La folle journée d’Adam Siao Him Fa
Adam Siao Him Fa
Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis
Les spectateurs qui étaient au Centre Bell pour assister aux Championnats du monde de patinage artistique au cours des derniers jours ont été témoins d’histoires inspirantes et de performances hors normes.
Bien sûr, on pense tout de suite à la médaille d’or remportée par le duo Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps, ou aux excellents résultats de l’énergique couple en danse, composé de Marjorie Lajoie et de Zachary Lagha, qui a terminé 5e alors que la jeune femme se remettait à peine d’une commotion cérébrale.
Quant à la finale chez les hommes, elle a été historique.
L’Américain Ilia Malinin, ou le dieu du quadruple saut (Quad God), comme il s’est lui-même surnommé, a été parfait et a électrisé la foule dès le début de son programme libre en réussissant un quadruple axel, saut qu’il est le seul à réaliser, pour l’instant.
Mais le parcours du Français Adam Siao Him Fa est digne d’un scénario de film.
Le patineur de 23 ans est arrivé à Montréal avec le poids du patinage artistique français sur les épaules.
Les médias le présentaient déjà comme le patineur qui allait remporter une première médaille aux mondiaux de patinage artistique depuis Brian Joubert, en 2010, et bien sûr, il allait devenir champion du monde, encore là une première depuis 2007 (Joubert).
Il est quand même double champion d’Europe et il a remporté la Coupe de Chine et le Trophée de France cette saison.
Pour les Français, le jeune homme allait tenir tête au champion en titre, le Japonais Shoma Uno, et terrasser le dieu des quads, Ilia Malinin.
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Le jeune prodige s’est toutefois effondré lors de son programme court, ratant l’ensemble de ses sauts. Une performance bonne pour la 19e place, très loin des attentes et pas du tout à la hauteur de son talent.
En zone mixte, Siao Him Fa semblait sous le choc et peinait à expliquer sa contre-performance. Une chose était toutefois claire pour lui, la pression d’être le prochain médaillé français n’avait rien à y voir.
En France, les médias ont été sans pitié.
Adam Siao Him Fa a abandonné toute chance de médaille
, écrit Le Parisien, qui ajoute : C’est une vraie déception pour le patinage français.
Adam Siao Him Fa en perdition
, titre L’Équipe, avec une photo peu flatteuse.
Capture d'écran du journal français «L'Équipe».
Photo : Capture d'écran L'Équipe
Il est vrai que personne n’avait prédit la suite.
Samedi, lorsque le patineur s’est présenté sur la glace, le mieux qu’il pouvait faire était de remonter au classement, assurément un top 10, peut-être un top 5.
N’ayant plus rien à perdre, le jeune homme a enchaîné les triples et quadruples sauts avec la confiance et la constance qui lui manquaient lors du programme court, pour livrer un programme libre tout simplement parfait.
Formidable, exceptionnel, hors du commun, sublime
, lançait l’analyste Alain Goldberg, qui n’est pas reconnu pour sa retenue.
Et ça ne s’invente pas, Adam Siao Him Fa patinait sur un extrait de The Quality of Mercy, de Max Richter. Sa miséricorde, le public montréalais la lui a accordée. Les spectateurs l’ovationnaient avant même la fin de son programme et, pour les remercier, le fougueux patineur a ajouté un saut périlleux arrière, pourtant interdit en compétition par la fédération internationale. Il a été pénalisé de deux points pour ce geste, mais la foule était ravie.
Adam Siao Him Fa alors qu'il exécute un saut périlleux arrière.
Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis
En entrevue avec Radio-Canada Sports, Adam Siao Him Fa a souligné que son saut périlleux n’était pas prévu lorsqu'on lui a demandé s'il s'agissait d'un pied de nez à la fédération.
Ç’a été la surprise, a commencé Siao Him Fa. Après le dernier élément, je me suis dit : "J’ai fait tout mon travail, je sais que pour le podium, ce ne sera peut-être pas cette année, ce sera pour plus tard". Pour ce programme-là, je me suis dit : "On le fait". Pour un plaisir personnel, mais aussi pour le public, car je pense qu’il faut que l’on donne un petit coup de nouveauté à notre sport.
Le jeune homme a répondu avec un sourire en coin, le même que ses entraîneurs lorsqu’on leur a souligné le traitement que les médias français lui avaient réservé la veille.
Avec son impressionnant pointage, Siao Him Fa est resté longtemps à patienter dans la zone verte. Alors qu’il croyait être évincé du podium, il a finalement récolté le bronze, et il semblait le premier surpris.
Le ton de nos collègues français a changé.
Énorme
, a écrit L’Équipe.
Capture d'écran du journal français «L'Équipe».
Photo : Capture d'écran de L'Équipe
Le fameux sursaut d'orgueil. Seuls les grands champions savent réagir après un échec cuisant. Et le public averti du mythique Centre Bell de Montréal (Canada) ne s'est pas trompé au moment d'offrir une véritable standing ovation digne d'un patineur canadien ou d'un futur champion du monde. Ce ne fut ni l'un, ni l'autre. Mais bel et bien le Français Adam Siao Him Fa, auteur d'un programme libre époustouflant (206,90 points et 284,39 points au cumulé), samedi 23 mars, qui lui permis de s'inviter à la surprise générale sur le podium alors qu'il avait complètement raté le programme court (19e), deux jours plus tôt.
La perfection de l’Américain Ilia Malinin a marqué les esprits samedi, tout comme la ténacité et la bravade du jeune Français.
Ça promet pour la prochaine saison et les Jeux olympiques de 2026.
Pour revoir les Championnats du monde de patinage artistique à Montréal, consultez la page « diffusions », dans la section « en reprise ».
