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Des Albertains qui se sont battus pour les droits des personnes noires

Un groupe d'une cinquantaine de personnes rassemblées devant une église.
La congrégation de l'Église épiscopale méthodiste africaine Émmanuel d'Edmonton en 1921.PHOTO : Archives du Musée Glenbow, photo ND-3-1199
Publié le 4 février 2021

L'historien Stéphane Guevremont retrace le combat de trois Albertains noirs pour faire reconnaître leurs droits au cours du 20e siècle.

La toute première poursuite en lien avec les droits civiques en Alberta a été déposée en février 1914 à Calgary par un employé du Canadien Pacifique, Charles Daniels, qui était un fervent amateur des oeuvres de Shakespeare.

On lui avait refusé une place au Théâtre Grand en raison de la couleur de sa peau. Il a été humilié et ridiculisé par des spectateurs pendant que le personnel du théâtre lui demandait de s'asseoir au balcon dans la section réservée aux personnes de couleur ou de se faire rembourser son billet.

Le quotidien Calgary News-Telegram s'est déclaré en faveur de Charles Daniels dans un éditorial qui prônait le Canada comme « une terre de liberté pour tout homme, sans égard à la couleur de sa peau... qui le soumettrait à des indignités ou à des inconvénients ».

Le 26 mars 1914, les journaux de Calgary annonçaient que Charles Daniels avait gagné sa cause « par défaut », car aucun accusé ni avocat de la défense ne s'était présenté au procès à la date prévue. Il est donc possible que le Théâtre Grand ait signé une entente hors cour après les faits. Malheureusement, on ne sait pas ce qui est arrivé à cet homme après sa victoire.

Huit ans plus tard, à Edmonton, une femme noire de 36 ans née aux États-Unis, Lulu Anderson, a essayé d'acheter un billet pour assister à une représentation d'une pièce au Théâtre Métropolitain, mais on lui a refusé l'accès au site et elle a même été assaillie par le personnel de l'établissement.

Une poursuite contre le Théâtre Métropolitain a été déposée en mai de la même année. La cause de plusieurs mois a été entendue par un juge francophone venant de Saint-Boniface au Manitoba.

Celui-ci a rendu un verdict contre Lulu Anderson en affirmant que « la direction du Théâtre Métropolitain avait le droit de refuser l'accès au site à quiconque avait été remboursé pour son billet d'admission ». Pourtant, son jugement semble encore aujourd'hui nébuleux, car Lulu Anderson n'avait pas eu le droit d'acheter un billet en premier lieu.

Une autre figure importante de la lutte pour les droits des Noirs en Alberta est Theodore Stanley King, aussi appelé Ted King.

L'homme né à Calgary d'une famille venant de l'Oklahoma était un militant des droits civiques, un courtier immobilier, un comptable et un ancien employé du Canadien Pacifique. Il a aussi servi dans les Forces armées canadiennes comme caporal en Angleterre.

Theodore Stanley King a également été président de l'Association albertaine pour l'avancement des droits des personnes de couleur de 1958 à 1961.

L'une de ses soeurs, Violet King, est quant à elle devenue la première personne noire à obtenir un diplôme en droit en Alberta (1953), la première personne noire admise au barreau de l'Alberta et la première avocate noire au Canada (1954).

En raison de son implication civique, Theodore Stanley King a décidé d'intenter une action en justice contre la politique discriminatoire d’un motel de Calgary, le Barclay's, qui lui avait refusé de louer une chambre le 13 mai 1959.

Theodore Stanley King a perdu sa cause en avril 1960, car il n'était pas un voyageur, mais plutôt un résident de Calgary. L’affaire a été portée devant la Cour suprême de l'Alberta en février 1961.

La Cour a maintenu le jugement de première instance avec tous les juges d'accord sur le fait que Theodore Stanley King n'était pas un voyageur et quatre sur cinq pour confirmer que le motel n'était pas une auberge. Cependant, l'Assemblée législative de l’Alberta s'est empressée de modifier la loi en éliminant l’exigence qu’une auberge offre de la nourriture.

Le législateur a par la suite ajouté un article à la loi stipulant qu'un motel pouvait demander à un client de partir seulement s'il provoquait des troubles sur place. Après cette affaire, la société canadienne en entier commença véritablement à changer et les droits civiques sont devenus un cheval de bataille pour toute une génération durant la décennie qui suivit en Alberta et dans d'autres provinces.

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