•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Le MPO s’attaque à la vente au comptant et non déclarée de homard

Homard vivant sur un casier.

Selon le MPO, la valeur des débarquements pour la pêche côtière au homard en 2021 dépassait 2 milliards de dollars.

Photo : iStock

Dans un avis aux pêcheurs envoyé par la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier dit vouloir s’attaquer aux ventes et aux débarquements non déclarés dans toutes les pêches de l’Atlantique et du Québec, citant l'exemple de la pêche au homard.

Cet avis date du 3 mai dernier et fait suite aux nombreuses visites sur le terrain de la ministre. Il ne cible donc pas un événement déclencheur en particulier, précise le MPO.

Je sais que cette question est au cœur des priorités de nombreuses parties prenantes, tant dans le secteur de la capture que celui de la transformation, explique la ministre dans cet avis.

La ministre Diane Lebouthillier en marge d'une conférence de presse au port de Sept-Îles.

Diane Lebouthillier, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde-côtière.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Elle rappelle que les débarquements ou les revenus qui ne sont pas déclarés, et qui impliquent souvent des transactions en argent comptant, sont illégaux.

Déclarer les prises pour l’avenir de la ressource

À l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), on encourage évidement les pêcheurs à déclarer leurs prises. On a des pêcheurs qui disent que dans certains cas, ça peut être un problème où il y a des transactions qui se font avec du cash, plus que d’autres, dit le directeur général de l’UPM, Martin Mallet.

Même si cela reste un enjeu, il indique qu’il ne s’agit pas d’un problème partout.

C’est pas illégal de se faire payer en argent comptant. Ce qui est illégal, c’est de ne pas le rapporter à [l'Agence du] revenu du Canada à la fin de l’année.

Une citation de Martin, Mallet, directeur général de l'Union des pêcheurs des Maritimes

Dans son avis, la ministre Lebouthillier précise que les informations sur les prises pêchées sont essentielles pour assurer une bonne gestion de la ressource. Un avis partagé par Martin Mallet, car la viabilité de la pêche en dépend.

Si on n’a pas de données sur ce qui ressort de ces pêches-là, ça devient très difficile de pouvoir bien gérer la gestion des plans de pêche.

Martin Mallet devant une baie.

Martin Mallet, directeur général de l'Union des pêcheurs des Maritimes, explique que la déclaration des prises est essentielle pour la bonne gestion des ressources.

Photo : Radio-Canada / Frederic Michael Cammarano

Le MPO précise que la valeur des débarquements pour la pêche côtière au homard en 2021 dépassait 2 milliards de dollars. Dans une déclaration, l’Agence du revenu du Canada dit ne pas être en mesure de spéculer quant aux revenus des pêcheurs qui ne sont pas déclarés.

Un sujet délicat, un problème de longue date

Le directeur général de l’Association des transformateurs de homard, Nat Richard, est conscient que la question des prises non déclarées est délicate. Selon lui, le problème n’est pas exclusif à la pêche au homard, mais il y est bien présent, et ce depuis longtemps, au vu et au su de tous.

J’ai trouvé la déclaration de la ministre, dans l’avis aux pêcheurs, courageuse, politiquement. Je crois qu'elle a fait preuve d’un courage politique rare juste en nommant les choses, lance-t-il.

Nat Richard sur un quai au Nouveau-Brunswick en juillet 2022.

Nat Richard, directeur général de l'Association des transformateurs de homard, croit que les choses doivent changer et qu'un contrôle plus serré doit être mise en place pour décourager les fausses déclarations des prises des poissons et des fruits de mer.

Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue

Il précise que ce n’est pas la majorité des pêcheurs de homard qui omettent de déclarer certaines prises. Toutefois, ces pratiques ne doivent plus être tolérées, selon lui.

Elles sont devenues incrustées sur nos quais et ça va prendre beaucoup de courage politique pour s’y attaquer et se débarrasser de ces pratiques-là.

Une citation de Nat Richard, directeur général de l'Association des transformateurs de homard

Nat Richard ajoute que ce problème est souvent associé aux pêcheurs autochtones, ce qui n’est absolument pas le cas, selon lui. De laisser entendre que ce problème-là est limité aux pêcheries autochtones, je trouve ça complètement à côté de la track. C’est absolument faux quand on sait l'étendue du problème dans la pêche commerciale.

Plus de contrôle sur les quais

La pêche au homard n’est pas une pêche au quota, comme celle du crabe des neiges par exemple, où il est plus difficile d’omettre de déclarer des prises.

Les pêcheurs de homard doivent remplir un journal de bord en version papier. La version électronique est utilisée par certains, mais elle n’est pas obligatoire dans les Maritimes, bien qu'elle contribue à obtenir des données sur la ressource plus rapidement.

Selon Martin Mallet et Nat Richard, ces pratiques de fausses déclarations des prises de homard sont la responsabilité des pêcheurs, mais aussi des acheteurs, car tous deux sont directement impliqués dans le processus. L'acheteur pourrait lui aussi se servir d'un journal de bord électronique, qui pourrait être vérifié, par exemple.

Un meilleur contrôle lors du débarquement, par une plus grande présence d'agents du MPO sur les quais, fait aussi partie des solutions, selon ces intervenants.

Le MPO n’a à peu près pas de présence sur les quais. Ça, c'est un vrai problème [….] On peut avoir tous les règlements au monde, si on n’a pas de ressource pour les mettre en application, il n’y a pas grand-chose qui va changer, ça, c’est clair, dit Nat Richard.

Dans une déclaration, le MPO dit que des agents des pêches vérifient les débarquements au moyen d’un certain nombre de mécanismes, y compris l’inspection des journaux de bord pour s’assurer qu’ils sont complets et exacts. Le ministère précise aussi qu’une modernisation des outils de surveillance est en cours, soit l’implantation progressive de journaux de bord électroniques.

D’après les informations de Nicolas Steinbach

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Acadie

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Acadie.