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Les escrimeurs canadiens, une délégation négligée aux grandes ambitions

Shaul Gordon et Andrew Doddo pointent leur sabre l'un vers l'autre.

Shaul Gordon lors de son duel des demi-finales aux Jeux panaméricains face à Andrew Doddo, des États-Unis

Photo : Associated Press / Eduardo Verdugo

Malgré 128 années et 29 Jeux olympiques sans médaille, l’équipe canadienne d’escrime ne manque pas d’ambition à trois mois du coup d’envoi de Paris 2024.

D’abord parce qu'elle y enverra sa plus importante délégation depuis ceux de Séoul en 1988, une liste de 14 escrimeurs dévoilée jeudi par la fédération, mais aussi parce qu'elle compte utiliser son étiquette de négligée à son avantage.

On ne nous attend pas. La pression n’est pas sur nos épaules, souligne l’entraîneur Arthur Zatko. Selon moi, on a toutes nos chances [de monter sur le podium]. J’y crois dur comme fer. On va travailler pour y arriver.

Zatko fait référence à l’équipe masculine de sabre, la première du Canada aux JO en 28 ans. Farès Arfa, François Cauchon, Shaul Gordon et Olivier Desrosiers tenteront d’orchestrer un retour avec force des Canadiens, même s’ils pourraient se buter d’entrée à la première puissance mondiale, la Corée du Sud. L’an dernier, en Italie, il s’en était fallu de peu pour que les représentants de l’unifolié renversent l’ordre établi. Les Coréens avaient remporté 45-40 le duel des quarts de finale à la Coupe du monde de Padua.

Les cinq escrimeurs sont alignés et tiennent un drapeau avec les anneaux olympiques.

Les sabreurs Farès Arfa, François Cauchon, Arthur Zatko, Olivier Desrosiers et Shaul Gordon représenteront le Canada aux Jeux.

Photo : Gracieuseté : François Cauchon

Nos forces répondent bien à leur style de jeu, très stéréotypé, rapide, très fort en milieu de piste. Nous, nous jouons autour de la ligne de mise en garde. J’attends donc impatiemment de les rencontrer à nouveau, explique avec enthousiasme Zatko.

Notre effectif est très bon, ajoute Cauchon. Pouvoir surprendre les nations qui sont plus fortes que nous sur papier, ce n’est pas un stress, c’est une occasion.

Le Canada présentera également des équipes masculine et féminine au fleuret, tandis que Nicholas Zhang (épée) et Pamela Brind’Amour (sabre) ne disputeront que le volet individuel de leur discipline. Au total, neuf escrimeurs canadiens vivront leur baptême du feu.

Pour n’importe quel sportif amateur ou professionnel, les Olympiques, c’est l’objectif ultime. Pour moi, c’est une très grande fierté et le fruit d’années de travail, de sacrifice, de performance, dit Cauchon, l’un de ces nouveaux venus.

Équipe canadienne d'escrime aux JO de Paris :

Épée, hommes :

  • Nicholas Zhang (Richmond, C.-B.)

Fleuret, hommes :

  • Blake Broszus (San José, Californie)
  • Daniel Gu (Edmonton, Alb.)
  • Bogdan Hamilton* (Saint Louis, Missouri)
  • Maximilien Van Haaster (Montréal, Qc)

Fleuret, femmes :

  • Sabrina Fang* (Vancouver, C.-B.)
  • Jessica Guo (Toronto, Ont.)
  • Eleanor Harvey (Hamilton, Ont.)
  • Yunjia Zhang (Toronto)

Sabre, hommes :

  • François Cauchon (Montréal)
  • Olivier Desrosiers* (Montréal)
  • Shaul Gordon (Richmond)
  • Farès Arfa (Laval, Qc)

Sabre, femmes :

  • Pamela Brind'Amour (Sainte-Martine, Qc)

Une meilleure cohésion

Le concept d’équipe a une saveur particulière en escrime, car les coéquipiers ne partagent jamais la piste en même temps. Il en va donc de même avec celui de cohésion, qui peut sembler une variable inusitée dans un tel contexte. Mais selon Cauchon et Arfa, c’est probablement ce qui a permis à leur équipe de réussir là où leurs compatriotes avaient échoué depuis 1996.

Nous sommes deux vétérans et deux gars un peu plus jeunes, indique Arfa. Ça amène une certaine dynamique. Les jeunes [Cauchon et Desrosiers] ont beaucoup d’énergie, de volonté. Notre rôle, comme vétérans [Arfa et Gordon], est de les guider et de gérer certaines situations auxquelles ils ne sont pas habitués […]. Et nous, c’est quelque chose qui nous manquait, des jeunes qui nous poussent. Il faut alors pousser, nous aussi.

C’est un beau mélange qui se reflète en meilleur résultat des 28 dernières années, résume Cauchon.

Changeante depuis plus d’une décennie, l’équipe masculine de sabre est maintenant intacte depuis trois ans et les entraînements communs, qui se tenaient habituellement à l’Institut national du sport (INS), puis au Collège Jean-de-Brébeuf depuis l’incendie du 21 mars au Stade olympique, sont plus fréquents.

Ça nous permet d’avoir un esprit d’équipe et de créer une certaine volonté, souligne Arfa.

Par le passé, il n’y avait pas de confiance des athlètes les uns envers les autres. L’accent était mis sur les épreuves individuelles, ajoute Zatko. Là, on s’est tous regardé les yeux dans les yeux et on s’est dit qu’on avait notre carte à jouer. C’est pour ça, je crois, que tout se passe bien.

Revenir de loin

Au sabre, Pamela Brind’Amour vivra elle aussi ses premiers JO, à 31 ans. La déchirure d’un ligament croisé antérieur et la pandémie l’ont éloignée des pistes pendant deux ans, au cours desquels elle a songé à la retraite.

Après un retour victorieux aux Championnats canadiens, en novembre 2021, Brind’Amour a eu la confirmation qu’elle avait pris la bonne décision.

Elle retire son masque pendant que son adversaire s'éloigne.

Pamela Brind’Amour après un combat aux Jeux panaméricains à l'automne dernier.

Photo : Getty Images / Al Bello

Je me suis dit qu’il me restait un petit quelque chose, raconte-t-elle.

Près de trois ans plus tard, elle se retrouvera enfin sur la plus grande des scènes. Un exploit qui lui aura notamment forcée à faire des sacrifices financiers. Ses deux dernières saisons lui ont coûté 40 000 $ chacune, faute de financement de la Fédération canadienne d’escrime.

Il est difficile pour la fédération de soutenir ses athlètes. Je n’ai pas reçu de financement pour ma qualification olympique. J’ai donc dû travailler en même temps. C’est une réalité bien différente de celle d’autres fédérations qui ont les moyens de financer les compétitions des athlètes. Moi, je dois payer mes coûts de déplacement et d’entraînement […]. Presque tous mes revenus vont dans l’escrime, explique-t-elle.

Avec les informations de Jay Turnbull

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