Recourir aux connaissances autochtones pour combattre les feux de forêt
Des agents de la GRC aident à lutter contre un incendie de forêt. (Photo d'archives)
Photo : Gracieuseté: Gendarmerie royale du Canada
En Saskatchewan, certaines communautés se préparent à la saison des feux de forêt de 2024. Des experts interrogés par CBC pensent que le savoir-faire autochtone, associé à la bonne volonté des humains, peut permettre d’éviter ces catastrophes.
Renee Carrier, éducatrice et piégeuse d'animaux à fourrure dans le delta de la rivière Saskatchewan, dans le nord de la province, participe aux projets We Are Fire
et Muskrats to Moose
.
Tous les deux utilisent des pratiques autochtones en matière de lutte contre les incendies et les combinent avec des stratégies occidentales de gestion des incendies.
Le delta de la rivière Saskatchewan facilite ces pratiques, étant le septième des plus grands deltas intérieurs du monde et comptant une grande variété de plantes, d'animaux et d'oiseaux.
Le projet "We Are Fire" est né de nos pratiques culturelles qui ont cours depuis des centaines d'années sur ce territoire
, explique Renee Carrier.
Selon elle, cette pratique consiste à brûler stratégiquement les bords des lacs et des ruisseaux.
À une certaine période de l'année, c'est vraiment bien, car cela élimine certains types d'espèces végétales et fait pousser d’autres, plus favorables
, explique-t-elle.
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Renee Carrier explique qu'on a dû mettre fin à ces brûlages intentionnels à la fin des années 1980 en raison d'un changement de politique.
Depuis 10 ans, l'équipe travaille à rétablir ce qu'elle appelle le bon feu
pour la région.
Les feux sont allumés à des saisons appropriées, lorsqu'il y a de la glace sur le lac et de la neige dans la forêt, afin que le feu ne puisse pas se propager.
L'équipe recueille des espèces végétales et les évalue chaque année afin de fournir des données aux scientifiques.
Cela ne s'applique peut-être pas à d'autres régions de la province ou du Canada, mais, ici, nous sommes un territoire aquatique. Pour nous, brûler, se débarrasser de ces espèces végétales fait partie de nos moyens de subsistance et de nos pratiques culturelles
, poursuit Renee Carrier.
Elle ajoute que l'objectif est de faire revivre des espèces végétales telles que le flocon doux et le saule rouge, que les animaux aiment manger et qui sont également utiles pour les humains.
L'année dernière a été l'une des plus intenses saisons de feux de forêts jamais enregistrées en matière d'incendies de forêt en Saskatchewan.
Photo : Gracieuseté: Corey Hardcastle/Government of Saskatchewan
L'implication humaine est un vecteur important de lutte contre les feux de forêt, comme l'explique le directeur de programme forestier au Grand conseil de Prince Albert, Cliff Buettner. Ce dernier s'occupe des incendies de forêt en Saskatchewan depuis plus de 40 ans.
L'homme qui a été à l'origine de nombreux incendies doit savoir à quelle vitesse les choses peuvent devenir incontrôlables.
Selon lui, trois éléments sont nécessaires pour qu'un feu démarre : le combustible, l'air et la source.
Nous avons le combustible, l'herbe sèche, les branches sèches, les brindilles qui jonchent le sol. Nous avons des arbres. Nous avons l'air. Mais nous avons besoin d’une source pour déclencher le processus
, dit-il.
Cette source
peut être, par exemple, une braise de feu de camp, une étincelle sur une voie ferrée, la foudre ou le pot d'échappement d'un véhicule tout-terrain.
Cliff Buettner précise que les actes dépendant des humains peuvent être contrôlés afin d'éviter des incendies.
L'année dernière, la province a connu l'une des saisons de feux de forêt les plus intenses jamais enregistrées en matière d'incendies de forêt.
La province a dénombré 494 incendies et 1,9 million d'hectares de terres ont brûlé, soit environ cinq fois la superficie du parc national de Prince Albert.
Avec les informations de Aishwarya Dudha
