sont pas clairement établis, et c’est ça qui nous fait peur. [...] Il faut des règlements pour qu’on sache ce qu’on va construire [sur le terrain], a-t-elle notamment lancé.

Même quand on sait qu’on va probablement perdre, la bataille vaut le déplacement, et c’est un peu ça qu’on fait, s’occuper pour que ce village-là maintienne son caractère vraiment unique.

Une citation de Manon Lord, résidente de North Hatley
Une affiche de demande de démolition.

Trois locataires vivent présentement dans la maison.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Parmi les personnes présentes mercredi soir se trouvait également Tyler Casat, l’un des trois locataires de la demeure. Il a exprimé un fort appui pour la démolition, même si ça signifie qu’il devra se trouver un nouveau toit.

Dans l’état où [la maison] se trouve, avec le rapport toxicologique qui a été produit, nous prévoyons partir de toute façon*, a-t-il précisé.

Beaucoup de gens qui ont des opinions [sur ce dossier] ne voient les choses que de l’extérieur. De l’intérieur, la situation est très différente.*

Une citation de Tyler Casat, locataire du 190, rue Main

Kim[berley Myles Ramsey] et Geoff[rey P. Ramsey, les propriétaires] ont effectué des recherches et pris des décisions éclairées. [...] Le sous-sol est en mauvais état, mais le reste de la maison présente les mêmes signes de détérioration. Il y a de la moisissure sur les murs, les plafonds sont effondrés. La maison tombe toute seule, il suffit de lui donner un petit coup de pouce. Nous sommes convaincus que la maison est en trop mauvais état pour être sauvée*, a-t-il ajouté.

Future maison unifamiliale

Kimberley Myles Ramsey, qui a acheté la maison avec son conjoint en 2017, était aussi présente et s’est exprimée pendant la soirée. Elle a indiqué qu’ils n’avaient pas été informés du statut patrimonial de la demeure au moment de l’acheter, et qu’ils avaient espéré pouvoir la rénover. Devant les coûts projetés pour les travaux et la difficulté d’assurer une telle propriété, ils ont toutefois dû se raviser.

Nous ne savions pas du tout que c'était un immeuble dans une zone patrimoniale. Personne ne nous l'a dit. [...] On a parlé avec quelques professionnels pour apprendre si la maison pouvait être sauvée ou si ça serait mieux de la détruire et de bâtir une nouvelle maison. J'aime bien comment la maison est à côté du lac. Ça fait une belle vue, mais ça ne marche pas d'avoir la rivière et le lac dans le sous-sol! Tous les professionnels qu'on a consultés nous ont dit qu’on devrait vraiment construire une nouvelle maison dans un autre endroit sur le terrain, a-t-elle souligné après la soirée.

Elle estime que cette dernière s’est bien passée. Tout le monde était poli, en même temps qu'ils avaient beaucoup de passion. J'ai beaucoup apprécié les commentaires des membres du comité. Je crois qu'ils ont vraiment pensé et réfléchi aux deux côtés de la question et qu'ils ont pris une bonne décision pour le futur de la ville, qui respecte le patrimoine, mais aussi la réalité pour les gens qui doivent habiter dans les maisons qui sont dans un état comme la mienne.

Les plans de sa famille incluent de construire une nouvelle maison hors de la zone inondable. C'est une maison unifamiliale pour moi, mon mari et nos enfants aînés qui peuvent venir nous visiter. North Hatley fait partie de leur enfance. C'est une maison en bois, surtout, pas en brique. On n’a pas encore fini de dessiner l'apparence à l'extérieur, parce que nous voulons considérer toutes les demandes et les règlements du village, souligne-t-elle.

Elle espère que les débats entourant la démolition de la maison n’auront pas nui aux relations avec les autres résidents.

J'aimerais vivre en paix avec tous mes voisins. J'adore ce village, et j'attends d’être une membre qui participe aux affaires du village avec mes voisins.

Une citation de Kimberley Myles Ramsey, propriétaire de la maison 

Le conseiller et président du comité de démolition de North Hatley, Andrew J. Pelletier, s’est aussi dit satisfait de l’assemblée.

Les gens ont parlé avec leur cœur, ils sont préoccupés par le patrimoine de North Hatley et nous aussi, comme conseil. Les gens qui sont propriétaires de cet endroit, le 190 Main, ont amené des éléments qui pouvaient vraiment clarifier la situation, car c’est un édifice qui n’est pas en bon état, a-t-il indiqué.

Décision du conseil municipal

Même si le comité de démolition a donné son aval, les citoyens ont maintenant 30 jours pour exprimer leur désaccord et le transmettre à la Municipalité.

Dès qu’un citoyen émet une telle opposition, la décision d’accorder un permis de démolition ou non revient au conseil municipal. Selon les élus sur place mercredi soir, des citoyens ont déjà dit qu’ils allaient choisir cette avenue dans les prochains jours. Les élus pourraient donc être appelés à s’exprimer dès la prochaine séance du conseil, le 8 avril prochain.

Kimberley Myles Ramsey sera là. Je vais revenir, s’il y a des questions auxquelles je peux répondre, et aussi parce que c'est tout le futur de notre famille qui va se décider ici.

*Traduit de l’anglais par Radio-Canada

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