•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Morts de pompiers à Saint-Urbain : des intervenants surchargés en manque de formation

Deux officiers de service de sécurité incendie en uniforme regardent la caméra.

Le reportage de Camille Carpentier

Photo : Radio-Canada

La surcharge de travail des cadres municipaux et des pompiers est au cœur des témoignages entendus au 9e jour de l'enquête publique du coroner sur les décès des pompiers volontaires Régis et Christopher Lavoie.

L'Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec a témoigné de la diversité des tâches que doivent mener les pompiers en 2024. Celles-ci vont de la gestion des matières dangereuses aux sauvetages, en passant par la lutte aux incendies.

Rappelons que lors de leur intervention, Régis et Christopher Lavoie n'avaient pas reçu la formation pour mener une intervention sur une zone nautique.

Le milieu de la sécurité incendie a évolué énormément. Les gestionnaires doivent prendre de multiples décisions. Il faut s’adapter rapidement aux différentes interventions. Les changements climatiques nous touchent énormément, a confié Jean Bartolo, directeur de l'Association et directeur de la prévention et lutte contre les incendies de Repentigny.

Opération de sauvetage dans le Vieux-Port de Montréal.

Des pompiers de Montréal en pleine opération de sauvetage d'une jeune femme de 19 ans.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Wagner

75 % des pompiers du Québec sont volontaires ou à temps partiel et occupent un autre emploi. Leur disponibilité rend difficile la possibilité d'obtenir les différentes formations pour répondre aux besoins d'aujourd'hui, selon lui.

Le tiers des directeurs de services incendie de la province ne dispose que de 15 h par semaine pour mener à bien toutes leurs responsabilités, avance Jean Bartolo. C'est assez difficile d’être capable de remplir toutes les exigences, surtout la santé et la sécurité au travail, quand on si peu de moyens.

Un pompier volontaire ou temps partiel, il fait les mêmes tâches qu'un pompier régulier et surtout, il court les mêmes risques.

Une citation de Jean Bartolo, directeur, Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec
Des policiers et des pompiers regroupés sur le bord de la rivière.

Des pompiers de la région de Chaudière-Appalaches s'apprêtent à récupérer un corps à la suite d'une noyade.

Photo : Gracieuseté : Guillaume Giroux

La mise en commun des services incendies est une priorité pour mieux protéger et former les pompiers. Les avantages, c'est vraiment de mettre en commun les équipements, c'est d'avoir un meilleur temps de réponse. C'est d'avoir aussi des ressources suffisantes, ajoute Jean Melançon, coprésident de l'Association et directeur du Service de sécurité incendie de l'agglomération de Longueuil. Au Québec, il existe 610 services incendies. 428 desservent des municipalités de moins de 5000 habitants.

L'Association demande aussi une uniformisation des formations sous l'égide de l'École nationale de pompier et la création de postes à temps plein pour des gestionnaires en sécurité incendie.

Un directeur général aux multiples chapeaux

La fonction de directeur général dans une petite municipalité est aussi sous la loupe de la coroner.

Le 1er mai 2023, le directeur général de Saint-Urbain, Martin Guérin, n'avait que très peu d'expérience et devait occuper le poste de coordonnateur des mesures d'urgence lors des inondations : une fonction pour laquelle il était très peu familier.

Martin Guérin et Claudette Simard ont donné leur version des évènements, lundi, au palais de justice de La Malbaie.

Martin Guérin et Claudette Simard ont donné leur version des évènements, lundi, au palais de justice de La Malbaie.

Photo : Radio-Canada

Il s'agit d'une situation peu surprenante selon le directeur de l'Association des directeurs municipaux du Québec (ADMQ), Marc-André Pâlin, qui a témoigné d'une méconnaissance généralisée de ce rôle central lors de sinistres. On observe au niveau de nos membres, c’est des fonctions qui sont méconnues.

Depuis quelques années, la fonction de directeur général s'est considérablement alourdie dans les petites municipalités, selon lui.

Selon une étude commandée par l'organisme, un directeur général doit travailler en moyenne 57 h par semaine pour arriver à remplir ses différentes responsabilités. Celui-ci passe en moyenne 14 h par année sur la sécurité civile. C'est très peu. La formation des fois, on peut le mettre de côté.

Un homme s'adresse aux médias.

Le directeur de l'Association des directeurs municipaux du Québec, Marc-André Pâlin.

Photo : Radio-Canada / Camille Carpentier

L'ADMQ demande une formation obligatoire pour les directeurs généraux pour les familiariser avec leurs différentes fonctions. La formation est le nerf de la guerre pour ceux qui occupent cette fonction-là, croit-il. Il demande également des éclaircissements législatifs pour mieux encadrer le rôle du coordonnateur municipal en mesure d'urgence.

Cadre nautique à venir

Un cadre nautique, pour mieux outiller les services incendies lors des sauvetages nautiques, devrait être dévoilé en juin par le ministère de la Sécurité publique.

Il vise à encadrer et standardiser les bonnes pratiques, notamment les équipements de protection et les formations.

Un véhicule du Service incendie de la Ville de Québec qui tracte un bateau gonflable de sauvetage.

La Municipalité de Baie-Saint-Paul a annoncé son intention de former des pompiers au sauvetage nautique. Le Service de protection contre l'incendie de Québec possède des pompiers formés pour ce genre d'opération.

Photo : Radio-Canada / Steve Jolicoeur

L'Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec s'est dite très favorable à ce cadre nautique.

Rappelons que la MRC de Charlevoix avait déjà envisagé de mettre sur pied une équipe nautique, mais avait abandonné l'idée en raison d'un manque de connaissances. Le cadre devrait répondre aux questionnements, selon Jean Mélançon. Il va définir qu’est-ce qu'il faut avoir comme formation pour être en mesure de faire partie de ça.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Québec

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Québec.