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Geneviève Biron nommée à la tête de Santé Québec

Christian Dubé et Geneviève Biron en point de presse.

Le ministre Christian Dubé nomme Geneviève Biron, ex-PDG de Biron Groupe Santé, à la tête de Santé Québec.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Le ministre Christian Dubé nomme la gestionnaire Geneviève Biron, ex-PDG de Biron Groupe Santé, à la tête de Santé Québec, la nouvelle agence qui chapeautera l’ensemble des activités du réseau de la santé.

Nommé par Mme Biron, Frédéric Abergel, l'actuel PDG du CHUM, assumera quant à lui les fonctions de vice-président exécutif aux opérations et à la transformation au sein de Santé Québec.

Geneviève Biron, qui cumule 30 ans d'expérience dans les services de santé privés, affirme qu'elle mettra à profit sa connaissance du service à la clientèle acquise au sein d'entreprises où l'excellence opérationnelle est au cœur des motivations. C'est avec ce regard-là que je souhaite qu'on puisse arriver avec des idées innovantes, a-t-elle expliqué en conférence de presse, lundi.

J’ai l’ambition d’offrir aux Québécois le système de santé qui leur est dû.

Une citation de Geneviève Biron, PDG de Santé Québec

D'entrée de jeu, Mme Biron promet qu'elle fera de l'accessibilité aux soins et aux services sa priorité en bâtissant sur ce qui fonctionne déjà, mais aussi en s'appuyant sur les nouveaux moyens technologiques qui sont disponibles.

Au cours de ma carrière, j’ai accumulé de l’expérience en gouvernance, en gestion des opérations, en transformation numérique, en gestion du changement, en stratégie et en conformité tout le temps en priorisant l’engagement des équipes, a-t-elle rappelé lors de son discours de présentation.

Christian Dubé, au centre, entouré de Geneviève Biron, à gauche, et de Frédéric Abergel, à droite, lors d'un point de presse.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, annonce les nominations de Geneviève Biron, à gauche, dirigeante de Santé Québec, et de Frédéric Abergel, chef des opérations.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Un « mur de Chine » contre les conflits d'intérêts potentiels

Geneviève Biron a occupé pendant sept ans le poste de présidente et cheffe de la direction de Biron Groupe Santé. L'entreprise, au sein de laquelle elle a oeuvré pendant 25 ans, est aujourd’hui l’un des meneurs au Québec en matière de services de diagnostics médicaux. Elle s’est aussi illustrée en mettant sur pied le réseau de cliniques d’imagerie médicale Imagix.

Elle a quitté Biron Groupe Santé en 2021 et n’y détient plus d’intérêts, assure par ailleurs le ministère de la Santé dans un communiqué.

Madame Biron se dégagera des décisions dans ses investissements qui pourraient toucher le secteur de la santé au Québec, précise le communiqué. Par ailleurs, elle mettra en place un écran déontologique, communément appelé "mur de Chine", entre elle et les membres de sa famille. Cet écran prévoit qu'aucun échange ne soit possible relativement à tout dossier lié au domaine de la santé dans lequel sa famille ou son mari pourrait être impliqué sur le plan professionnel et qui pourrait avoir un lien avec Santé Québec ou les institutions ou organismes que Santé Québec chapeaute.

Durant le processus de nomination, j'ai été très transparente et ils m’ont posé beaucoup de questions pour essayer de comprendre ce que j’avais fait dans le passé et où je me situe aujourd’hui, a répondu Geneviève Biron à une question à ce sujet, lundi.

Elle a expliqué que la structure qui sera mise en place permettra de mettre la distance qu’il faut pour gérer adéquatement, soulignant elle-même que son mari, l'avocat en droit de la santé Sylvain Poirier, a des contrats avec certains établissements, tandis que sa sœur, Caroline Biron, est présidente et cheffe de la direction de Biron Groupe Santé, entreprise fondée par leur père, Denis Biron.

C'est un peu comme quand un député fait sa déclaration de biens devant la commissaire à l’éthique, a ajouté le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui a rappelé que le conseil d'administration de Santé Québec a le mandat de s'assurer du respect des règles éthiques. On lui donne quelques mois pour mettre tout ça en place.

Geneviève Biron était jusqu’à tout récemment présidente de Propulia Capital, qui participe à l’essor d’entreprises en phase d’amorçage et de croissance.

Le premier mandat de la nouvelle PDG sera d'une durée de trois ans.

Si Mme Biron affiche une solide expérience dans le secteur privé, Frédéric Abergel, lui, est un habitué des hautes sphères du réseau public de santé, où il a été PDG du CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal avant d’accéder, en février 2023, au poste de PDG du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Mme Biron et M. Abergel, c'est le duo complémentaire de gestionnaires dont les Québécois ont besoin.

Une citation de Christian Dubé, ministre de la Santé du Québec

Prudence et inquiétudes

En entrevue à Zone économie, Nadia Girard, docteure en administration et professeure au Département d’organisation et de ressources humaines de l’ESG UQAM, s'est montrée prudente quant à la nomination de Geneviève Biron.

Au niveau de la taille, [...] son entreprise Biron [est] une entreprise beaucoup plus petite, qui se compare à de petites directions, même dans les établissements du réseau de la santé actuellement. C’est quand même un élément sur lequel elle devra travailler sur le plan de la crédibilité.

Ainsi, Nadia Girard s'est dite rassurée d’une certaine façon que le fameux top gun annoncé depuis des mois par le ministre Dubé vienne d’une entreprise de plus petite taille, ce qui lui évite d’arriver avec de gros sabots.

Peut-être que ça lui donnera l’humilité d’être à l’écoute.

Une citation de Nadia Girard, docteure en administration et professeure au Département d’organisation et de ressources humaines de l’ESG UQAM

Nadia Girard reconnaît les compétences de la nouvelle présidente, mais espère que cette dernière ne fera pas de copier-coller entre son expérience actuelle et la complexité du réseau, estimant qu’il y a une différence entre la trajectoire d’un tube sanguin et la trajectoire d’un enfant en difficulté qui traverse les centres jeunesse.

Nadia Girard souriante dans une salle.

Nadia Girard a été gestionnaire pendant 15 ans dans le réseau de la santé. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Certains syndicats ont prudemment salué la nomination de Geneviève Biron, partageant leur désir de collaborer avec elle à l'avenir et leur espoir de mettre en place à ses côtés un service adéquat à la population.

De nombreux syndicats ont toutefois partagé leur inquiétude, voire leur mécontentement, face à la nouvelle top gun. À l'origine, ils avaient marqué leur opposition à la réforme annoncée par le ministre Christian Dubé.

Ces organisations syndicales voient en la nomination d'une personne issue du secteur privé une menace pour le système de santé public et son universalité.

Incroyable ! En nommant une entrepreneure à la tête de Santé Québec, la CAQ confie ouvertement notre réseau public aux loups du privé. En plus, on apprend que certains des proches de Geneviève Biron ont des contrats avec le réseau public et le ministre cautionne cette situation, juge le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Réjean Leclerc.

Il est maintenant clair que le virage déjà amorcé par le gouvernement vers une plus grande présence du privé dans le réseau sera non seulement perpétué, mais accéléré, estime pour sa part le président de la Fédération des professionnels-CSN, Danny Roy.

Nous espérons que Mme Geneviève Biron, la nouvelle PCD de l'agence Santé Québec, comprendra le poids immense qui repose sur ses épaules, car ce n'est pas une énième réforme de la structure du réseau qui va le rendre plus efficace : le ministre peut secouer les colonnes du temple autant qu'il le veut, si les professionnelles en soins quittent pour le privé à cause des horribles conditions de travail, ça ne donnera rien, affirme quant à elle la présidente de la FIQ, Julie Bouchard.

Plan rapproché de Julie Bouchard.

Julie Bouchard, présidente de la FIQ (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Malgré ses propres appréhensions, la professeure Nadia Girard ne partage pas l’inquiétude manifestée lundi par de nombreux syndicats à la suite de l’annonce de la nomination.

Selon elle, les craintes suscitées par une vision trop axée sur la performance doivent être apaisées par le fait que cette approche a déjà atteint ses limites au cours de la dernière décennie.

Il y a certaines limites à ce qu’on peut adapter et il y a déjà beaucoup de travaux d’optimisation qui ont été faits.

Une citation de Nadia Girard, docteure en administration et professeure au Département d’organisation et de ressources humaines de l’ESG UQAM

De surcroît, Nadia Girard est rassurée par le fait que Frédéric Abergel est nommé comme bras droit de la présidente.

C’est une personne qui a beaucoup d’expérience dans le réseau, il a une très bonne connaissance, notamment de toute la réalité montréalaise, ce qui me semble être un atout vraiment significatif à ne pas négliger.

Un paquebot nommé Santé Québec

Créée dans le cadre du projet de loi 15, adopté sous bâillon en décembre dernier, l’agence gouvernementale Santé Québec aura pour mandat de gérer et de coordonner les opérations quotidiennes de l'ensemble du réseau de la santé québécois.

Cette superagence, qui relèvera directement du ministre de la Santé, sera dirigée par un conseil d’administration de 15 membres, avec à sa tête Geneviève Biron.

Il aura pour mission d’opérer un changement de culture dans le réseau de la santé pour le rendre plus efficace. Un défi de taille, quand on sait que le réseau à lui seul compte plus de 300 000 travailleurs répartis dans des centaines d'établissements et de bureaux.

Pour mener à bien cette colossale mission, le ministre Christian Dubé voulait recruter parmi les meilleurs administrateurs et, pour ce faire, il était prêt à y mettre le prix.

La sélection de ce top gun de l’administration publique avait d’ailleurs fait beaucoup parler en janvier dernier lorsqu’on a appris que Québec lui offrirait un salaire de 652 050 $ par an. C'est deux fois plus que ce que gagne le premier ministre François Legault.

Selon les chiffres publiés dans la Gazette officielle, la PDG touchera un salaire de base de 567 000 $ auquel s’ajoutera une rémunération additionnelle de 15 % pour chacune des deux premières années de son mandat en plus de diverses primes, ce qui devrait faire passer son salaire annuel à 652 050 $ en 2024-2025 et en 2025-2026.

La transition des effectifs du ministère de la Santé et des Services sociaux sous l’égide de Santé Québec doit être complétée au cours des prochains mois. Tous les établissements du réseau de la santé doivent être intégrés à la nouvelle agence d’ici la fin de l’automne, prévoit le gouvernement du Québec.

Si on veut obtenir des résultats différents, on doit réfléchir et agir différemment.

Une citation de Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec

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