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La contribution de l’Ozempic à la perte de poids enfin démystifiée?

Le coin d'une boîte d'injecteurs Ozempic, avec l'objectif sur le logo de l'entreprise pharmaceutique Novo Nordisk, qui est un dessin de taureau bleu.

Conçu pour traiter le diabète de type 2, l’Ozempic est également prescrit pour la perte de poids dans certains pays. (Photo d’archives)

Photo : Reuters / George Frey

Des chercheurs de l’Université Laval pourraient avoir percé le mystère entourant l’effet coupe-faim de l’Ozempic et des médicaments analogues utilisés pour traiter le diabète de type 2.

Dans une étude publiée par la revue Neuroendocrinology, ils annoncent avoir identifié une nouvelle famille de neurones du cerveau qui pourrait expliquer comment ces médicaments parviennent à réduire l’appétit.

L’étude a été réalisée sous la responsabilité d’Alexandre Caron, professeur à la Faculté de pharmacie de l'Université Laval et chercheur à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Contrôle de la faim

En entrevue à Radio-Canada, M. Caron explique que le sémaglutide, la molécule active de l'Ozempic et de ses équivalents génériques, reproduit les effets du GLP-1, l’hormone sécrétée par l'intestin après un repas.

Alexandre Caron accorde une entrevue à Radio-Canada à l’intérieur d’un pavillon de l’Université Laval.

Alexandre Caron souligne que si l’effet coupe-faim de l’Ozempic était connu depuis longtemps, la manière dont il parvient à réduire l’appétit était restée jusqu’ici un mystère.

Photo : Radio-Canada

À l’instar du GLP-1, le sémaglutide circule dans le sang et se rend dans le noyau arqué de l'hypothalamus, une petite région du cerveau qui contrôle l’appétit, où il vient induire la sensation de satiété.

Alexandre Caron précise que l’effet coupe-faim de cette molécule a été découvert avant même la commercialisation de l’Ozempic, un médicament conçu pour traiter le diabète de type 2 notamment en stimulant la production d’insuline.

Par contre, le mécanisme permettant au sémaglutide de réduire l’appétit était jusqu’ici un mystère.

Sous le radar

Ce qu'on a démontré, c'est qu'il existait une population de neurones qui était pour l'instant passée sous nos radars, qui exprimait fortement des récepteurs GLP-1 et qui était sensible aux analogues de GLP-1, raconte le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en pharmacologie neurométabolique.

Représentation graphique de l’hormone intestinale GLP-1.

Contrairement à l’hormone intestinale GLP-1 (photo), qui se dégrade environ cinq minutes après sa libération, le sémaglutide a une demi-vie de sept jours. (Photo d’archives)

Photo : iStock / ALIOUI Mohammed Elamine

Il mentionne que la découverte effectuée par son équipe pourrait permettre d’améliorer l’efficacité du sémaglutide, qui ne convient pas à tous les patients.

Il y a des gens qui ont des effets secondaires intolérables. Donc, ils cessent la prise du médicament. On sera peut-être maintenant en mesure de savoir comment développer une meilleure molécule et comment en développer de nouvelles également, avance le chercheur.

L’article paru dans Neuroendocrinology est, outre Alexandre Caron, signé par Olivier Lavoie, Audrey Turmel, Paige Mattoon, William James Desrosiers, Julie Plamondon et Natalie Jane Michael.

Gestion du poids

En raison de son effet coupe-faim, le sémaglutidde est couramment prescrit à des fins de perte de poids. La présidente de l'Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec, Joëlle Emond, soutient que l’utilisation de cette molécule peut effectivement jouer un rôle dans le traitement de l’obésité chez certains patients.

Elle est utile quand l'adoption de saines habitudes alimentaires ou de vie a été soit inefficace ou impossible à maintenir à long terme. Donc, quand l'équipe soignante juge qu'il est utile d'utiliser la médication, bien, à ce moment-là, ça offre une option de plus pour parvenir à nos fins, explique Mme Emond en entrevue à Radio-Canada.

Joëlle Emond lors d’une entrevue en visioconférence.

Joëlle Emond affirme que l’utilisation de médicaments comme l’Ozempic « a sa place » dans la gestion du poids, mais ne convient pas à tous les patients.

Photo : Radio-Canada

Elle insiste toutefois pour dire que la médication n’est qu’un outil parmi tant d’autres pour la gestion du poids et que son utilisation doit faire l’objet d’un suivi et d’un accompagnement appropriés.

L'obésité est une situation complexe et elle se gère en équipe multidisciplinaire. Donc, c'est important que la population soit bien accompagnée avec les professionnels adéquats en cas d'utilisation de l'Ozempic. C'est important de ne pas prescrire l'Ozempic à tout le monde comme s'il en pleuvait, met en garde Joëlle Emond.

Traitements moins invasifs

La présidente de l'Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec voit d’un bon œil la découverte faite par l’équipe de recherche de l’Université Laval.

Elle croit qu’une meilleure compréhension de l’effet coupe-faim du sémaglutidde pourrait éventuellement mener au remplacement de la chirurgie bariatrique par une molécule qui serait beaucoup moins invasive.

Avec la collaboration de Philippe L’Heureux

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