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Des caribous de la Gaspésie en captivité peut-être pour longtemps

Un bébé caribou est couché dans la forêt.

Il ne reste qu'environ 24 caribous de la Gaspésie, selon le dernier inventaire annuel. (Photo d'archives)

Photo : fournie par le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs / Valentin Bonnefont / SEPAQ

Le gouvernement du Québec envisage de maintenir en captivité les caribous de la Gaspésie qui sont actuellement en enclos. Une telle décision sera prise en fonction de différents paramètres, comme le succès de reproduction des individus.

Environ la moitié de la harde, soit 13 caribous, a été capturée cet hiver par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, notamment pour les placer à l'abri de la prédation. Il s'agit de 10 femelles et de 3 mâles.

En entrevue, Mathieu Morin, biologiste à la Direction régionale de la gestion de la faune Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, dit souhaiter que de telles mesures de gestion de la population soient temporaires.

Est-ce une garde permanente à court terme, à moyen terme ou à plus long terme, toujours dans une optique de réintroduction de la population? Ce sont des scénarios qui peuvent être modulables d’une année à l’autre, explique-t-il.

Il cite des paramètres comme le succès de reproduction, les taux de mortalité observés ou encore les taux de gestation.

Le plan se veut évolutif en fonction des paramètres de ce qu'on observe. Plusieurs facteurs peuvent influencer la façon dont on va maintenir le tout en captivité. Mais il n'est aucunement question de garde permanente, assure-t-il.

Ce qu’on souhaite ultimement, c’est de revoir des animaux dans la nature. C’est ça, l’objectif ultime.

Une citation de Mathieu Morin, biologiste à la Direction de la gestion de la faune de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

Il ajoute qu’il serait très difficile de mettre toute la harde de caribous de la Gaspésie en captivité.

Restaurer l'habitat

Avant de mettre fin à la mise en enclos, il faut toutefois que l'habitat du caribou soit d'une qualité suffisante pour permettre à la harde de se maintenir, convient Mathieu Morin.

Selon une étude d'Environnement Canada, le taux de perturbation de l'habitat du caribou doit être au maximum de 35 % pour qu'une population soit viable. Or, dans l'aire de répartition du caribou de la Gaspésie, ce taux est de 87 %.

Carte des territoires ciblés par le projet pilote de conservation du caribou montagnard de la Gaspésie.

Les territoires ciblés par le projet pilote de conservation du caribou montagnard de la Gaspésie.

Photo : Radio-Canada / Olivia Laperrière-Roy

Cette restauration de l'habitat du caribou, qui doit être constitué de forêts matures, va prendre des décennies.

Il faut que l'habitat redevienne d'une qualité suffisante pour favoriser l’autosuffisance des populations. On n'en est pas là, effectivement. Dans l'optique où il y a un délai de restauration qui est quand même conséquent, nos mesures de gestion seront là pour pallier, en fonction de cette durée, explique le biologiste.

Le bilan des naissances sera présenté par le ministère début juillet pour les trois populations de caribous qui sont actuellement en partie ou totalement en captivité : les hardes de Charlevoix, de Val-d’Or et de la Gaspésie.

Un changement de stratégie

Pour Serge Couturier, biologiste spécialiste du caribou, qui a été à l’emploi du ministère responsable de la faune pendant 27 ans, il s’agit d’un changement de stratégie complet de la part du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Étant donné que le ministère a aussi capturé des mâles pour les mettre en enclos, il ne s’agit plus seulement d’une captivité de quelques mois pour protéger des femelles gestantes des prédateurs.

Ça va être une garde en captivité du même genre que celle qui a eu lieu pour la population de caribous de Val-d’Or, une mise en captivité permanente comme c’est survenu pour la harde de Charlevoix, explique-t-il.

Portrait de Serge Couturier, spécialiste du caribou.

Le biologiste Serge Couturier

Photo : Radio-Canada

Le biologiste se montre très critique à l’égard de son ancien employeur, qui annonce des actions qui n’arrivent pas et met en place consultations publiques par-dessus consultations publiques.

Jusqu'à quoi? Jusqu'à ce qu'on obtienne la réponse que le ministère veut entendre : c'est-à-dire que [la protection du] caribou a des incidences économiques, donc qu'on ne protège pas le caribou, laisse-t-il tomber.

Fin avril, le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a présenté les mesures de conservation du caribou et de son habitat pour les hardes de Charlevoix et de la Gaspésie, mesures qui font l'objet de consultations.

Selon Mathieu Morin, la capture des mâles en plus des femelles s’explique par un gain potentiel pour leur faire faire un cycle de reproduction à l’intérieur de l’enclos, optimiser cette infrastructure et éviter une capture subséquente.

S’il y a des problèmes ou s’il y a un taux de gestation trop faible, à ce moment-là, on n'a pas à retourner capturer des mâles dans des conditions sous-optimales en été, explique-t-il.

Pour sa part, Serge Couturier rappelle que la mise en enclos a connu des résultats inégaux sur le plan de la reproduction.

La harde de Charlevoix a connu un baby-boom en 2023, mais les résultats des enclos de maternité ont été catastrophiques pour les hardes de la Gaspésie et de Val-d'Or, avec la mort de trois faons et d’une femelle.

Le biologiste préconise plutôt un projet d’élevage de caribous, en collaboration avec le Bioparc de la Gaspésie.

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