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ChroniqueLa NCAA serait sur le point de révolutionner le hockey junior canadien

Un joueur de hockey décoche un tir.

Lane Hutson portant l'uniforme de l'université de Boston.

Photo : Getty Images / Brian Fluharty

À l’occasion d’un bref point d’information figurant à l’ordre du jour de leur réunion annuelle, les directeurs généraux de la LNH ont appris la semaine dernière qu’une véritable révolution est peut-être en train de mijoter au sein d’une de leurs principales pépinières de talents.

Elliotte Friedman a révélé samedi à Hockey Night in Canada que les directeurs généraux avaient été informés que la NCAA songeait à abolir les règles qui interdisent aux hockeyeurs des ligues junior majeur canadiennes de jouer au sein du réseau universitaire américain.

Après vérifications auprès de quelques participants à cette réunion, il appert que ce sujet n’a été abordé que pendant quelques minutes. Par contre, si ces informations devaient s’avérer, les répercussions seraient énormes dans le monde du hockey. Le chaotique modèle de développement nord-américain en ressortirait considérablement chamboulé et simplifié. Et ce serait probablement pour le mieux.

Depuis toujours, la NCAA considère les hockeyeurs des ligues junior majeur canadiennes comme des professionnels parce que des joueurs ayant signé des contrats de la LNH y jouent, et parce que les joueurs sont rémunérés (même si les compensations offertes sont très modestes).

Cette règle fait en sorte que si un hockeyeur dispute un seul match dans une ligue junior majeur, il perd son statut d’athlète amateur et les portes de la NCAA lui sont fermées à jamais.

Le contexte a toutefois beaucoup changé aux États-Unis au cours des dernières années. Une décision de la Cour suprême a notamment affirmé que les athlètes de la NCAA ont pleinement le droit de monnayer leur nom et leur image. Par ailleurs, il arrive souvent que des athlètes universitaires s’adressent aux tribunaux américains et au Conseil des relations de travail pour faire tomber les barrières qui les empêchent de monnayer leur talent.

Cette mouvance de la notion d’amateurisme fait en sorte que les restrictions imposées aux hockeyeurs des ligues junior majeur canadiennes apparaissent de plus en plus futiles.

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Cela dit, les effets d’un tel changement de réglementation s’avéreraient extrêmement positifs tant pour les ligues junior majeur canadiennes que pour les programmes de la NCAA.

Dans un premier temps, on verrait de nombreux talents américains se joindre à des équipes junior majeur de l’Ouest, de l’Ontario et de la LHJMQ pour se préparer à faire le saut au hockey universitaire. Le calibre de jeu du hockey junior en serait donc considérablement rehaussé.

Pour nos recruteurs, ce serait incroyable de pouvoir comparer des pommes avec des pommes et de voir la grande majorité des meilleurs espoirs nord- américains s’affronter les uns les autres ou évoluer dans des calibres de jeu semblables, commente un DG de la LNH.

Dans un second temps, les universités américaines accueilleraient à bras ouverts un plus grand nombre de joueurs canadiens, ce qui rehausserait aussi grandement le calibre de jeu de la NCAA.

À titre d’exemple, il serait dorénavant possible pour un hockeyeur des Remparts de Québec ou des Voltigeurs de Drummondville de poursuivre ses études et son développement athlétique au Boston College ou à Michigan après son stage junior. Tout cela en continuant de bénéficier d’une grande visibilité auprès des équipes professionnelles.

Le hockey étant un sport à développement tardif, et le hockey universitaire canadien étant largement ignoré par les recruteurs de la LNH, ce changement de réglementation s’avérerait positif à plusieurs autres égards pour les hockeyeurs des ligues junior majeur. Leur parcours athlétique ne les inciterait plus à délaisser leurs études pour faire le saut prématurément dans des ligues professionnelles mineures. Au contraire, ils seraient incités à étudier davantage afin d’être recrutés par les meilleurs programmes de la NCAA.

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À l’inverse, de tels changements auraient sans doute des effets dévastateurs pour le hockey universitaire canadien. Dans le réseau U Sports, le hockey est largement sous-financé par rapport au hockey de la NCAA. Qui plus est, le hockey universitaire ne fait pas partie de la stratégie de développement de Hockey Canada.

Au lieu de se tourner vers les universités canadiennes, les meilleurs talents du hockey junior majeur opteraient probablement pour la visibilité que leur procureraient les programmes américains.

Ce changement de cap pourrait aussi saboter les efforts qui sont déployés en coulisses depuis plusieurs années au Québec afin de mettre sur pied une vraie ligue universitaire québécoise axée sur l’excellence.

Le Canada, pays où le hockey a été inventé et où il est le sport national, se retrouverait dépendant du réseau universitaire américain pour la poursuite du développement de la majorité de ses meilleurs talents, un peu comme c'est le cas pour le hockey féminin. Ce serait l’aboutissement logique de décennies de négligence de la part des penseurs du hockey canadien.

Enfin, plusieurs ligues junior A canadiennes accueillent depuis de très nombreuses années d’excellents joueurs canadiens et américains qui souhaitent préserver leur admissibilité au hockey universitaire américain. Si la NCAA cessait de bannir les joueurs des ligues junior majeur, ces ligues junior A perdraient inévitablement une bonne partie de leur attrait.

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Si la NCAA devait finir par modifier ses règles d’admissibilité, on organiserait sans doute une grande fête au siège social new-yorkais de la LNH.

Il y a une dizaine d’années, Gary Bettman avait confié à Pat LaFontaine la présidence d’un comité qui était justement censé réfléchir à une simplification du système de développement nord-américain. Le système en vigueur étant totalement éclaté, on estimait primordial de créer une sorte de tronc commun pour accueillir les meilleurs talents.

Les espoirs nord-américains jouent au sein des trois ligues juniors majeures canadiennes, dans les ligues junior A canadiennes, dans les ligues junior américaines, au sein du programme de développement national des États-Unis, dans les « prep schools » américaines et dans les programmes universitaires américains.

En plus, tous ces joueurs ne sont pas soumis aux mêmes règles de repêchage.

Les règles avantagent grandement les hockeyeurs qui poursuivent leurs études universitaires par rapport aux hockeyeurs juniors.

Réunissant quelque 34 représentants des principales ligues professionnelles et amateurs de l’Amérique du Nord, le comité de Pat LaFontaine n’avait toutefois pas été en mesure de dégager un consensus permettant de simplifier la structure et de faire progresser le hockey.

Or, il semble qu’en modifiant une seule de ses règles, la NCAA pourrait accomplir la majorité des objectifs qui étaient recherchés il y a dix ans.

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