Le meilleur de la télé selon Marc Beaupré
Dès sa sortie de l’École nationale de théâtre, Marc Beaupré remporte un immense succès avec son rôle de Kevin Drisdell dans 2 Frères (1999-2001). Il décroche ensuite plusieurs rôles ici et là et connaît une sorte de renaissance dans Série noire (2014-2016) grâce à son emblématique personnage de Marc Arcand. Celui qu’on voit en ce moment dans la peau du chirurgien Steve Jolicoeur dans Stat nous fait entrer dans son univers télévisuel.
Un texte de Lisa Marie Noël
On a demandé à des personnalités télé de nous faire part de leurs goûts télévisuels et souvenirs du petit écran. Qu’est-ce qui meuble leur univers télévisuel, toutes époques et tous pays confondus?
Qui a été votre premier béguin amoureux télévisuel?
Ça aurait pu être les Sylvidres dans Albator ou Candy, mais mon vrai premier kick est Claire Pimparé dans Passe-Partout qui faisait le chat. Ç’a éveillé des choses chez moi. Elle faisait aussi des ombres dans le noir avec une chanson. [Jean-Philippe Wauthier a eu le même béguin, NDLR]
Quel personnage de télévision auriez-vous aimé être? (pas jouer, mais être dans la vraie vie)
Pierre Lambert! Je veux être le jeune joueur de hockey qui arrive et qui fait gagner le club moribond.
Quel personnage avez-vous aimé détester?
Jacques Mercier (Yvan Ponton), le coach dans Lance et compte. C’est un personnage intéressant avec des nuances. Il était dur, même violent, mais on sent son amour pour le hockey, ça vient balancer. Un des grands moments de télé en fiction, c’est quand il va chercher Jimmy, son fils qui a de la misère à marcher, qu’il l’amène dans la chambre des joueurs et lui dit : Montre-leur ce que c’est d’avoir du courage jusqu’au bout!
Quel genre de série vous allume?
J’aime toutes les séries sur la mémoire, sur comment on se souvient des choses, comment on les interprète et ce que ça dit sur nous. Des séries comme Plan B, Severance, Homecoming et la saison 3 de True detective abordent ça.
Quelle émission vous fait vraiment rire?
La lutte! Je l’écoutais avec mon père. On y voit une variété de personnages comme The Animal dans les années 1980. Il arrivait sur scène et mangeait les coins rembourrés du ring. Je trouve ça tellement cave. Bam Bam Bigelow, Macho Man (Randy Savage) sont tous des personnages ridicules. Ça me fait rire aussi parce que ça faisait rire mon père.
Ça me fait rire parce que je trouve ça tellement cave!
Quelle émission disparue des ondes regrettez-vous?
Surprise sur prise. Je me souviens de l’émission avec Michel Côté. Son fils passe à Génie en herbe et répond à toutes les questions, sauf celle pour laquelle la réponse est Michel Côté.
[Surprise sur prise a été d’abord diffusée sur TQS dès 1986, puis de 1991 à 1997 sur Radio-Canada, NDLR]
Avez-vous une série culte?
Tchernobyl. C’est tellement bien fait. L’action se passe en Union soviétique, il y a 40 ans. Ça met en scène un État et des gens qui ne sont pas capables de voir autre chose que la croissance et le pouvoir. Ils vont mentir et ne voudront jamais qu’on leur demande d’éviter les catastrophes. J’ai jamais vu une série qui raconte aussi bien l’origine des problèmes environnementaux qu’on a aujourd’hui. Il y a aussi True Detective, qui est un chef-d’œuvre. Le dernier volet avec Jodie Foster vient de sortir.
Regardez-vous les séries dans lesquelles vous jouez?
Je n’écoute presque jamais ce que je fais, mais j’ai regardé la 4e saison de Plan B au complet. J’ai capoté et ce n’est pas parce que je jouais dedans. Pier-Luc Funk est bon, mais il ne peut pas montrer à quel point il est bon s’il n’a pas un bon scénario comme ça derrière lui. Souvent, les grands acteurs sont associés à des grands films qui sont d’abord de grandes histoires. Et Plan B, c’est du grand storytelling.
Qu’aimez-vous regarder avec votre fille?
On regarde des films en famille. On a vu plusieurs fois La guerre des tuques (1984). Romane aime faire du théâtre et improviser, et dès qu’elle se met à jouer un personnage, elle emprunte les diphtongues des personnages de La guerre des tuques. C’est fascinant de voir à quel point ça s’est ancré en elle très rapidement.
Qu’est-ce qui vous bouleverse ou vous émeut à la télévision?
La LPHF, la Ligue professionnelle de hockey féminin, me bouleverse systématiquement. Je trouve ça tellement beau que ça se fasse enfin, que ça soit plein et qu’on les acclame. Ça a beaucoup plus de succès qu’on pensait. C’est du bon hockey. On se demande pourquoi on n’est pas arrivé là plus vite. La majorité des gens dans la salle sont des jeunes filles qui rêvent de jouer, je trouve ça émouvant. Je pleure à tous les matchs.
Compléments
- Le Maple Leaf Gardens revit grâce au hockey féminin | Radio-Canada
- La LPHF au Centre Bell en avril | Radio-Canada
- Le match Montréal contre Minnesota sera diffusé sur ICI TOU.TV le dimanche 24 mars 16 h
Quelle émission vous a fait changer votre vision du monde?
Je me souviens particulièrement du documentaire Hot Coffee (2011) à propos des poursuites frivoles. On a le réflexe de penser qu’aux États-Unis, on poursuit tout le monde pour n’importe quoi, dont la maudite madame
qui a eu des millions de McDonald parce qu’elle s’est brûlée avec un café trop chaud. C’est écœurant ce documentaire parce qu’il explique l’histoire et ç’a changé ma perception [du système de justice aux États-Unis dans lequel les juges sont élus, ce qui ouvre la porte au lobbying des grandes entreprises qui financent la campagne électorale des juges].
Il y a des documentaires qui changent ma perception des choses.
Le café était vraiment chaud et la vieille dame s’est brûlée sur les cuisses au 3e degré, elle a eu des greffes. Elle a voulu avoir des explications et des excuses et McDonald a vraiment été odieux avec elle. Dans sa poursuite au civil, le jury a condamné l’arrogance de McDonald pour 73 millions. Mais le cas a été porté en appel et a été renversé.
Finalement, tout ça a bien servi les grandes compagnies. Tranquillement, partout aux États-Unis, le système a commencé à mettre des limites de montant pour lequel les citoyens peuvent poursuivre au civil, même si la poursuite est légitime.
Quel est le meilleur épisode que vous avez vu de toute votre vie?
Le dernier épisode de la première saison de Severance (thriller psychologique américain créé par Dan Erickson et produit par Ben Stiller). Je n’ai jamais vu un épisode aussi fort que ça. Toute sa qualité vient du fait que les huit épisodes précédents ont tranquillement construit ce qui va se passer. Quand tu arrives à la fin, tu dis : Ah ben calvaire.
[Severance se déroule dans une entreprise où le personnel se soumet à un programme volontaire pour dissocier leurs souvenirs professionnels de leurs souvenirs personnels. Donc les souvenirs personnels ne viennent pas perturber le temps de travail et vice-versa.]
La deuxième saison de Série noire est en ligne sur ICI Tou.TV EXTRA
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